Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 04 Juin 2020
Maintenant que Rin a pu trouver une jolie porte de sortie, que Yashiro a pu retrouver son corps originel de garçon, et que lui et Kenta se sont avoué clairement leur amour, les deux adolescents commencent enfin à sortir ensemble, tout simplement heureux... quand bien même ils ne voient plus le Dieu et Ukon qui continuent de les observer avec bienveillance, et ils doivent désormais faire face à une autre interrogation: révéler ou non leur relation à leur entourage. Et si Yashiro, qui a décidément bien changé et a pris confiance en lui, avoue purement et simplement son bonheur amoureux à ses camarades de classe, la situation risque d'être un peu différente sur le plan familial... Au bout du compte, comment s'achèvera l'histoire de tous ces personnages, et quelles ultimes révélations certains d'entre eux ont-ils encore à faire ?
Après nous avoir offert 4 premiers volumes globalement très plaisants dans leur part de fantastique et dans leur sujet amoureux efficacement abordé avec modernité, Ayumi Komura achève sa série avec ce cinquième volume où ses deux héros sont désormais en couple et doivent se confronter à d'ultimes petits problèmes... mais pas uniquement eux. La première question qui se pose pour eux est de cacher ou non leur relation au lycée, et sur ce plan-là c'est donc Yashiro qui prend les devants, lui qui n'aurait jamais osé faire ça au tout début de la série tant il était rongé par le mal-être. Son choix est une belle preuve de son épanouissement, de son bonheur, et la réaction des autres élèves face à lui n'apparaît alors que plus belle et touchante, et n'aurait sans doute rien à envier aux shôjo du label "feel good" d'Akata.
Mais sur le plan de l'acceptation de l'amour des deux garçons par leur entourage, les choses prennent peut-être une tournure encore plus belle, dès lors qu'ils se voient obligés (plus vite qu'ils ne l'auraient cru, au vu de la situation... hem... "embêtante" dans laquelle ils se retrouvent) de se confronter à la réaction de leur mère respective. Et si l'une, la mère de Yashiro, a une réaction on ne peut plus bénéfique en affirmant que l'essentiel est que son fils soit heureux et qu'il puisse vivre sa vie comme il l'entend, l'autre, la maman de Kenta, a une réaction déstabilisée beaucoup plus surprenante... Est-ce là le choc d'apprendre que son fils aime un autre garçon, qui plus est son ami d'enfance Yashiro, qu'elle-même a toujours connu ? La réponse sera tout autre, et tout en déjouant donc les pronostics sur ce plan-là, Komura en profite à merveille pour développer un peu plus le lien fort existant depuis toujours entre les deux garçons et leurs mères, ainsi que l'affection que chacune de ces deux vieilles amies a toujours eue pour l'enfant de l'autre, et surtout la vérité qui se cache derrière une étonnante douleur passée de la mère de Kenta... Le résultat est bourré de bienveillance et d'ondes positives, et fait un bien fou sous la plume directe et fluide de la mangaka. Mais surtout, à travers l'amour déçu et inavoué de la mère de Kenta dans son passé, Komura prépare également très bien le terrain pour une idée qui animera en grande partie la dernière ligne droite de la série: à quel point les moeurs et idées peuvent changer avec le temps. Et cette idée, dans la dernière phase du récit, elle s'incarne essentiellement à travers un personnage en particulier, dont l'heure est enfin venue de découvrir le parcours.
Le Dieu. Celui par qui tout a commencé, sera le personnage le plus en vue de cette fin, et ce n'est donc pas pour rien qu'il s'affiche sur la jaquette. Tandis que lui et Ukon observent, désormais invisibles, la relation et le bonheur naissants de Yashiro et de Kenta, l'émoi gagne l'entité divine si bien qu'il finit par dévoiler son passé à sa petite protégée. Un passé vieux de plusieurs siècles, et qui, vite et bien, avec une limpidité simple et exemplaire, vient tout expliquer: quelle fut sa vie triste au fil du temps, quel était son plus grand rêve, pourquoi il a accordé tant d'attention au cas de Yashiro, la vraie nature de son lien avec celui-ci... Tout ceci arrive au bon moment pour cristalliser tout ce qui a eu lieu dans la série, que ce soit la vraie raison derrière le changement de sexe de Yashiro, l'épanouissement que notre héros a trouvé dans cette aventure... ou, surtout, toutes les questions progressistes autour de l'acceptation de l'amour homosexuel, que l'autrice a pu distiller à des fins de divertissement au fil de son récit avant de leur accorder encore plus d'importance dans ce tome.
"Les temps ont changé. Ainsi, l'impossible est devenu possible, chacun est libre d'être qui il veut. Les voeux inexaucés peuvent devenir réalité."
On referme alors ensuite cette histoire avec des ultimes pointes d'émotion: grâce à l'avenir sur plusieurs années qui s'ouvre pour Yashiro et Kenta, au sort du Dieu à présent que son plus grand rêve est accompli, à la relation de ce dernier avec sa petite protégée Ukon qui est plus touchante que jamais, au rôle nouveau que la "fennec" est amenée à occuper... Ayumi Komura n'oublie rien de ses personnages et de leur devenir, rien des émotions suscitées par leur parcours, rien de ses sujets de société qu'elle choisit de présenter avec un infini positivisme par le prisme d'un monde qui évolue (même si le chemin est encore trèèèès long)... et la conclusion de Bless You, alliant à merveille divertissement et propos moderne, apparaît alors aussi belle qu'intelligente et complète, en nous laissant sur une totale satisfaction, le tout en seulement 110 pages environ.
110 pages ? Eh bien oui, puisqu'il n'en faut pas plus à Bless You pour s'achever impeccablement. Le reste du tome est alors occupé par deux récits.
Premièrement, une histoire courte de 44 pages, offrant une histoire d'amour entre 2 lycéennes différentes, l'une ayant été amenée à détester les filles à cause de son passé, et l'autre souffrant de l'image de "prince idéal" que ses camarades de classe féminines lui donnent. Komura y brille non seulement pour l'aspect attachant de ces deux filles et par la fluidité de sa narration, mais aussi pour sa manière d'exploiter à aussi différents sujets de société, comme les brimades par jalousie ou par rumeurs, ou l'apparence que l'on renvoie. Chose amusante: même si cette histoire n'a aucun lien avec Bless You, on ne peut s'empêcher d'y voir certains détails similaires : l'allure des deux lycéennes rappelant un peu celle des mères de Yashiro et de Kenta, la petite dent pointue de l'une d'elles qui est comme celle de Kenta...
Deuxièmement, une toute petite histoire bonus de 6 pages, qui, elle, a bien un lien avec Bless You, étant donné qu'elle nous présente un petit moment de la vie d'Ukon peu de temps après qu'elle a été recueillie par le Dieu.
Enfin, n'oublions par la postface de quelques pages de Komura, véritablement intéressante et progressiste pour sa vision des choses.
Après nous avoir offert 4 premiers volumes globalement très plaisants dans leur part de fantastique et dans leur sujet amoureux efficacement abordé avec modernité, Ayumi Komura achève sa série avec ce cinquième volume où ses deux héros sont désormais en couple et doivent se confronter à d'ultimes petits problèmes... mais pas uniquement eux. La première question qui se pose pour eux est de cacher ou non leur relation au lycée, et sur ce plan-là c'est donc Yashiro qui prend les devants, lui qui n'aurait jamais osé faire ça au tout début de la série tant il était rongé par le mal-être. Son choix est une belle preuve de son épanouissement, de son bonheur, et la réaction des autres élèves face à lui n'apparaît alors que plus belle et touchante, et n'aurait sans doute rien à envier aux shôjo du label "feel good" d'Akata.
Mais sur le plan de l'acceptation de l'amour des deux garçons par leur entourage, les choses prennent peut-être une tournure encore plus belle, dès lors qu'ils se voient obligés (plus vite qu'ils ne l'auraient cru, au vu de la situation... hem... "embêtante" dans laquelle ils se retrouvent) de se confronter à la réaction de leur mère respective. Et si l'une, la mère de Yashiro, a une réaction on ne peut plus bénéfique en affirmant que l'essentiel est que son fils soit heureux et qu'il puisse vivre sa vie comme il l'entend, l'autre, la maman de Kenta, a une réaction déstabilisée beaucoup plus surprenante... Est-ce là le choc d'apprendre que son fils aime un autre garçon, qui plus est son ami d'enfance Yashiro, qu'elle-même a toujours connu ? La réponse sera tout autre, et tout en déjouant donc les pronostics sur ce plan-là, Komura en profite à merveille pour développer un peu plus le lien fort existant depuis toujours entre les deux garçons et leurs mères, ainsi que l'affection que chacune de ces deux vieilles amies a toujours eue pour l'enfant de l'autre, et surtout la vérité qui se cache derrière une étonnante douleur passée de la mère de Kenta... Le résultat est bourré de bienveillance et d'ondes positives, et fait un bien fou sous la plume directe et fluide de la mangaka. Mais surtout, à travers l'amour déçu et inavoué de la mère de Kenta dans son passé, Komura prépare également très bien le terrain pour une idée qui animera en grande partie la dernière ligne droite de la série: à quel point les moeurs et idées peuvent changer avec le temps. Et cette idée, dans la dernière phase du récit, elle s'incarne essentiellement à travers un personnage en particulier, dont l'heure est enfin venue de découvrir le parcours.
Le Dieu. Celui par qui tout a commencé, sera le personnage le plus en vue de cette fin, et ce n'est donc pas pour rien qu'il s'affiche sur la jaquette. Tandis que lui et Ukon observent, désormais invisibles, la relation et le bonheur naissants de Yashiro et de Kenta, l'émoi gagne l'entité divine si bien qu'il finit par dévoiler son passé à sa petite protégée. Un passé vieux de plusieurs siècles, et qui, vite et bien, avec une limpidité simple et exemplaire, vient tout expliquer: quelle fut sa vie triste au fil du temps, quel était son plus grand rêve, pourquoi il a accordé tant d'attention au cas de Yashiro, la vraie nature de son lien avec celui-ci... Tout ceci arrive au bon moment pour cristalliser tout ce qui a eu lieu dans la série, que ce soit la vraie raison derrière le changement de sexe de Yashiro, l'épanouissement que notre héros a trouvé dans cette aventure... ou, surtout, toutes les questions progressistes autour de l'acceptation de l'amour homosexuel, que l'autrice a pu distiller à des fins de divertissement au fil de son récit avant de leur accorder encore plus d'importance dans ce tome.
"Les temps ont changé. Ainsi, l'impossible est devenu possible, chacun est libre d'être qui il veut. Les voeux inexaucés peuvent devenir réalité."
On referme alors ensuite cette histoire avec des ultimes pointes d'émotion: grâce à l'avenir sur plusieurs années qui s'ouvre pour Yashiro et Kenta, au sort du Dieu à présent que son plus grand rêve est accompli, à la relation de ce dernier avec sa petite protégée Ukon qui est plus touchante que jamais, au rôle nouveau que la "fennec" est amenée à occuper... Ayumi Komura n'oublie rien de ses personnages et de leur devenir, rien des émotions suscitées par leur parcours, rien de ses sujets de société qu'elle choisit de présenter avec un infini positivisme par le prisme d'un monde qui évolue (même si le chemin est encore trèèèès long)... et la conclusion de Bless You, alliant à merveille divertissement et propos moderne, apparaît alors aussi belle qu'intelligente et complète, en nous laissant sur une totale satisfaction, le tout en seulement 110 pages environ.
110 pages ? Eh bien oui, puisqu'il n'en faut pas plus à Bless You pour s'achever impeccablement. Le reste du tome est alors occupé par deux récits.
Premièrement, une histoire courte de 44 pages, offrant une histoire d'amour entre 2 lycéennes différentes, l'une ayant été amenée à détester les filles à cause de son passé, et l'autre souffrant de l'image de "prince idéal" que ses camarades de classe féminines lui donnent. Komura y brille non seulement pour l'aspect attachant de ces deux filles et par la fluidité de sa narration, mais aussi pour sa manière d'exploiter à aussi différents sujets de société, comme les brimades par jalousie ou par rumeurs, ou l'apparence que l'on renvoie. Chose amusante: même si cette histoire n'a aucun lien avec Bless You, on ne peut s'empêcher d'y voir certains détails similaires : l'allure des deux lycéennes rappelant un peu celle des mères de Yashiro et de Kenta, la petite dent pointue de l'une d'elles qui est comme celle de Kenta...
Deuxièmement, une toute petite histoire bonus de 6 pages, qui, elle, a bien un lien avec Bless You, étant donné qu'elle nous présente un petit moment de la vie d'Ukon peu de temps après qu'elle a été recueillie par le Dieu.
Enfin, n'oublions par la postface de quelques pages de Komura, véritablement intéressante et progressiste pour sa vision des choses.