Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 13 Août 2021

A l'heure où Rihito doit se concentrer sur ses études, Kusakabe, malgré la séparation, a proposé à ce dernier de veiller sur sa mère à sa place. Ainsi, tout en recevant enfin quelques opportunités dans son rêve musical, Kusakabe a l'occasion de partager beaucoup de choses avec la maman de celui qu'il aime, ce qui aura une importance cruciale dans la relation entre nos deux héros pour qu'il repartent de l'avant...

Tandis qu'on sent forcément venir le drame futur de la disparition maternelle, Asumiko Nakamura véhicule beaucoup de choses dans une atmosphère vraiment unique. Il y a notamment le focus sur une relation mère-fils compliquée, entre l'incapacité qu'a Rihito depuis toujours à oser "sortir" auprès de sa mère, et une mère qui a bien senti un mur se dresser entre elle et son fils, quand bien même tous deux s'aimaient...

Mais c'est également l'occasion pour Kumi de beaucoup se confier à Kusakabe: ce qu'elle pensait au départ de ce garçon sortant avec son fils, sa prise de conscience qu'elle se trompait et que Kusakabe a littéralement apporté beaucoup à son enfant, son bonheur de les voir tous les deux ensemble tant ils semblent heureux dans leur amour... Asumiko Nakamura nous offre alors non seulement des idées justes sur l'importance de communiquer et d'oser dire les choses (y compris avouer son homosexualité en espérant qu'elle soit acceptée, plutôt que de se replier), mais aussi un déluge d'émotions qui n'en font jamais trop tant elles sont bien équilibrées. De quoi nous amener, alors, vers l'inévitable drame qui sera un basculement profond dans le récit. Un drame faisant prendre conscience à nos héros de bien des choses, tout en les confrontant à une ultime épreuve: le père de Rihiro, ce paternel si souvent absent au point que son enfant le considérerait presque comme un étranger, et qui a une réaction particulièrement violente en découvrant que son fils sort avec un homme. Les aveux au père obtus cristallisent un peu toute l'évolution de nos deux héros: le besoin de Rihito de ne pas faire la même erreur qu'avec sa mère, son avancée qui se ressent bien dans la manière dont il s'oppose violemment à ce paternel... Tout simplement, l'affirmation haut et fort de la vie qu'il veut avoir avec Kusakabe.

Puis arrive la dernière ligne droite, magnifique. Au gré des épreuves, tout en se frottant aux aléas et aux réalités d'une vie adulte et homosexuelle qu'ils commencent tout juste à expérimenter au sein d'une société japonaise n'ayant rien facilité, Rihito et Kusakabe tâchent de faire face et de trouver leur bonheur, ce qui passe par un point culminant, celui lié à la promesse qu'ils se sont faite autrefois, aux anneau qu'ils s'étaient symboliquement échangés... On n'en dira pas plus, mais on peut affirmer que cette dernière ligne droite est superbe, aboutie, tant elle cristallise bien le bonheur que nos deux héros veulent bâtir ensemble, le tout dans une atmosphère qui se fait plus positive, plus rassurante, plus humaine, y compris en n'oubliant pas le père de Rihito.

Et comme toujours, la mangaka accompagne le tout dans une narration impeccable, et dans un style visuel ravissant, avec une mention particulière pour les traits fins, pour l'aspect épuré de nombreuses planches très blanches qui collent vraiment bien à l'atmosphère voulue, pour un paquet de découpages et de cadrages magnifiques.

Nous y voici donc: après de nombreuses années à poursuivre l'histoire de Rihito et de Kusakabe, Asumiko Nakamura, comme elle le confirme elle-même dans sa postface, y met un terme, et la conclusion ne pouvait pas être plus belle et intelligente. Notons toutefois que nous n'avons peut-être, en réalité, pas encore fini d'entendre parler de ces personnages puisque Nakamura a entrepris, dès 2018 (donc parallèlement à blanc) de proposer quelques échantillons de vie de Rihito et Kusakabe après le début de leur vie ensemble. D'abord très sporadique, cette partie nommée "Futari Gurashi" a fait une apparition en 2018 dans le magazine Web Zoukan Opera, a ensuite disparu avant de refaire son apparition en petites scénettes de 4 pages couleurs sur Pixiv en 2019, puis a finalement repris sous forme de véritable série en décembre 2020 dans le magazine Opera.

Enfin, soulignons la qualité de l'édition, que ce soit pour le papier, l'impression, la première page en couleur dans chacun des deux tomes, la traduction soignée de Delphine Desusclade, ou le superbe rendu épuré des jaquettes des deux tomes qui, mises côté à côté, forment une seule illustration.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction