Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 20 Décembre 2024

Depuis son lancement en 1999, la licence Beyblade a, derrière son concept tout bête et à première vue pas du tout passionnant à base de duels de toupies, su s'imposer sur le long terme, au point de toujours faire l'actualité de nos jours et de s'être déclinée sur plusieurs supports, que ce soit en manga, en anime, en jeux vidéo... sans oublier tout le merchandising puisque, inévitablement, un concept de ce genre a donné naissance un paquet de toupies et autres produits dérivés plus ou moins qualitatifs. Sur Manga-news, on doit bien avouer que cette licence jeunesse nous est quasiment toujours passée au-dessus, et qu'on n'a habituellement pas grand chose à dire à son sujet. Mais dans le cas du manga Beyblade X, lancé en France par Crunchyroll fin octobre, deux noms parmi les trois auteurs nous ont suffisamment interpelés pour nous donner envie de laisser une chance à la série. Tout d'abord, celui de Homura Kawamoto en créateur original, le bonhomme s'étant fait une solide réputation avec Gambling School, dont les jeux proposent généralement un bel art du suspense et du rebondissement. Et surtout, celui de Posuka Demizu au dessin, le mangaka étant internationalement connu pour la partie visuelle du grand succès The Promised Neverland mais aussi pour le bijou Miroirs et pour des artbooks ayant encore confirmé tout son talent d'illustrateur.

Lancé en 2023 au Japon dans le magazine pour enfants Gekkan Coro Coro Comic des éditions Shôgakukan, le manga Beyblade X est basé sur le dessin animé éponyme, qui a lui aussi été lancé en 2023, et qui lance la quatrième saga dans la licence après Beyblade (1999-2004), Beyblade: Metal (2008-2012) et Beyblade Burst (2015-2023). Ici, tout démarre par la vision d'une victoire: celle de Khrome Ryugu de la Team Pendragon tout en haut de la X, lui permettant de devenir le nouveau numéro 1 mondial parmi les joueurs professionnels de beyblade. Un mois plus tard, on retrouve Robin Kazami, un blader amateur qui rêve de marcher sur ses pas, si bien que cela fait un mois qu'il s'entraîne de manière acharnée pour participer au championnat amateur, première étape vers son désir de passer pro. Seulement, une joueur qui ne s'entraîne ardemment que depuis quelques semaines a-t-il vraiment une chance contre des gens qui, pour certains, s'entraînent depuis des années pour devenir professionnels ? La réponse qui se dessiner semble très cruelle pour notre héros... à moins que le destin ne place sur sa route de futurs coéquipiers aussi impensables qu'extrêmement talentueux.

On va casser tout suspense immédiatement: pour le moment, dans son déroulement on ne peut plus convenu et prévisible à base de premières étapes téléphonées et classiques (présentation du personnage principal, installation de ses deux futurs partenaire hors du commun, étapes du tournoi pour passer pro et de la recherche de sponsor...), Beyblade X ne surprend aucunement... et ce n'est sans doute pas gênant, dans la mesure où la série s'adresse principalement à un public jeune voire très jeune et ne connaissant alors pas forcément encore ce type de ficelles archi-vues. L'oeuvre, pour le moment, ne brille pas non plus pour ses fameux combats de toupies: non seulement ils sont à chaque fois très vite expédiés (en même temps, ce sont des duels de toupies, quoi...), mais en plus l'aspect tactique que les auteurs tentent d'y insuffler repose sur trois fois rien: un système basé sur trois types attaque-endurance-défense où chacun a une force et une faiblesse vis-à-vis des deux autres types (un peu dans l'esprit des starters plante-feu-eau dans Pokémon), le problème étant que ce très maigre élément stratégique ne se ressent pas spécialement lors des duels.

Et pourtant, si l'on fait fi de cette recette très maigrichonne et de ce déroulement dépourvu de la moindre petite bribe d'originalité, on doit bien dire que ce premier tome se lit sans déplaisir, essentiellement grâce à deux choses. Tout d'abord, le travail visuel et narratif de Posuka Demizu, bien sûr: on retrouve ici toute la science du mouvement et des angles de vue du mangaka, ainsi qu'un réel talent pour se réapproprier avec beaucoup d'expressivité les designs bien spécifiques du dessin animé, le tout étant alors bien vivant et toujours rythmé. Ensuite, l'efficacité de personnages déjà hauts en couleurs, que ce soit Robin qui a pour lui la passion et la volonté (et de la chance, au vu de la façon dont le destin a placé deux cracks à ses côtés), Blader X dont le côté mystérieux est vite levé et qui séduit par son authentique désir de s'amuser, ou encore Multi Nan-Iro qui charme sans difficulté avec son caractère ainsi que ses multiples tenues et personnalités. Ils ont juste ce qu'il faut d'extravagance pour dénoter et pour être truculents, si bien qu'il est facile d'avoir envie de voir jusqu'où leur parcours commun les mènera.

Aucune raison de cracher, alors, sur ce début de série qui affiche un certain capital-sympathie (ce qui n'était vraiment pas gagné dans le cas de votre serviteur, qui n'a jamais compris comment un truc à base de duels de toupies très peu stratégique peut fonctionner depuis 25 ans). Il ne fait quasiment aucun doute que les fans de la licence Beyblade y trouveront leur compte. Quant aux autres, ils pourraient éventuellement se laisser avoir par les qualités évoquées précédemment.

Enfin, côté édition, la copie proposée par Crunchyroll est propre, avec une traduction prenante et limpide de Julien Pouly, un lettrage très soigné du Studio Charon, une jaquette reprenant très fidèlement l'originale nippone, un papier à la fois souple et opaque, une qualité d'impression très honnête, et la présence de pas moins de 16 premières pages en couleurs sur papier glacé.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction