Beast Complex Vol.2 - Actualité manga

Beast Complex Vol.2 : Critiques

Beast Complex

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Novembre 2022

Chronique 2 :


A l'image de La Fontaine, Paru Itagaki nous revient avec six nouveaux contes mettant en scène des animaux au sein de son univers riche et codifié, mais dont nous découvrons encore quelques codes et / ou éléments de compréhension qui ne nous ont pas été donné dans la série principale.

Suite à un premier opus séduisant et collant parfaitement à l’œuvre originale, bien que ne mettant en scène aucun de ses personnages, l'auteure nous revient avec six nouveaux récits, variés mais inégaux, avec cette fois le plaisir de retrouver Legoshi pour le dernier d'entre eux!

On ouvre le bal avec une histoire que n'aurait pas renié La Fontaine mettant en scène un porc et un paon...deux animaux que tout sépare. Et pourtant un lien étrange va naître chez eux! Dans cette histoire, le porc est taxidermiste et empaille donc d'autres animaux (déjà rien que ça est assez étrange)...il va être confronté à un magnifique paon qui le fascine et qui est bien conscient de sa propre beauté. Il se dégage d’emblée un certain malaise de ce récit qui se montre au final assez glauque, et ce malgré une résolution plutôt optimiste et positive. Le paon, afin de préserver éternellement sa beauté va demander au porc de l'empailler avant que la mort (naturelle ou même accidentelle) ne l'emporte... Intéressant mais étonnant et assez malsain. Et ce ton va perdurer quasiment tout au long du volume...

Ensuite une histoire plus légère, d'un chien Chiba adulte qui se laisse allez mais qui se trouve être un modèle connu et adulé en se faisant passer pour une adolescente ingénue. On pourrait y voir un coté dérangeant mais l'humour et la légèreté prédominent et ce jusqu'à la conclusion.

Le troisième récit nous plonge dans un quartier élitiste (pour ne pas dire rasciste) où seuls les animaux au pelage totalement blanc sont acceptés...et une jeune kangourou, en apparence albinos est connue pour des taches noirs au niveau de son entre jambe, et se donne donc à tous les hommes afin de pouvoir rester vivre au sein de ce même quartier!
J'avoue ne pas trop savoir quoi penser de cette histoire qui possède à n'en pas douter un aspect touchant mais qui se montre assez dérangeante également. On ne peut pas s'attacher à ses personnages qui sont plutôt détestables, bien que la moral se veuille là encore positive.

La quatrième histoire met en scène un aigle et une petite souris (plus précisément un pygargue et une gerbille) qui collaborent pour le plus grand bonheur du premier...mais la souris est sur le point de se marier et va laisser l'aigle à son sort...celui ci va alors tout faire pour l’empêcher de se marier. Et même si ce n'est jamais évoqué, au vu du ton global de ce tome, on se demande s'il ne va pas aller jusqu'à la dévorer pour empêcher ce mariage. Ce récit se veut assez anecdotique bien que là encore la conclusion soit assez jolie.

L'avant dernière histoire est là encore assez dérangeante, et oppose un petit rongeur à un ours gigantesque qui se fait passer pour une lapine écrivant des histoires à l'eau de rose... angoisse de se faire dévorer et recherche de la peur dans le regard de l'autre est ce qui va dominer ici, pourtant cela reste le récit le plus intéressant et quelque part celui qui se rapproche le plus du titre originale.

Enfin on retrouve Legoshi et Haru dans un de leur rendez vous malaisant où les deux sont gênés et n'arrivent pas à avancer dans leur relation. Là encore le rapport compliqué entre carni et herbi est au centre du récit et s'avère vraiment intéressant.

On a donc six histoires inégales mais dont l'ensemble se veut intéressant. Sans trame directrice il est clair que ces récits n'ont pas la saveur et encore moins la profondeur d'un "Beastar", mais c'est un prolongement de l’œuvre tout à fait honnête et satisfaisant!



Chronique 1 :


Un peu plus d'un an après le tome 1 de Beast Complex, et trois mois et demi après la conclusion de Beastars, l'univers anthropomorphe passionnant et foisonnant imaginé par Paru Itagaki a enfin fait son retour dans notre pays, toujours chez Ki-oon, avec la publication tant attendue du volume 2 de Beast Complex en septembre. L'attente fut donc longue entre la publication des volumes 1 et 2 de cette succession d'histoires courtes ayant posé les bases de Beastars et se déroulant dans le monde, mais ce délai n'est pas forcément déconnant par rapport à ce qui a été fait au Japon.

Rappelons que Beast Complex fut la première publication professionnelle de Paru Itagaki au Japon. Tandis que Beastars fut lancé en septembre 2016 dans le magazine Shônen Champion des éditions Akita Shoten, Beast Complex a vu le jour quelques mois avant, à partir de mars 2016, en faisant donc réellement office de "coup d'essai" ayant permis à l'autrice de tâtonner son univers et d'en poser les bases. Mais il faut savoir que, sur les 6 histoires courtes composant le volume initial de Beast Complex, seules les 4 premières ont été publiées avant le début de Beastars. Ce n'est que quelques mois plus tard, en 2017, qu'Itagaki conçut les deux dernières histoires, publiées parallèlement à Beastars qui suivait déjà bien son cours. Le tome 1 de Beast Complex est ainsi paru au Japon en février 2018, en même temps que le 7e volume de Beastars. Et si l'on dit "tome 1", c'est bien parce que, par la suite, Beast Complex a donc eu droit à une suite. Parallèlement à Beastars, Paru Itagaki continua effectivement de dessiner quelques histoires courtes de Beast Complex. Puis après la fin de Beastars, elle accentua le rythme et publia plusieurs nouvelles histoires courtes en quelques mois, jusqu'en mars 2021 où elle mit bel et bien un terme à cet univers. Ainsi, des tomes 2 et 3 de Beast Complex sont sortis au Japon coup sur coup, en avril et mai 2021, quelques mois seulement après la conclusion de Beastars. Ki-oon semble avoir voulu suivre la même logique en France en sortant les tomes 2 et 3 de Beast Complex en septembre et en novembre 2022, quelques mois après la fin de la parution française de Beastars.

Pour ce deuxième tome d'environ 150 pages, on a donc droit à une nouvelle salve de 6 histoires courtes, dont les 5 premières mettent en scène les habitants de la résidence Fukuju, sans chronologie spécifique: il faut juste savoir que 4 d'entre elles se déroulent après Beastars, et que celle nommée "Le corbeau et le kangourou" se passe avant. Quant au dernier chapitre, son seul titre "Le loup et la lapine"suffira à faire comprendre de quels personnages il traite, en pouvant presque faire office d'épilogue à Beastars en nous montrant une nouvelle jolie étape de la relation entre Legoshi et Haru, en venant boucler une boucle par rapport à une événement emblématique du tome 1 de Beastars, à vrai dire si emblématique qu'il était le point de départ de toute l'évolution de notre cher loup.

Concernant les 5 premières histoires, autant évoquer, en premier lieu, leur principale limite: chaque récit restant très court en ne durant qu'environ 25 pages, les conclusion sont parfois très ouvertes et expéditives. En revanche, il est toujours aussi impressionnant de voir tout ce que l'autrice, en un nombre limité de pages, parvient encore à évoquer à travers chacune de ces histoires se focalisant sur un binôme carni/herbi différent. Ici, un porc taxidermiste réputé extrêmement laid noue une forme d'amitié étonnante avec un paon reconnu pour sa beauté. Là, un chien shiba vivant toute l'année sur les royalties d'un calendrier pour lequel il pose va devoir, sous l'influence d'un congénère, oser se confronter à l'image totalement erronée qu'il renvoie à ses fans. Puis un pygargue entretenu par une gerbille de Mongolie va devoir accepter le mariage de cette dernière pour pouvoir oser voler de ses propres ailes, une éditrice tamia va découvrir la véritable nature se cachant derrière une "hase" écrivaine pourtant réputée pour ses description des herbi... Et une saveur un peu particulière se dégage sans aucun doute de l'histoire "Le corbeau et le kangourou", qui pose un nouveau concept dans ce vaste univers: celui des "bright", des animaux d'un blanc si immaculé de la tête aux pieds qu'ils sont convoités de toutes parts et sont alors protégés dans un lieu qui leur est réservé, le "secteur zéro". Contrainte d'agir de triste manière pour rester ce qu'on attend d'elle et continuer de vivre dans ce secteur, une belle kangourou blanche saura-t-elle trouver une forme d'émancipation, mieux être elle-même et être aimée telle qu'elle est sous l'impulsion d'un corbeau ?

Entre amitié, coup de foudre, camaraderie ou relations professionnelles, chaque récit à sa propre patte, et surtout ses propres choses à dire. Des choses où, bien souvent, les rapports carni/herbi se voient traités de façon maligne, en brisant les limites imposées par leur nature, et où chaque personnage tâche de lutter à sa façon pour apprendre à être fidèle à lui-même.

La réussite est, alors, à nouveau au rendez-vous avec ce deuxième tome où chaque histoire à quelque chose de plus à dire sur le vaste univers de Beastars, un monde dans lequel on se replonge à chaque fois avec plaisir. Autant dire que l'on attendra impatiemment le 3 et dernier tome !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs