Be x Boy Magazine Vol.1 - Actualité manga

Be x Boy Magazine Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 22 Juillet 2009

Très controversé avant même sa sortie, le magazine Be x Boy aura fait parler de lui. Abordant ses qualités et ses défauts avant la lecture, certains ne donnent pas longue vie à ce format de publication, qui s’inscrit dans la vague yaoi du moment. Mais Asuka, malgré les efforts des autres éditeurs, s’impose incontestablement comme la principale source de Boy’s Love, leur collection exclusivement consacrée au yaoi. Composé de 9 premiers chapitres extraits de titres plus ou moins connus, le magazine Be x Boy a, malgré les doutes émis à son sujet, remporté un succès certain lors de sa sortie.

Lovely teachers :
Beaucoup d’humour, des regards perçants et des visages parfois trop peu expressifs, c’est principalement ce que l’on retient de cette première histoire. Tout en douceur, elle permet de plonger facilement dans l’univers du magazine. Elle aborde même un thème intéressant via la présence des enfants : la vision et les préjugés sur l’homosexualité. Ce que dit Takigawa est très vrai, vis-à-vis de ses choix amoureux. Son collègue, naïf et pétri d’idées reçues, a l’air d’accepter cette situation, et ce premier extrait pourrait se terminer là que l’on ne s’en formaliserait pas, comme une introduction à la lecture, un chapitre qui se suffit à lui-même. Une lecture douce, sans précipitation, presque anodine.

Do you know my detective ?
C’est la seule partie du magazine écrite et dessinée par un homme. Le mangaka y raconte les déboires de deux détectives, qui se retrouvent sans véritable travail, alors obligés de travailler comme hôte et serveur dans un bar gay. L’idée est tout sauf originale, le graphisme est stéréotypé à outrance, pourtant on apprécie le dynamisme de la narration, et suivre un peu plus cet étrange couple ne sera pas de refus, tant les scènes amoureuses sont prometteuses mais surtout nécessaire à l’intérêt du titre. Ce n’est pas un simple début qui pourrait se transformer en fin, on sent que les deux jeunes gens n’en ont pas encore terminé dans leurs problèmes de la vie quotidienne, relevée d’un peu d’action.

Silent love :
Voici une nouvelle bien moins classique et ancrée dans les clichés du genre. L’expressivité réduite de Tono est un vrai plaisir. Source de malentendus et de prises de tête, cette situation est peu probable mais très bien décrite, et adorable à suivre. On espère tout du long que les deux jeunes gens arriveront à se comprendre, et Tamiya nous surprend agréablement quand, au lieu de révolutionner son petit ami, il accepte pleinement son « problème » et en vient même à l’apprécier. La narration est fluide, les dessins sont agréables quoique simples, les annotations concernant Tono parfois hilarantes vu le contexte, et le passage érotique vient compléter naturellement l’histoire d’un garçon très émotif sans en avoir l’air. Une lecture qu’on appréciera de suivre, à coup sûr ! Même si cela ressemble pour l’instant à un chapitre indépendant … On se demande ce que la mangaka va bien pouvoir inventer par la suite.

Yebisu Celebrities présente l’intérêt non négligeable de situer son histoire en dehors du cadre scolaire ou adolescent. Même si le personnage principal n’est pas vraiment vieux, il évolue dans le monde du travail et des responsabilités. Sa place semble toutefois motivée par une raison plutôt étrange, et le tout n’est pas très sérieux : on se doute bien que le cadre n’est là que pour poser les bases de l’intrigue amoureuse. Pourtant, la fin de ce premier extrait bluffe le lecteur, et on sent que l’histoire a besoin d’être suivie, notamment grâce à l’absence de clarté dans les relations entre les Yebilities. Entouré d’un harem de beaux jeunes gens, le héros aux grands yeux n’échappe pas au trait fin de la mangaka, dont les dessins se concentrent sur les protagonistes. Les visages sont fins, et on différencie bien des caractères types, associés à des apparences classiques (la grande brute sensible et le petit naïf). Le tout reste agréable, sans plus, et seule la fin pleine de suspense rehausse la lecture pour marquer les esprits.

Hey, sensei !
Une relation d’élève à professeur, la différence d’âge, l’élève un peu trop entreprenant et provocateur … Ce début d’histoire, réalisé par l’auteur de Tu es à croquer, récemment sorti dans la collection BL d’Asuka, ne soulève pas les foules. Les personnalités n’ont rien de transcendant, l’histoire d’amour est tout sauf prenante, la relation en elle-même est caricaturale … Pourtant, on s’attarde un moment sur le cadrage et la manière de tenir la narration, en dépit de certains défauts graphiques (mains trop grandes, corps trop longs, cou un peu large …), et la touche d’humour finale a le mérite de nous marquer, largement plus que les sentiments, que l’on connaît déjà. Si Sakuragi continue à nous régaler de quelques touches hilarantes, tout en approfondissant les faiblesses de chaque protagoniste, la lecture n’en serait que plus agréable …

Viewfinder :
Titre largement connu et apprécié des fans du genre, Viewfinder raconte l’histoire d’un photographe qui se lance dans une investigation dangereuse, ce que sa cible ne tarde pas à lui faire comprendre de manière … Originale. Dynamique, proposant un graphisme fin mais pas trop stéréotypé, et surtout des arrières plans présents, le tout début de la narration commence bien. On sent poindre les affrontements, les conflits entre les différents clans / protagonistes. Pourtant, l’intérêt que l’on porte à ce début de chapitre ne dure pas. Sans doute le plus explicite et le plus choquant extrait du magazine, ce début de Viewfinder se plonge pendant plusieurs pages sur certaines pratiques sadomasochistes. Takaba est exploré sous toutes les coutures, et même les habituées pourront être dérangées à la vue de certaines pages. Heureusement, seul ce premier chapitre fait l’objet de telles expériences, puisque le sadisme froid du yakuza se calmera par la suite. La fin, quant à elle, laisse perplexe. Asami a l’air bien parti pour occuper une place de choix dans la vie du jeune photographe, et on ne peut que s’interroger sur la réaction du héros face à la violence qu’Asami lui a infligé. Seul le trait fin, presque sans erreurs, de la mangaka, et la promesse d’une intrigue poussée nous rassure … un peu.

Welcome to the chemistry lab !
Une deuxième histoire entre professeur et élève se profile ici, jusque dans le titre. Les personnalités des protagonistes sont toutefois bien différentes de « hey, sensei ! » puisque cette fois ci, le lycéen est naïf et mignon, tandis que son professeur s’amuse de lui et de sa candeur. « M’sieur Shiba » est d’ailleurs des plus intéressant, lorsque sa personnalité change du tout au tout, sans prévenir. Ici aussi, on sent que la suite n’est pas indispensable, que l’on va juste suivre une évolution dans cette relation taboue, secrète et donc fascinante. Les dessins sont globalement agréables, même si l’on regrette une trop grande application accordée aux protagonistes, et un oubli fondamental : ce qui différencie toutes ces représentations de gravures de modes longilignes, c’est principalement l’environnement dans lequel les jeunes hommes évoluent.

My demon and me :
Pour illustrer objectivement les différentes facettes du yaoi, il fallait intégrer une histoire mêlant amour homosexuel et fantastique. Souvent étranges, celle-ci n’échappe pas à la règle. Maudit et atteint d’une grave maladie qui le ronge peu à peu, Aki fait appel à un démon loup, en désespoir de cause. Celui-ci semble prêt à l’aider, mais pas sans compensation. C’est alors que le jeune homme se rend compte que le démon est plus intéressé par son corps que par ce qu’il peut avoir à dire, et le tribut de sa guérison passera par des épreuves disons … physiques. Le cadrage est maîtrisé mais les dessins, un peu simples, nous laisse un goût d’inachevé. Et au final, ce qui ressort de cette nouvelle c’est … pas grand-chose. On se demande si tout ceci n’est pas uniquement un prétexte pour mettre en scène un démon et un humain batifolant joyeusement … A confirmer, mais ce premier chapitre est original sans que cela apporte quoi que ce soit au lecteur, ce qui est dommage mais fréquent dans ce genre de fresques fantastiques …

Whispers :
La dernière histoire du magazine est une surprise. Tout commence sur un drame, les dessins sont étranges, déstabilisants de réalisme et de détails maîtrisés, ne cherchant pas uniquement l’esthétisme. La nouvelle, entre surnaturel et rêve, n’est pas véritablement en mesure d’être définie, puisque le personnage principal hésite entre hallucination et réalité impossible. Sa douleur, ses sentiments, sont tout ce qu’il y a de plus intéressants à suivre, et le tout est une excellente finalité pour la lecture du magazine. Les proportions des corps sont tout à fait respectées, les ombrages sont une réussite et la narration balance artistiquement entre dynamisme et sérénité.

Au niveau de l’édition, on peut regretter certaines ombres parfois trop pixellisées, ce qui casse l’expressivité des visages, mais c’est le seul reproche que l’on peut véritablement émettre. La couverture est très agréable au toucher, le format parfaitement adapté à la lecture, le tout n’étant pas trop fragile. Si le papier n’est pas tout à fait immaculé, il n’est pourtant pas assez fin pour que l’on ait la désagréable surprise d’une transparence entre les pages. La traduction est de qualité, et la plus belle surprise réside dans les pages de pubs, intelligentes. Régulièrement, des pages présentant un résumé et une brève analyse des titres de la collection Boy’s Love d’Asuka sont présentes, souvent en relation avec l’histoire voisine (Silver diamond en face de My demon and me, ou encore Tu es à croquer en parallèle de Hey, sensei !). Très bonne initiative, bien plus qu’un catalogue de pages de pubs finalisant le titre. De plus, ces pages présentent aussi, au verso, le mangaka auteur de l’histoire qui suit ainsi que le résumé de celle-ci. Enfin, les posters et les premières pages couleurs attirent l’œil sur un rendu de qualité, très agréable à lire et à découvrir, et on ne peut qu’avancer l’argument du prix de lancement, plus que tentant, même si l’on se demande à combien il faudra acheter la suite de ce magazine, qui démarre plutôt bien auprès des lecteurs (lectrices ?). La forme parvient à convaincre, tandis que le fond est plutôt mitigé selon les histoires, qui naviguent entre réussites et déceptions.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs