Ban le bouseux Vol.4 : Critiques

Le long flashback arrive dans sa dernière ligne droite, en occupant encore environ un quart de ce quatrième et dernier volume. Alors qu'on le croit mort, Gonza prépare l'ultime étape de sa vengeance: à l'occasion du festival du Setsubun de Boso, il compte bien massacrer le premier ministre Mitsuru Hasuga, meurtrier des femmes qu'il aimait plus que tout ! Porté par sa rage et par sa puissance, le colossal père de Ban pense parfaitement savoir sous quel masque va se cacher l'odieux politicard... mais tout va-t-il se passer comme prévu ? Pas de surprise là-dessus (le présent du récit nous a déjà donné la réponse), mais l'ensemble est assez bien mené, en particulier grâce au dessin délicieusement excessif de Yoshimi Nanjoh. Et cela, jusqu'à une fin de flashback nous expliquant aussi quel fut ensuite le parcours de Ban pendant les années qui suivirent, mais si de ce côté-là les auteurs se contentent vraiment des très grandes lignes sans entrer dans les détails, ce qui est un peu dommage.

Une fois ce long retour en arrière enfin achevé, le présent n'en est pas moins riche en tension pour nos personnages, avec en point de mire l'affrontement tant attendu entre notre cher Ban, qui se remet petit à petit de sa blessure en restant planqué à l'heure où on le traque, et Mashio Hasuga qui est désormais engagé dans la course pour devenir le prochain premier ministre du Japon. A vrai dire, ici Ban est quasiment absent d'une bonne partie du tome, car le scénariste préfère décortiquer un peu plus le cas de certains personnages secondaires comme Tsuru, et surtout parce qu'il souhaite mettre l'accent sur la situation dans laquelle est engagé Mashio: bien qu'il ne reculerait devant rien pour arriver à ses fins et qu'il a de quoi enchaîner les magouilles avec le soutien du président américain, celui-ci doit aussi composer avec les agissements du premier ministre actuel pour essayer de le faire tomber, mais aussi avec une possible traîtrise... Mais même si Tsukawaki et Nanjoh jouent assez bien la carte du milieu politique à tous le monde est pourri, quelle est la finalité de tout ces développements ?

C'est là que le bât blesse dans le final de Ban le bouseux: bien que ces développements politiques soient assez prometteurs, au final ils ne servent à rien, hormis amener vite fait un contexte où Ban et Mashio pourront enfin se mettre sur la face. Mais même sur ce dernier point, le résultat est un peu décevant: malgré deux/trois bonnes grosses mandales que le style de Nanjoh rend bien, ce face-à-face si longtemps attendu se résume à trois fois rien, avant un épilogue totalement rushé et prenant beaucoup de raccourcis. Les idées sont pourtant là, mais on ne peut s'empêcher de se dire que, si la série devait à tout prix tenir en quatre tomes, il aurait été largement mieux de raccourcir un peu le long flashback et de ne pas trop s'enfoncer dans les querelles politiques, histoire de nous offrir un duel final réellement fort et un épilogue plus maîtrisé. Reste, alors, une mise en avant intéressante de Boso, ce coin de "bouseux" que nombre de personnages détestent et où, pourtant, il n'ont cessé de revenir.

Comme on le craignait à l'issue du tome 3, le volume final de Ban le bouseux souffre d'une dernière ligne droite précipitée et légèrement frustrante, même s'il y a bel et bien une conclusion aux grandes lignes du récit. En prenant cela en compte, on reste malgré tout sur un petit divertissement d'action sympathique dans l'ensemble, essentiellement grâce à la patte visuelle qui sert bien les côtés les plus bourrins et régressifs de l'oeuvre. Alors autant dire qu'on attendra avec un certain intérêt le nouveau titre de Yoshimi Nanjoh, Daron Quest, dont le pitch est assez fun, est dont la sortie française est prévue cette semaine, toujours aux éditions Omaké !