Bamboo Blade Vol.14 : Critiques

L'incroyable match entre Ura Sakaki et Erina Sawamiya est à présent terminé. Et si ce duel d'anthologie a secoué le bon déroulement du tournage de l'émission, il a surtout chamboulé intérieurement notre chère Tama. La dernière ligne droite est enclenchée, l'heure est venue pour Tama de tirer des leçons de ce combat et de tourner sa tête vers l'avenir...

Ce sera là le principal enjeu de cette conclusion. Depuis le début de la série, il ne fait aucun doute que Tama est le personnage central de Bamboo Blade, et que son évolution était destinée à tenir une place de premier plan dans l'oeuvre.
Au fil des tomes, Masahiro Totsuka, comme il l'avoue lui-même dans son ultime postface, a pu se faire plaisir et nous faire plaisir en effectuant quelques écarts, introduisant par exemple de jolies phases d'humour, et de nombreux personnages que l'on ne reverra quasiment pas ou qui ne serviront finalement pas à grand chose (la mère de Reimi qui a tout de même droit ici à une case pour montrer qu'elle n'a pas été oubliée, les filles du tout premier match que l'on pensait quand même revoir à un moment ou à un autre, Kenzaburô qui s'éclipse...). Mais au final, cela ne dérange pas, tant Bamboo Blade prend plus que jamais ici des allures de tranche de vie, où le temps continue de passer, où l'on croise des gens sans pour autant les revoir plus tard. Un aspect tranche de vie d'autant plus fort à la vue de la fin qu'offre le scénariste à son oeuvre, une fin ouverte, qui laisse à la limite un petit goût de trop peu car on aurait aimé suivre encore les aventures des personnages, mais qui ne déçoit aucunement, car Totsuka n'a pas perdu de vue l'évolution de la mignonne et attachante Tama et lui offre ici une conclusion émouvante.

Au fil du volume, les interrogations de la jeune fille se font pertinentes et leur évolution est habilement amenée. Depuis toute petite, la jeune fille fait du kendo... mais pourquoi ? Finalement, qu'y recherche-t-elle ? La réponse arrive petit à petit et tire le meilleur parti des liens qui ont pu se créer entre Tama et son entourage. Son ouverture vers les autres, elle la doit à ses amies du club de kendo de Muroe, et ses questions trouvent des réponses définitives via la relation de Tama envers sa défunte mère (signalons un passage très touchant à ce sujet), mais aussi à travers Kôjirô, qui, dans sa volonté d'aider les filles de son club et avant tout Tama, montre qu'il n'est définitivement plus le loser des débuts de la série, celui-là même qui était si peu charismatique. Mieux encore, Totsuka parvient à le sublimer à travers le choix d'orientation de Tama.

Après un tome 13 excellent, Totsuka prouve à nouveau que les quelques volumes précédents, un peu plus mollassons, avaient pourtant toute leur raison d'être. Tout a été habilement amené, de l'évolution de Tama et Kôjirô à celle de personnages secondaires comme Erina, Ryôko, Ura ou Ôé qui ne sont ici aucunement oubliés. Toutefois, du côté du club de Muroé, on se dit que les personnages, pris séparément, auraient pu bénéficier d'un meilleur traitement. Totsuka fait fort bien ressortir l'impact positif que le club dans son ensemble a eu sur Tama, mais du côté des individualités c'est mois le cas. Si Azuma et Miya-Miya s'en sortent bien en étant tout de même un peu mises en avant ici, dommage qu'il n'en soit pas de même pour Kirino et Saya. Cela na gâche pas la lecture mais déçoit légèrement.

Mais il s'agit bien de l'un des seuls défauts de cette conclusion. Qu'il est loin, le temps où Tama était repliée sur elle-même et peu expressive ! Comme symbole, on prendra plaisir à comparer les couvertures du premier et du dernier tome, reprenant toutes deux Tama, à la différence que l'une des deux affiche un beau sourire épanoui.

C'est avec un petit pincement au coeur que l'on referme le dernier volume de Bamboo Blade, une série attachante qui a su tirer son épingle du jeu malgré quelques petits coups de mou.