Ballet des coeurs (Le) - Musashino Rondo Vol.2 - Manga

Ballet des coeurs (Le) - Musashino Rondo Vol.2 : Critiques

Musashino Rinbukyoku

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 23 Décembre 2025

Chronique 2 :


Tamaki se réjouit d'apprendre que son coup de foudre Kinugasa est célibataire, d'autant plus qu'elle a l'impression que cet attrait soudain est réciproque. Mais à force d'observer celle qu'il aime depuis tant d'années, Agawa a très vite capté la situation, ce qui a fini par le convaincre de déclarer à nouveau ses sentiments à sa voisine. Après avoir tout fait pour étouffer ce qu'il ressent pendant tant de temps, l'idée de voir Tamaki s'éloigner ou être dans les bras d'un autre est trop insupportable, et dans la foulée de sa déclaration le jeune homme, emporté par l'émotion, finit même par l'embrasser, comme pour lui faire comprendre une bonne fois pour toutes qu'il n'est plus le gentil petit voisin qu'elle a connue...

Après un premier volume déjà savoureux dans son style, le récit de Haruka Kawachi commence à s'emballer bien plus autour du triangle amoureux qui a été installé. Mais loin des habituelles romances reposant sur ce type de triangle, l'autrice se veut bien moins aseptisée et surtout plus fine dans la peinture des sentiments où chaque personnage est voué à s'interroger en profondeur et à faire face aux incertitudes et tourments de leur coeur, pour un résultat où l'on ne peut pas s'empêcher de penser que le titre français de la série a décidément été très bien choisi.

Ainsi a-t-on un Agawa qui, en tant qu'"outsider" pour obtenir l'amour de Tamaki, compte bien lui faire sentir qu'il est devenu un homme, qu'il n'est plus l'enfant ni l'adolescent qu'elle a connue autrefois et dont elle ne prenait pas avec sérieux les déclarations à ces époques-là. En ce sens, le jeune homme se montre insistant tant qu'il n'a pas de réponse définitive car il sait c'est uniquement comme ça qu'il peut espérer éveiller quelque chose chez celle qui semble encore le voir comme un ado, mais il se montre également (et heureusement) respectueux, là où son baiser volé sous le coup de l'émotion dans le tome 1 pouvait éventuellement faire tiquer.

Agawa compte donc saisir chaque occasion pour montrer à Tamaki ses sentiments et pour lui faire comprendre qu'il n'est plus le jeune d'autrefois, mais aussi pour bien faire sentir à Kinugasa qu'il a un rival sérieux, ce dernier ayant évidemment, lui aussi, ses éléments d'approfondissement. par rapport au tome 1, le focus devient également un peu plus prononcé sur lui, en particulier dès lors qu'entre en scène un nouveau personnage crucial en la personne de son ex-femme. Tout en se demandant forcément quelle relation ont exactement Tamaki et Agawa qui lui semblent très proches, le retour temporaire de Miu a de quoi le troubler aussi, voire mieux laisser entrevoir certaines de ses faiblesses, ce qui le rend immédiatement plus humain, plus proche, moins "lointain" que dans le premier volume où il pouvait apparaître un petit peu arrogant.

Quant à Tamaki, prise entre son coup de foudre pour Kinugasa qui lui semble réciproque et la déclaration d'un Agawa bele t bien devenu adulte au point de potentiellement la déstabiliser, elle compte initialement répondre à la déclaration de son voisin de toujours par la négative, mais n'y parvient pas pour l'instant. Est-ce uniquement car elle peine à rejeter celui qui a toujours été à ses côtés (d'autant plus que rejeter quelqu'un est toujours une épreuve), ou parce qu'il y a autre chose qui germe en elle ? Même si elle se trouble plus facilement auprès de Kinugasa, elle ne manque pas de penser aussi à Agawa, à ce qu'il a pu ressentir pendant toutes ces années où, pas pris au sérieux, il a ravalé ses sentiments.

Toute la magie de Haruka Kawachi réside dans cette écriture habile où, vraiment, elle sonde soigneusement chacun de ses protagonistes, pour offrir en chacun d'eux un réalisme profond dans tout ce qu'ils peuvent ressentir, dans leurs doutes, dans leurs instants de faiblesse... le tout donnant plus d'une fois lieu à un vrai ballet émotionnel, où les amours de chacun(e) échappent parfois à la rationalité , puisque raison et sentiments vont rarement de pair. Le tout a en plus le mérite de ne pas être dépourvu de petites notes d'humour, par exemple quand on suit le regard que cette chère Marina pose sur cette situation de triangle amoureux. Et bien sûr, la patte visuelle de Kawachi reste un délice de finesse, notamment quand la dessinatrice capte à merveille le ressenti des personnages au moment où ils voient l'élu(e) de leur coeur commencer à se diriger vers quelqu'un d'autre, à l'image du regard d'Agawa quand il voit Tamaki rougir au téléphone avec Kinugasa.

En somme, avec ce deuxième tome, Le ballet des coeurs ne fait que confirmer le coup de coeur que nous avions eu pour le volume 1. Mangaka dont nous espérions le retour en France depuis bien longtemps, et qui a donc été gâtée en cette année 2025 entre cette série-ci, la nouvelle édition du bijou les fleurs du passé (là aussi chez naBan) et le lancement de Sérénade pour une pluie de larmes (aux éditions Kana), Haruka Kawachi confirme toute son excellence dans ce type de romance adulte, crédible et nuancée. Apprendre que le tome 1 de la série n'a pour l'instant pas rencontré le succès a de quoi fendre le coeur, aussi espère-t-on que cette excellente série saura vite trouver son public, car elle le mérite indéniablement.



Chronique 1 :


Tamaki a eu le coup de foudre pour Kinugasa, et ces sentiments semblent réciproques. Tandis que tous deux se rapprochent, Agawa tente le tout pour le tout et déclare sa flamme à sa voisine, celle qui l’a vu grandit comme un petit frère. D’abord troublée, Tamaki a pourtant la ferme intention de le repousser et de poursuivre son aventure avec le collègue de son frère. Mais les choses ne sont pas aussi simples, car si Agawa, entreprenant, compte faire réaliser à l’élue de son cœur que le temps a passé, Kinugasa voit son ex-femme revenir dans sa vie…

La valse des sentiments gagne de l’entrain dans ce deuxième opus particulièrement habile pour faire monter l’intensité dramatique du récit. Dans cette suite, Haruka Kawachi a le chic pour nous faire croire à une situation amoureuse courue d’avance, avant de mieux déployer les tourments de ses personnages et leurs propres dilemmes, de manière à rester sur un statu quo lourd de sens et de symboliques à l’égard des protagonistes.

Toujours sur un ton posé et une manière de décortiquer ses personnages de manière particulièrement naturelle, la mangaka nous entraîne dans ce drame humain aux enjeux certes sobres. Mais c’est justement ce qui rend le récit authentique : le triangle amoureux formé aborde avec justesse certains tourments adultes et joue toujours aussi bien sur le lien si particulier qui lie Tamaki à Agawa, deux individus avec une petite différence d’âge qui prend un tout autre sens maintenant qu’ils sont tous les deux épanouis. D’un bout à l’autre de l’opus, avec une certaine finesse, leur relation évolue au même titre que les réflexions qui résonnent dans l’esprit de l’héroïne. L’Agawa qui est sous ses yeux est-il le même qu’autrefois ? Ne resterait-elle pas enfermée dans une vision du passé ? Ce développement est d’autant plus sensible qu’il se lie à une mise en avant de la romance sous son angle le plus irrationnel qui soit. Le coup de foudre ne se calcule pas, et la personne la plus « idéale » objectivement pour un individu pourrait être privée des élans sulfureux du cœur.

Mais c’est aussi du côté de Kinugasa que des choses se jouent avec le retour de son ex-femme. Cette dernière n’est plus qu’un spectre de son passé du point de vue de la narration, mais devient un personnage à part entière, assez exubérant par ailleurs, ce qui rythme le récit et accentue les problématiques qui hantent le potentiel intérêt amoureux de Tamaki. Son propre arc de personnage prend de l’épaisseur, et c’est ce qui le rend plus humain, là où il gardait un petit côté narquois vis-à-vis du regard qu’il porte sur le lien entre les deux amis d’enfance.

En bref, Haruka Kawachi continue de dépeindre ce joli drame humain avec toute la finesse dont elle est capable, combinant à merveille la figure du triangle amoureux avec des émois romantiques où l’irrationnel et le rapport au passé jouent un rôle important. Un récit aussi doux que mélancolique qui s’impose déjà comme une franche réussite du genre. Quelle injustice que le manga soit boudé dans nos contrées… 


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction