BL Métamorphose Vol.1 - Actualité manga
BL Métamorphose Vol.1 - Manga

BL Métamorphose Vol.1 : Critiques

Metamorphose no Engawa

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 07 Juin 2019

Chronique 2
  
Le printemps touche doucement à sa fin, l'été va bientôt arriver, et c'est en ce climat agréable qu'arrive dans nos lirbairies le nouveau manga rayon de soleil des éditions Ki-oon: BL Métamorphose. De son nom original Metamorphose no Engawa, cette série a été lancée au japon en 2017, dans le magazine de manga numérique Comic Newtype de Kadokawa, par Kaori Tsurutani, une mangaka qui a commencé sa carrière après avoir fini à la deuxième place au concours Chiba Tetsuya organisé par l’éditeur Kodansha. Il s'agit de la première série de plus d'un tome de l'artiste, et celle-ci, rapidement repérée par les lecteurs nippons, a bénéficié d’un bouche à oreille impressionnant sur les réseaux : le chapitre 2 à peine publié, les premières planches de la série comptabilisaient déjà plus de 120 000 vues. Un succès confirmé par les professionnels du secteur, puisque la série a obtenu la première place au Kono manga ga sugoi 2019, un prix décerné par 400 acteurs du milieu du manga et de l’édition au Japon.

Bl Métamorphose nous plonge auprès d'une héroïne assez éloignée des sentiers battus puisqu'elle a 75 ans. Yuki Ihinoi vit seule depuis qu'elle a perdu son mari deux ans auparavant, et elle suit un quotidien bien réglé, tel que peuvent l'avoir certaines personnes âgées, à ceci près qu'elle continue de donner des cours de calligraphie ou de s'adonner aux mots croiser. Se découvrir une nouvelle passion à son âge, alors que l'essentiel de sa vie est derrière elle, est-ce possible ? Il faut croire que oui, car un beau jour, en flânant dans une librairie, Yuki décide d'acheter quelque chose qu'elle n'a pas lu depuis longtemps: un manga. Qui plus est, son choix s'est porté sur un genre bien spécifique, dont elle ne supposait même pas l'existence: un boy's love, romance entre garçons ! Contre toute attente, elle accroche rapidement à l'histoire, si bien qu'elle meurt d'envie de vite lire la suite. Une situation plutôt inattendue pour Urara Sayama, la librairie occasionnelle et lycéenne qui lui a vendu le tome 1, et qui est elle-même fan de BL. Dès lors, cette adolescente renfermée sur elle-même va devenir en quelque sorte la conseillère de Yuki, et à partir de cette rencontre va commencer, pour ces deux femmes séparées par près de 60 ans d'âge, une ouverture vers d'autres horizons.

Une chose à préciser tout de suite: que l'on soit fan ou non de boy's love n'a aucune importance dans cette intrigue, le choix de ce type de manga servant surtout à deux choses. Tout d'abord, souligner toute l'ouverture d'esprit bénéfique de Yuki (ce qui va à l'encontre de préjugés que l'on peut parfois avoir sur les personnes âgées), qui choisit de se laisser tenter par l'inconnu à son âge. Puis, lier l'une à l'autre, autour d'une même passion, deux héroïnes qui n'avaient pas forcément de quoi accrocher ensemble à la base.

A partir de là, Kaori Tsurutani déroule un récit tout en douceur et en lumière, dans lequel, sous ses dessins clairs, fins, simples et en même temps très efficaces (Yuki a souvent une très bonne bouille), on suit avec beaucoup d'attachement le parcours que vont entamer ensemble ces deux personnages qui vont, peu à peu, réellement devenir amies et s'ouvrir, au fil des conseils de lecture donnés par Urara, de la découverte par Yuki de choses spécifiques du milieu du manga comme les convention... et évidemment, il se dégage de tout ceci une leçon pleine de chaleur sur la tolérance, la découverte, l'ouverture et les échanges entre générations, ainsi qu'un impact très positif sur les deux héroïnes. L'une est une adolescente renfermée, timide, peu bavarde, voire taciturne, qui n'a quasiment pas d'amis au lycée, mais qui va alors apprendre à s'exprimer un peu plus et s'ouvrir. L'autre est une femme prouvant que même quand on est septuagénaire, qu'on a perdu son mari et que la vie semble surtout derrière soi, on peut encore se trouver de nouvelles passions et nouer des liens précieux.

Douce et lumineuse, BL Métamorphose, sur ce premier tome, a donc déjà tout de la lecture "feel good" qui fait chaud au coeur, et qu'on rangera facilement, parmi les autres séries éditées par Ki-oon, auprès de Barakamon, Amanchu! ou même Père & Fils.

Qui plus est, Ki-oon nous offre une très belle édition, attirant l'oeil, par sa jaquette granuleuse, et son logo-titre bien trouvé avec le B formant aussi un coeur. A l'intérieur, papier et impression sont impeccables, et à la traduction Géraldine Oudin, plutôt habituée à ce genre de titres, offre un travail très plaisant, qui colle bien aux personnages.
  
  
Chronique 1
  
Type éditorial trouvant de plus en plus de lectrices et de lecteurs, le boy's love n'est presque jamais traité en tant que sujet de fiction. On se souvient de quelques titres comme « Ma copine est fan de yaoi », une série qui utilisait surtout le boy's love comme justificatif à une comédie sentimentale. En cours depuis 2017 dans le magazine Comic Newtype des éditions Kadokawa Shoten, BL Metamorphose pourrait peut-être changer la donne. Le titre compte actuellement deux tomes au Japon, et nous est proposé aux éditions Ki-oon en ce printemps 2019.
A la barre du récit, Kaori Tsurutani, une jeune autrice dont il s'agit de la deuxième œuvre. La première étant aussi une tranche-de-vie, inédite en France : Don't like this.

Femme âgée de 75 ans, Yuki vit une vieillesse paisible mais monotone, ses journées étant rythmées par sa routine et les ateliers de calligraphie qu'elle mène. Lorsqu'elle entre dans une librairie, elle tombe par mégarde sur le rayon manga, et une partie bien spécifique du rayon : celle des boy's love. Se rappelant qu'elle lisant autrefois des mangas, ceux d'antan, Yuki craque pour l'un d'entre eux aux jolis dessins, sans même connaître le contenu. Pour Urara, une lycéenne occupant le poste de libraire en guise de job à mi-temps, la surprise est totale, et elle le sera davantage quand elle découvrira que Yuki a adoré sa lecture, et voudrait découvrir la suite de l’œuvre ! Une amitié insolite mais généreuse est sur le point de naître.

Le sujet de BL Métamorphose prête à sourire : le boy's love est un type de récit qu'on ne trouvait pas il y a 40 ans, aussi le confronter à une vieille femme, sans doute peu habituée aux romances entre garçons et aux scènes un peu crues, paraît particulièrement drôle. C'est sur ce postulat de base que démarre la série, un lancement qui développe avec soin cette première rencontre entre Yuki et les mangas d'homoromance masculine. Si le choc des générations est dépeint pour amuser volontairement, en témoigne les réactions de la vieille dame garnie d'un langage désuet qui rendent le tout particulièrement cocasse, le récit ne cherche pas simplement à amuser, et va bien au-delà de ça.

Derrière cette rencontre improbable entre une femme de 75 ans et le boy's love, puis avec une lycéenne adepte de ces titres, Kaori Tsurutani développe différents sujets particulièrement humains, le tout à travers une ambiance douce et intimiste qui donne à ce premier tome toute sa saveur. Cette amitié entre Yuki et Urara amène deux portraits particulièrement touchants de deux générations différentes : d'un côté la vieille femme habituée à sa routine et devant accepter le poids des années et la monotonie que cela implique, et de l'autre une adolescente un peu en marge des autres, loin de répondre aux standards en terme de centre d'intérêt ou d'esthétique. Leur point commun : trouver un réconfort dans le boy's love ! L'alchimie amène un double portrait détaillé au fil des pages avec une belle douceur, chacun présentant les difficultés rencontrées par les deux femmes au quotidien, leur amitié devenant de véritables instants d'évasion. Le tout ponctué du trait particulièrement fin et épuré de Kaori Tsurutani, il s'en dégage une atmosphère hapante à chaque page, et une véritable invitation à profiter des petits rendez-vous entre Yuki et Urara.

Aussi, on notera que le boy's love n'est pas utilisé ici dans un simple intérêt humoristique, mais bien pour marquer les individus différents que sont les deux personnages centraux. Deux individus qu'on pourrait grossièrement juger en marge, à savoir une vieille femme abordant la fin de sa vie et une lycéenne qui ne se fond pas dans la masse, toute deux trouvant une harmonie dans une culture que beaucoup pourraient aussi regarder de haut. Alors, le fait que le boy's love soit traité comme un passe-temps ordinaire en dit long sur le message de l’œuvre, particulièrement pur, faisant de BL Métamorphose une ode à l'ouverture d'esprit et à l'ouverture aux autres. La mangaka semble particulièrement adepte du genre, ne serait-ce pour ses focus sur les structures narratives de ces récits ou sa volonté de le fouiller en profondeur, pour garnir le quotidien nouveau et riche d'une excitation nouvelle de Yuki et Urara. Un beau programme donc, et on suivra les deux dames avec un grand plaisir, quand bien-même le boy's love ne serait pas notre dada à nous ! Plus globalement, ce premier tome constituera une belle lecture et un excellent moment de quiétude pour tous les amateurs de tranche de vie et d'amitiés complices entres des protagonistes bien opposés.

Côté édition, Ki-oon nous livre une excellente copie grâce à un papier de qualité, une couverture envoutante grâce à son aspect granuleux, une petite page couleur en guise d'ouverture de lecture, et une traduction efficace signée Géraldine Oudin.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs