Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 30 Décembre 2024
Autrice de boy's love que l'on connaît déjà en France pour les mangas "Le garçon de la terre des lions" (sorti aux éditions Hana en février 2022) et "I'm sorry" (paru aux éditions Taifu Comics en mai 2023), Hakase a fait son retour chez Hana en juillet dernier avec le premier (et à ce jour unique) volume d'"Aujourd'hui et demain, nous sommes une famille", sa dernière série en date, qu'elle poursuit tranquillement au Japon depuis 2022 dans le magazine Gateau des éditions Ichijinsha, sous le titre "Kyou mo Ashita mo, Kazoku desu" (dont le titre français est une traduction littérale).
On plonge ici à Okinawa, dans le quotidien d'une famille homoparentale. Hirao (surnommé Herapi), homme au foyer, et Naguru, qui travaille dans un restaurant traditionnel avec son meilleur ami Gakki, vivent la parfaite vie de famille, pleine de bonheur et de tendresse, avec leur petit garçon Towa, gamin plutôt mature pour son très jeune âge. Ce quotidien aux ondes positives, la mangaka nous le fait bien vite ressentir, que ce soit via la relation harmonieuse de cette petite famille, ou à travers ses dessins assez foisonnants qui mettent suffisamment en valeur le cadre typique d'Okinawa et, bien sûr, certaines spécialités locales via le travail de Naguru au restaurant.
Les choses pourraient s'arrêter là... et pourtant, parfois, il suffit d'un rien pour que le passé nous rattrape, et c'est exactement ce qui va arriver dans le cas de Naguru, dès lors qu'une vieille connaissance réapparaît devant lui: qui aurait alors cru que, derrière cet employé de restaurant très aimable, joyeux et populaire, se cache un ancien chef de gang ? C'est, alors, un enjeu précis qui se dessine pour la mangaka: alterner entre le présent et le passé, au gré des souvenirs de nos héros, pur nous présenter petit à petit leur background: comment Naguru et Hirao se sont rencontrés, comment ils étaient autrefois, comment ils se sont retrouvés à élever le petit Towa autour de qui il reste beaucoup de mystère... Et dans l'ensemble, malgré quelques transitions passé/présent peu claires, Hakase s'en sort bien, surtout quand il lui faut mettre en avant le passé de chef de gang de Naguru, son mal du pays quand il était à Tokyo alors qu'il est originaire d'Okinawa, le sentiment qu'il avait de n'être à sa place nulle part, et ce que Hirao lui a alors apporté.
Ajoutons à tout ça une part d'érotisme assez prononcée (les scènes de sexe sont peu nombreuses mais sont très explicites), et on obtient un premier volume qui devrait conquérir son public sans trop de difficultés. Pour le moment Hakase gère joliment son cadre, ses personnages, leur background, le rythme entraînant et l'ambiance globale, en donnant très facilement envie d'en découvrir toujours plus sur cette famille mine de rien attachante.
Enfin, disons quelques mots sur l'édition française, qui est satisfaisante: la jaquette est fidèlement adaptée de l'originale nippone, le papier est à la fois épais, souple et assez opaque, l'impression est d'une qualité correcte, la traduction assurée par Laurie Asin est impeccable, et le lettrage effectué par Justine Mouron est propre.