Au revoir Heron - Actualité manga

Au revoir Heron : Critiques

Sayonara, Heron

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Juillet 2023

Depuis la publication de Labradorescence en 2016 puis de Happy Birthday en 2018 aux éditions Hana (anciennement éditions Boy's love), la mangaka ymz (ou Yamazu) n'avait plus fait parler d'elle en France. Cinq années plus tard, la voici de retour chez l'éditeur avec une double actualité: tandis que l'on peut découvrir en ce mois de juin l'ouvrage Bulles de savon, depuis avril on peut également lire une oeuvre nommée Au revoir Héron. De son nom original Sayonara, Heron (dont le titre français est donc, vous l'aurez deviné, une traduction littérale), ce manga date de 2014 et fut ainsi la première histoire un peu longue de la carrière de l'autrice, avant que Labradorescence et Happy Birthday ne démarrent au Japon la même année. Ses cinq chapitres furent initialement prépubliés là-bas dans le magazine Canna des éditions Printemps Shuppan, avant d'être compilés en un seul volume broché agrémenté de deux petits chapitres bonus, pour un total d'un tout petit peu plus de 200 pages.

Au revoir Héron nous propose de découvrir, à travers quelques années de leur vie, le quotidien de Sôji et Mika, deux hommes qui habitent ensemble, se côtoient, mais entretiennent dans le fond une relation assez particulière entre eux: ils ne sont ni en couple, ni amis, ni une famille, et pourtant ils ressentent souvent le besoin d'être ensemble. Au fil d'une construction temporelle intéressante sur le papier puisqu'elle ne se veut pas linéaire et nous plonge tout à tour dans l'époque de la rencontre de ces deux-là, leur adolescence ensemble et leurs premières années de jeunes adultes, ymz nous invite, peu à peu, à découvrir la nature exacte de cette relation étrange, et quelles en sont sûrement les origines: un certain mal-être familial pour chacun des deux garçons, les déconnectant de ce que la norme (les pressions parentales, les règles du lycée...) attend d'eux, et leur faisant ressentir un certain vide affectif. Tout ceci fait que Sôji et Mika ne croient pas au bonheur mais le recherchent quand même vaguement ensemble, parfois de manières bien différentes. Ainsi, Mika est plutôt du genre à évacuer le vide en lui en s'amusant pas mal ailleurs. Quant à Sôji, il ne se sent pas forcément seul mais aime voir Mika revenir régulièrement vers lui, et ça lui suffit. C'est de cette manière que ces deux garçons se soutiennent de manière assez libre... Mais sur la longueur, auront-ils toujours les mêmes attentes l'un envers l'autre ? Et si la réponse est non, évolueront-ils ou continueront-ils leur lien actuel ? Les réponses amenées par ymz ont le mérite de ne pas du tout être toutes faites, même s'il faut avouer que la conclusion est très expéditive et très vague.

Néanmoins, malgré l'intérêt de ce récit nous présentant une relation sortant des normes, il faut avouer que l'oeuvre souffre de certains problèmes. Au niveau de la narration, bien que la construction temporelle soit assez ambitieuse parfois les transitions entre les périodes sont rarement limpides, ce qui fait que l'ensemble devient parfois lourd à suivre. Une lourdeur qui handicape alors notre intérêt à découvrir par petites doses les quelques tourments, notamment familiaux, de ces deux hommes, d'autant plus que ces développement restent en surface. Mais le principal souci vient peut-être de l'édition française et plus précisément de sa traduction, où le parler est souvent peu naturel, où il y a quelques enchaînements de phrases bizarres, et qui comporte d'assez nombreuses coquilles plus ou moins embêtantes:"Il parle à peu.", "tu te ventes", "il est plus souvent à la maison" au lieu de "il n'est plus souvent" (ce qui inverse totalement le sens), "plus sombre de" au lieu de "plus sombre que", de la ponctuation hasardeuse avec notamment "rien, voir" au lieu de "rien voir" (ce qui, personnellement, flingue mon élan à la lecture), "une semaine c'est écoulée" au lieu de "s'est écoulée", et on en passe plusieurs autres. On ne va pas non plus incendier la traductrice qui est a priori une nouvelle venue (en tout cas, je n'avais jamais vu son nom avant), qui doit bien débuter et qui aura sûrement l'occasion de s'améliorer au fil du temps, mais il faut avouer que là ça fait beaucoup de coquilles et que certaines d'entre elles nuisent réellement au confort de lecture.

A part ça, soulignons les qualités visuelles d'ymz: bien que les designs de ses personnages, parfois hésitants, rappellent bien qu'il s'agissait d'un récit de tout début de carrière, il y a un joli travail de fonds et de découpage collant assez bien a l'atmosphère voulue par l'autrice. C'est, dans l'ensemble, très agréable et assez beau.

Enfin, au niveau de l'édition, en dehors des errances de traduction et d'une postface qui n'est pas à sa place (le sommaire l'indique à la page 209, mais elle ne s'y trouve pas), c'est assez plaisant: la jaquette reste proche de l'originale japonaise, on a droit à deux illustrations en couleurs sur papier glacé au début, le lettrage est basique mais propre, et le papier ainsi que l'impression sont de qualité satisfaisante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction