Ascension Vol.7 : Critiques

En plein parcours au coeur du nord des Alpes japonaises, l'équipe du 14 Mountain est enfin rejointe par son chef, Ninomiya. L'espoir anime alors l'équipe, jusque là divisée, mais Ninomiya doit finalement repartir aussi vite qu'il est arrivé, la faute à un incident qui pourrait retarder le projet d'ascension du K2. Pour autant, le court passage de Ninomiya laisse des traces. Attendu comme le sauveur, ce chef charismatique focalise toute son attention sur Mori, se montrant même prêt à quelques plans pour pousser notre héros à se surpasser toujours plus. Y compris en amenant avec lui un nouveau personnage qui séduit d'emblée et qui, à n'en pas douter, jouera un rôle important sur Mori, tant l'impact que cette rencontre a sur lui se fait déjà ressentir.

C'est donc sans Ninomiya que l'équipe du 14 Mountain poursuit sa route sur les cimes enneigées. Et rien ne change, ou presque, car si le sous-chef continue de brimer Mori en le forçant à ouvrir la voie malgré son épuisement, les esprits s'échauffent de plus en plus et c'est Kase qui en arrive à se révolter verbalement. Encore et toujours, l'équipe ne montre aucune harmonie, tant le sous-chef peut se montrer partial et les egos, surtout celui de Nîmi, continuent de nuire.
Pour autant, pas question pour Mori de se laisser abattre, bien au contraire. Qu'il soit brimé ne le dérange pas, car le jeune homme est dans son univers. Il aime tracer seul sa route, voir que ses pas sont les premiers à percer la neige. Il continue d'ouvrir la marche, sublimé par les paysages alentours qui n'ont jamais été aussi immenses et beaux.

Mais il fait partie d'une équipe, et la réalité va vite le rattraper de la plus dure des manières. Derrière, le reste de l'équipe peine à suivre, et sur le flanc d'une montagne réputée dangereuse, un nouveau drame se prépare, silencieux, puis éclate subitement quand on s'y attend le moins, nouvelle preuve que la montagne, impardonnable à la moindre erreur, peut enlever une vie à tout moment. Etrange, à la limite de l'absurde, la tragédie qui défile en quelques pages laisse tout le monde sur des impressions différentes. L'un cherche à se protéger, l'autre en profite pour montrer un égoïsme et un ego sans pareil, et entre eux, l'esprit de Mori reste insondable, aussi insondable que les immensités montagneuses qui l'entourent. Et pourtant, nul doute que ce qui vient de se passer n'a pas fini d'avoir des répercussions, dont une qui ne se fait pas attendre et qui, dans les dernières pages, semble amorcer un début d'évolution de notre héros vers la sociabilité.

Alors que les deux tiers du volume continuent cette ascension faite pour Mori de nouvelles rencontres et de nouvelles épreuves, la dernière partie du tome, portée par un drame insondable, semble venir d'ailleurs tant son atmosphère est indescriptible. En résulte une lecture impressionnante, en plus de ça toujours portée par la maestria et la puissance visuelle de Shin'ichi Sakamoto, qui offre des moments d'alpinisme intenses, des pages métaphoriques plus ou moins parlantes, et des vues plus impressionnantes que jamais, en apparence paisibles mais regorgeant de dangers et capables de se réveiller subitement de la plus violente des manières.