Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 01 Août 2024
"La chose", le monstre géant de la baie de Tokyo, est réapparu en contraignant Asa et Kasuga à prendre la voie des airs pour le repousser une nouvelle fois. Mais si la mission a été couronnée de succès, d'autant plus que pour l'instant l'existence de la créature parvient encore à être à peu près cachée, cette nouvelle altercation n'est pas sans conséquences. D'un côté Shôta, pris dans l'enfer de la drogue, est persuadé qu'il est le héros ayant repoussé "la chose" à la seule force de ses poings. Et de l'autre côté Yamakura, le journaliste du Daily Every Sports, continue de tout faire pour faire valoir ses preuves de l'existence du monstre et ainsi détenir le scoop qu'il convoite tant...
Dans un début de volume facilement prenant, Naoki Urasawa s'applique assez bien à entretenir les problèmes liés à Shôta et à Yamakura, chacun dans un registre différent mais bel et ben lié au monstre. Et les enjeux liés à "la chose" ne s'arrêtent pas là puisque, de son côté, Nakaidô comprend bien que, pour poursuivre ses études et trouver un moyen de vaincre la créature, il doit retourner sur l’île du Timor Oriental où le défunt professeur Yodogawa et lui avaient découvert son existence. En somme, les enjeux autour du monstre restent bien présent... et pourtant, c'est sans aucun doute un autre aspect du récit qui occupe le plus de place ici, un aspect faisant partie des axes plus "personnels" du récit puisqu'il s'agit de la possibilité pour Yone de faire ses grands débuts de chanteuse avec l'audition qu'Eisuke Noro, l'oncle de Nakaidô, lui organise.
On va éviter de trop en dire sur ceci afin de ne pas spoiler, mais on peut y signaler deux choses.
Tout d'abord, son partage entre deux époques puisque l'auteur va en profiter pour nous offrir une nouvelle ellipse de quelques années, en jouant toujours aussi bien sur le contexte des époques (l'état de la jeunesse japonaise en 1964 avec une certaine émancipation culturelle qui se renforce via l'influence de l'Occident, l'arrivée de la guerre du Vietnam avec ce qu'elle a pu impliquer de mouvements d'opposition et de désertions, les évolutions du cinéma...) et sur d'autres références (Ashita no Joe, la série TV Mission Impossible...) pour nous immerger au plus profond de son oeuvre et jouer encore avec l'Histoire comme il sait généralement si bien le faire.
Et ensuite, la manière dont notre chère Asa reste sur tous les fronts (quitte à ce qu'on se repose un peu trop sur elle, tant elle est digne de confiance): que ce soit pour aider Nakaidô dans ses recherches, pour toujours guetter sa radio au fil du temps, ou tout simplement pour soutenir ses proches... quitte à se lancer encore dans d'invraisemblables péripéties !
On peut alors dire que Naoki Urasawa trouve ici un excellent équilibre entre les différents axes de son histoire, qu'il entretient tous soigneusement dans une atmosphère de feuilleton bien rendue, tant on a toujours hâte de découvrir l'épisode/chapitre suivant de son oeuvre trépidante. Et ce ne sont pas les dernières pages, marquées par une rencontre aussi fortuite que symbolique, qui montreront le contraire !