Arte Vol.11 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Novembre 2020

Arte a fini par apprendre par la bouche d'Irène elle-même que cette dernière est en réalité Caterina de Castilla, la fille de Juana de Castilla, reine de Castille en Espagne. A l'issue de cette révélation, la princesse a proposé à Arte de renoncer à son projet de portrait, mais notre héroïne ne peut aucunement s'y résoudre: dominée par sa passion, elle veut parvenir à concevoir un portrait qui satisfera enfin cette jeune femme n'ayant à la base aucun intérêt pour la peinture. Pour parvenir à ses fins et offrir enfin un portrait représentant parfaitement Irène sous toutes ses facettes, Arte se dit qu'il lui faut en apprendre plus sur elle, la cerner pleinement, et entreprend se renseigner via les livres et carnets de voyage de la vaste bibliothèque de Véronica, sans grand succès. Et c'est alors que Véronica lui prodigue un précieux conseil: pour comprendre Irène, le mieux serait qu'Arte la pousse à lui ouvrir son coeur. Ce qui implique avant cela que notre héroïne elle-même ouvre son coeur à la jeune espagnole...

Tournant forcément beaucoup autour d'Arte elle-même et d'Irène, ce onzième volume voit alors Kei Ohkubo nous apporter de nombreuses richesses sur les deux jeunes femmes, au travers de différentes étapes où, petit à petit, elles parviennent à se confier l'une à l'autre en s'accordant une confiance mutuelle ainsi qu'une amitié de plus en plus évidente. Cela passe différentes étapes, à commencer par une petite discussion de départ qui déviera ensuite sur la notion d'amour et de passion, avec à la clé un petit passage on ne peut plus intéressant sur le désir d'Irène d'aller à la rencontre d'une courtisane dont on dit qu'elle est devenue malheureuse à cause de l'amour, chose que la jeune espagnole ne peut se résoudre à accepter si facilement. Le cas de la dénommée Nanna est vraiment intéressant, en premier lieu pour l'histoire personnelle de cette femme trahie par celui qu'elle aimait, ainsi que pour la vision qu'elle nous offre de la condition des courtisanes/prostituées de l'époque, vivant dans la misère et plus vue par sa maquerelle comme une marchandise que comme une humaine... Mais sous les yeux impressionnés d'Arte, c'est aussi Irène elle-même qui gagne beaucoup au fil de ce passage, où elle ne juge aucunement cette courtisane d'un rang inférieur et vivant dans la misère, et où elle fait montre d'un fort désir d'échange, de compréhension, tout en affirmant la vision très forte qu'elle a de l'amour.

Personnage aussi bienveillant que fort de caractère, Irène est une femme finalement assez complexe, et le sera encore par la suite, avec sa personnalité parfois peu évidente à suivre pour Arte mais toujours ouverte, et d'autant plus ouverte qu'elle finira bien par confier à notre héroïne une face de son passé, de ce qu'a vécu sa mère Juana et de la situation en Castille, des choses qui se rattachent très bien à l'Histoire de l'époque tandis que la mangaka offre sa propre vision de Caterina de Castilla avec cohérence. Mais au fil des échanges entre les deux jeunes femmes, c'est donc forcément aussi Arte qui se révèle plus, en finissant par dévoiler à son interlocutrice (et au lecteur par la même occasion) bien des choses, vite et bien: son enfance dans une famille aimante, la manière dont ces moments heureux ont changé sous l'impulsion de sa mère, la façon toute naturelle dont est né son désir de devenir artiste-peintre à une époque où il n'y avait pas de femmes-artistes, tout ce que Leo représente pour elle en l'ayant acceptée en apprentie quand tout le monde la rejetait... Un passage passionnant, pour plusieurs raisons: il montre à nouveau la passion d'une Arte vraiment plaisante dans son désir d'indépendance à une époque où cela était très difficile pour les femmes, nous en apprend plus sur elle et ses parents (et puis, Arte enfant a de sacrées bonnes bouilles), évoque encore un aspect de la condition féminine d'alors où les femmes étaient quasiment obligées de se marier pour protéger leurs biens vu qu'elles n'avaient aucun accès à l'héritage, et exploite rapidement mais habilement le contexte historique de l'époque pour Florence, entre la papauté, les troupes espagnoles et la rivalité avec d'autres villes.

Arte s'offre alors ici un volume aussi riche que prenant. Comme on pouvait s'y attendre, l'arc autour d'Irène gagne de plus en plus en intérêt, d'autant que Kei Ohkubo sait exploiter comme il se doit tous les différents éléments de son histoire. Et au vu de la fin du volume, la suite devrait être tout aussi passionnante, voire plus encore.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction