Arpeggio of Blue Steel Vol.1 - Manga

Arpeggio of Blue Steel Vol.1 : Critiques

Aoki Hagane no Arpeggio

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 22 Février 2022

L'audace des jeunes éditions Noeve n'aura pas manqué de surprendre. Parmi les choix uniques de la maison, il y a bien évidemment le travail remarquable sur les ouvrages en tant qu'objet, le choix d'accompagner les différents tomes de cartes illustrées (créant déjà un sens fort de la collectionnite chez certains lecteurs), et bien évidemment les grands moments d'annonce, dévoilant de nombreux titres dont certains affichent une certaine longueur, tout en étant toujours en cours de parution.

Parmi ces séries, il y a Arpeggio of Blue Steel, l'un des titres dévoilés en décembre 2020. Une œuvre que l'on doit au binôme Ark Performance, connu notamment pour son Commando Samouraï 1549, tandis que l'œuvre en elle-même a profité d'une adaptation animée qui nous a été rendue disponible. Concernant les auteurs, ils sont très actifs depuis les années 2000, et ont notamment travaillé sur plusieurs mangas Gundam, l'un des plus récents étant Twilight Axis. L'information est importante tant la plus grande saga de robots géants semble avoir influencé le duo pour ce récit que nous découvrons.

Arpeggio of Blue Steel est en cours de parution depuis 2009 dans le magazine Young King Ours de l'éditeur Shônen Gahosha, sous le titre original Aoki Hagane no Arpeggio. Un récit long puisque les 22 tomes ont été atteint en décembre dernier, la fin du manga n'étant toujours pas actée.

Dystopie, la série d'Ark Performance nous projette dans un XXIe siècle où le réchauffement climatique a mené à une coulée d'une grande partie des continents sous la mer. A ce même instant est apparu la « flotte brouillard », une flotte de guerre douée d'une conscience propre, dans laquelle chaque navire est incarné par un noyau-union, une entité sous forme de jeune fille manipulant l'engin. Puissante, la flotte brouillard a mis en déroute les armées navales du monde entier, recluses sur elles-mêmes.
Dix-sept ans après ces événements, un équipage singulier est parvenu à trouver sa place sur les mers : La flotte de Gunzô Chihaya, à bord du sous-marin l-401. Ce dernier est en réalité l'un des vaisseaux ennemi, qui a pactisé avec l'humanité. Aux côtés de ses hommes et d'Iona, noyau-union de l'engin, le chef d'équipage s'apprête à accepter une mission dont pourrait dépendre le destin de l'humanité.

Le premier tome d'Arpeggio of Blue Steel fait partie de ces démarrages qui pourrait laisser le lecteur dubitatif sur ses premières planches. Projetés directement dans l'action, on ne sait vraiment définir la nature des enjeux, ni celle de la politique. Une jolie façade de la part du duo de mangaka qui ne fait que diriger notre intérêt vers la dimension action du récit, avant que la contextualisation ne définisse clairement l'univers qui gagnera en précision au fil des pages, tandis que la nature de l'ennemi s'illustrera peu à peu.

On assiste alors aux prémices d'un récit dystopique, mêlant guerre navale d'envergure mondiale à un zeste de science-fiction grâce à l'intrigante flotte brouillard, des navires presque mystiques incarnés par de jeunes filles aussi ravissantes qu'énigmatiques. Ark Performance joue justement sur ce contraste entre les jolies demoiselles et la complexité du conflit opposant l'humanité à ces entités. Le pourquoi du comment ne nous est pas révélé et constituera certainement un point central de l'histoire, tout comme la nature même de ces formes de vie ennemis, exception faite d'Iona dont on ne demande qu'à en apprendre plus concernant ses intentions.

C'est donc dans ce cadre et par cette trame prometteuse qu'évolue l'équipage de Gunzô, dont la mission confiée précipite l'histoire et les scènes d'action nombreuses de ce premier opus. Si nous évoquions plus haut le travail du duo sur Gundam, ce n'est pas anodin. Celui-ci cite même la saga en postface, d'un air assez innocent, mais c'est bien la nervosité des champs de bataille opposant navire colossal à navire colossal qu'on ressent en ces pages, impliquant armes nouvelles et tirs destructeurs à l'esthétique digne des conflits spatiaux ses séries de space opéra. A grand renfort d'une terminologie précise, Ark Performance joue sur cet aspect militaire ravageur, sans trop de gravité par moment, mais efficace par certaines planches misant sur le spectaculaire. Les amateurs du genre resteront difficilement indifférent, et encore moins les adeptes des séries telles que Gundam.

Le plus complexe dans un tel récit, c'est sans aucun doute l'exercice d'équilibre à exercer. Jouer sur ces figures féminines pour incarner des navires de guerre, au delà de l'aspect surnaturel que cela représente, pouvait s'avérer casse gueule. L'une des forces de ces débuts d'Arpeggio of Blue Steel vient de cette capacité à ne pas être trop racoleur, jouant davantage sur le charisme visuel des demoiselles plus que leur côté affriolant. Une intention à laquelle se greffe toute l'ampleur d'un scénario qu'on a déjà hâte de découvrir plus en détails, et tandis que le dosage entre moment d'intrigue et scènes d'action est habilement calibré pour l'heure.

Réussite, donc, pour ce premier opus d'une série longue, et dont en attend forcément beaucoup, en espérant qu'Ark Performance a réussi à développer cette intrigue sans redondance au fil des opus et des années. A noter que Noeve a publié les deux premiers tomes en simultanée, une belle idée pour se faire un avis clair du potentiel de l'œuvre.

Et puisque la qualité de l'édition est un facteur déterminant dans un ouvrage de l'éditeur, il convient d'apprécier les choix proposés pour Arpeggio of Blue Steel. Concernant la couverture, Noeve a joue sur un papier mat garni de vernis selectifs et d'effets de relief, pour un livre à l'agréable cachet, sans trop en fait pour autant. Elsa Pecqueur a travaillé une adaptation graphique judicieuse, notamment par un logo en phase avec l'univers de la série, tandis que la traduction de Yukio Reuter sonne juste, un exercice sans doute peu évident étant donné le folklore sur lequel joue le récit.
Enfin, signalons les évidences : Un papier de qualité tout à fait honorable, la présence des pages couleur de l'édition nippone, et l'inévitable carte à collectionner mettant ici en exergue la jeune Iona.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs