Anamorphosis : Critiques

Anamorphosis no Meijû

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 11 Octobre 2012

Après l'impensable Carnets de Massacre et le déroutant Fraction, Shintaro Kago nous revient toujours chez l'éditeur Imho avec un Anamorphosis dans la même veine que ses prédécesseurs ! Toujours aussi gore, aussi morbide, et aussi drôle pour qui sait cerner son humour, l'auteur nous conquit une fois de plus dans un huit-clos des plus originaux suivis par des histoires courtes mais pourtant si glauques !

Anamorphosis est donc un recueil de nouvelles dont la première et aussi la plus longue donne son titre au manga. Cette histoire éponyme nous emmène dans un jeu malsain où plusieurs personnes ont été invité afin de passer 48h dans un bâtiment abritant une maquette d'un quartier résidentiel de Tokyo. Le défi en soi ne paraît pas insurmontable, cependant ce bâtiment est en réalité l'ancien plateau de tournage d'une émission TV qui aurait été annulée suite à la mort d’un des participants ! Les invités vont donc devoir cohabiter avec le fantôme de cet ancien participant et ceux qui auront survécu pourront se partager une grosse somme d'argent, ainsi moins il y aura de gagnants, plus la somme sera grande...alors qui faudra-t-il craindre le plus : le fantôme ou les participants adverses ?

L'histoire d'Anamorphosis commence dès sa première page à surprendre : on suit une présentatrice TV ainsi que son équipe en train de pénétrer dans une maison afin de kidnapper un homme qui sera costumé durant son sommeil en affreux monstre. C'est d'ailleurs cet homme qui sera victime quelques pages plus tard d'un tragique accident, amenant donc d'après les rumeurs son fantôme sur le plateau du tournage. Sur une durée d'environ 130 pages, on nous propose de suivre l'aventure sur deux aspects s'alternant l'un à l'autre, le premier étant parmi les candidats tous un peu perdus dans ce bâtiment avec chacun une vision différente du jeu. Le second aspect lui nous fait suivre le jeu sous les yeux d'un réalisateur et de son assistant (ou plutôt son larbin) qui veulent réaliser un film avec des moyens "à l'ancienne". Si on ne comprend pas trop leur rôle au début du récit, leur importance grandit peu à peu au fil des pages jusqu'au final bluffant.
Tout comme les joueurs, le lecteur se voit surpris plusieurs fois à la lecture d'Anamorphosis : des évènements étranges interviennent régulièrement, on se sent également perdu et les héros pensant que tout ceci n'est qu'un jeu et que toute mort est improbable se voient disparaître l'un après l'autre après avoir vu des choses qui sortent de l'ordinaire. Pourquoi certains personnages rapetissent ? Ou bien alors seraient-ce les autres qui grandissent ? Et puis sommes-nous dans un Tokyo réel, une maquette à l'échelle humaine ou encore dans un rêve ? Tant de questions se posent au fil du récit, et c'est ça qui fait la force d'Anamorphosis : on est complètement perdu jusqu'au final bluffant où l'on se rend compte que nous ainsi que les participants ont été manipulés de bout en bout ! Mais par qui, ça, c'est à vous de le découvrir...
L'auteur aura donc été talentueux sur son histoire en réussissant à nous captiver bien que l'on soit égaré dans un contexte que nous ne cernons pas et en nous choquant avec un final remarquable, décrit seulement par des dessins et nous faisant comprendre pourquoi l'histoire porte ce titre. Bref, une très bonne histoire qui prend toute son ampleur au fur et à mesure que l'on avance dans sa lecture, et le mieux dans tout ça c'est que plusieurs histoires toute aussi remarquables suivent celle-ci !

Suite à Anamorphosis c'est donc bien 9 nouvelles de 8 pages chacune qui suivent l'histoire éponyme et dans celles-ci on retrouve l'auteur sur le même ton employé que dans Carnets de Massacre et Fraction : des histoires courtes, morbides, gores mais drôles !
Sur ce dernier aspect, il faut savoir que c'est un humour particulier : si la moindre vue du sang vous donne des nausées, passez clairement votre chemin car Shintaro Kago est loin de se limiter à ce liquide pourpre, en effet il préfère s'amuser avec tout ce qui est tripes, cerveaux et sexes ! A la lecture de ses histoires, on ne rit pas à la manière que l'on rit devant un bon manga comique, ici c'est plutôt une sensation de gêne mêlée à un rire nerveux, l'auteur s'amuse en effet de situations carrément improbables dans la vie réelle.

Au programme de ce sanglant menu, nous trouvons "Sagiri Tengai, détective de choc et de charme", une petite nouvelle nous faisant suivre une jeune fille qui se prend pour une détective, cependant celle-ci n'hésite pas reproduire la scène du meurtre pour élucider un mystère, et quand on sait que la victime est décédée lors de débats sexuels à tendance sadomasochiste, on vous laisse imaginer la scène... A noter que cette histoire est sans doute la moins malsaine de tout ce qui va suivre et prend l'allure de gag manga, il ne serait pas étonnant de trouver d'autres histoires de ce même personnage dans d'autres recueils.
"La Femme-pluie" est une nouvelle complètement surréaliste où l'héroïne amène la pluie à chaque fois qu'elle sort dehors, ce qui attire un scientifique qui veut créer une race d'humains qui pourrait faire pleuvoir les nuages à leur guise et manipuler au final la météo du monde entier ! Encore un délire bien farfelu de l'auteur mais complètement assumé !
"Un petit quelque-chose" nous conte les aventures d'un couple, une lycéenne et son professeur qui ne pense qu'à coucher avec elle. Dès que cet homme veut grimper sur sa concubine, la voisine tape à leur porte pour venir leur apporter à manger. Pourquoi ? La réponse à cette question se trouve à la fin et est loin d'être des plus joyeuses...
"Les reclus" est sans doute l'histoire la plus moche au plan physique. Tous les enfants refusent d'aller à l'école et de ce fait ils deviennent d'énormes entités incapables de sortir de leur chambre avec des bourrelets sortant carrément des fenêtres, tout comme le pénis des garçons. Le terme "ero-guro" prend tout son sens dans cette nouvelle bien crade qui en dégoutera plus d'un !
"Objets perdus" continue sur la voie malsaine du manga avec l'histoire d'une jeune fille qui subit une opération au ventre mais dont les médecins ont oublié leurs outils à l'intérieur. Seulement après cette intervention, tout le monde se retrouve à avoir un objet coincé dans le ventre de la pauvre jeune fille, même les passants ! Celle-ci se retrouve donc avec un estomac béant dont tout le monde profite pour ranger ses affaires... Encore un récit bien trash et impensable donc, qui nous fait rire tellement cela devient n'importe quoi pour notre plus grand plaisir...
"Massacres" nous parle de malédictions et nous entraîne dans un monde où tout le monde serait possédé par un maléfice datant d'une vie antérieure. En gros, une fille va se retrouver à manger des rats et à perdre des écailles car son esprit possédait il y a longtemps le corps d'un homme assassinant de nombreux serpents. Un véritable commerce de malédictions s'installe devenant un énorme capharnaüm humain des plus impensables.
"Coups de main" est peut être l'histoire la moins amusante de l'oeuvre, reprenant un peu cette idée de possession d'esprit qui accompagne les gens de nos jours. L'héroïne a en effet l'esprit d'un sumo qui la suit et qui auparavant aider les gens à se suicider. Cette capacité va attirer des gens louches...
Celle qui suit, "Permutations", revient par contre dans un bon gros délire de l'auteur où les parties du corps permutent avec les objets ou d'autres parties du corps, ainsi un bébé pourra se retrouver avec un téton à la place de la bouche après la tété et donc la mère se retrouvera avec cette bouche au bout du sein. L'héroïne elle se retrouve également avec une bouche au bout du sein suite à une soirée arrosée dont elle ne se souvient pas de tout et va chercher où se trouve son téton. Drôle et originale, cette histoire a de quoi faire sourire tant le tout se retrouve être complètement farfelu et débile à souhait.
Enfin la dernière, "Transformation", nous conclut le manga avec une histoire à l'humour noir dont le final est assez inattendu. L'héroïne se réveille sur un lit complètement attaché et se demande ce qu'elle fait dans cet hôpital. Cependant celui-ci est loin d'être un hôpital comme les autres...

Comme à son habitude, Shintaro Kago nous aura offert des histoires déroutantes qui savent mélanger habilement le gore à l'humour ainsi qu'à l'érotisme. L'imagination ahurissante de l'auteur n'a de cesse de nous impressionner et on espère de tout coeur retrouver ses autres oeuvres éditées en France sous peu ! En plus de cela, les éditions Imho comme à leurs habitudes nous offrent un travail de qualité entre excellente impression et traduction de qualité (à part peut être une ou deux coquilles).

Si vous aimez le gore, les histoires sortant de l'ordinaire et les huit-clos qui vous prennent la tête tout en vous captivant, Anamorphosis est donc fait pour vous !


Kiraa7


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs