Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 16 Janvier 2025
Depuis la publication par Niho Niba de son incontournable Métamorphose en tout début d'année 2019, Shindo L est assurément devenu l'un des auteurs les plus emblématiques sur le marché français du hentai, en s'offrant également quelques incursions chez les autres éditeurs de mangas X dans notre pays. Et c'est précisément le cas avec l'ouvrage qui nous intéresse ici et qui est sorti dans la collection Seiko des éditions Dynamite en septembre dernier: Amours Impures.
De son nom original Junai-Irregulars, cet ouvrage d'environ 190 pages est sorti au Japon en 2014 chez l'éditeur Ti-Net, et regroupe six histoires (dont deux ont les mêmes personnages) qui ont initialement été prépubliées là-bas Buster Comic, Comic Mujin et Comic Mugen Tensei. Notons toutefois que, dans son pays d'origine, l'ouvrage compte en réalité sept histoires, l'un des récits ayant dû être supprimé pour la version française puisqu'elle réussissait le combo lolicon+zoophilie.
Une fille exaspérée par la perversité totale de son petit ami (à tel point qu'il porte ses culottes sur sa tête, et qu'il adore quand elle le martyrise) mais qui finit quand même par passer à l'acte avec lui. Ce même gars qui, un peu plus tard, découvrira que la mère de sa copine est une sacré vicieuse. Une découverte particulière de l'industrie laitière, où les vaches et taureaux sont remplacés par des femmes-vaches et des hommes-taureaux. L'intégration délicate, dans un club de football masculin, d'une talentueuse sportive ayant toutefois la fâcheuse tendance à être très, très excitée par les odeurs corporelles. Une empotée mais gentille et populaire employée qui suscite tellement la jalousies de ses collègues que celles-ci décident de lui tendre un vilain traquenard. Et la relation compliquée entre deux amis d'enfance et collègues qui, malgré les épreuves de la vie (suite à un accident, elle a été amputée de ses quatre membres, et il s'en sent coupable), continuent de s'aimer avec tendresse et de se soutenir.
Telles sont, dans les très grandes lignes, les différentes histoires que nous propose cette fois-ci un auteur qui n'est décidément jamais en manque d'idées, pour exploiter différentes choses à la fois.
D'un côté, certains fantasmes parfois mal vus (la domination féminine, les odeurs corporelles prononcées, les mamans, les amputations...), que Shindo L met en scène dans des ambiances assez différentes. Mais qu'il s'agisse initialement de sexe peu moral mais consenti, de relation tendre et pleine d'amour, ou de sauvage gangbang en forme de viol, l'idée de l'auteur en revient à chaque fois au plaisir que finissent par ressentir les personnages principaux en cédant pleinement à leurs désirs et lubies.
De l'autre côté, un régulier aspect assez critique de la société, comme l'auteur en a parfois l'habitude dans ses oeuvres (Métamorphose en tête). On pense notamment ici au regard acerbe sur le monde du travail et ses jalousies, à la place féminine dans un cadre sportif très masculin... et surtout, bien sûr, au récit sur les femmes-vaches, critique au vitriol de l'industrie laitière et de ses dérives. A l'image de métamorphose, cette histoire en particulier ne fait pas semblant et dérange, si bien que ce n'est pas pour rien qu'elle reste l'une des plus célèbres de la carrière de l'auteur.
Ajoutons à ça l'habituel dessin perçant et très courbé du mangaka, et on obtient un recueil qui se veut souvent provocant, qui ne fait pas dans la dentelle, et qui est dans tous les cas doté de plein de bonnes idées et d'une jolie diversité.
Concernant l'édition française, derrière la jaquette somme toute un peu austère, on trouve un papier assez épais et opaque, une qualité d'impression très correcte, quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, une traduction assez efficace du Studio Makma même si elle cède souvent à trop de grossièretés répétitives, un lettrage assez propre, et des onomatopées soigneusement traduites.