Amer beton - Intégrale - Actualité manga

Amer beton - Intégrale : Critiques

Tekkon kinkurito

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 28 Décembre 2009

La série Amer Béton, ou Tekkon Kinkreet, a d'abord été éditée par Tonkam sous la forme de 3 volumes. Cette série est l'œuvre Taiyou Matsumoto, auteur au style graphique et narratif très particulier qui donne un cachet à ses œuvres tout aussi étonnant. A l'époque de la première édition, l'auteur connait en France un petit succès d'estime mais le style peu accessible à première vue rebute encore.
La sortie d'un film d'animation reprenant l'histoire de la série est l'occasion de faire découvrir au plus grand nombre un auteur hors du commun mais aussi de rééditer cette série sous la forme d'un album unique.

Amer Béton, c'est l'histoire de deux jeunes enfants des rues, l'intrépide et sûr de lui Noiro et le fantasque Blanko dans la ville de Takara. Il s'agit d'une mégalopole s'inspirant autant de New-York que de Bombay ou Tokyo. Les deux gamins font la loi dans leur quartier passant leur journée à se battre contre d'autres voyous, à voler ou à tenter toutes sortes d'acrobaties sur les toits. Mais leur quotidien change quand les yakuza et un promoteur immobilier viennent s'intéresser à leur territoire. C'est le début d'une lutte inégale, de 2 David contre Goliath, qui passera par une séparation tragique des deux jeunes.

Le scénario de Matsumoto tire son originalité de son traitement. Se plaçant presque uniquement du côté du point de vue de chacun des enfants, tantôt Noiro et sa peur du Minotaure, monstre mythique de la ville, tantôt Blanko seul dans son univers propre, un peu autiste. Tout est symbolique, métaphorique. On retrouve alors de nombreux passages oniriques, une marque de fabrique de l'auteur, un passage quasi-obligatoire dans ses œuvres. Ce qui donne un titre moins linéaire qu'il n'y paraît, où le réel peu à peu se confond avec le rêve.
Mais la grande force (mais aussi faiblesse) de Taiyou Matsumoto, c'est son dessin. Un trait véritablement unique, comme une signature. Anguleux, approximatif, brouillon voire « moche ». C'est ce que l'on se dit au premier abord mais il n'en est rien. Le graphisme de Matsumoto n'a rien de japonais ou si peu, il s'inspire très clairement des travaux d'Enki Bilal et de Moebius. Les références à ce dernier sont terriblement évidente quand on observe les costumes de certains personnages. L'esthétique particulière de l'auteur ne laisse rien au hasard, le trait est bien plus maitrisé qu'on ne le croit et on s'en rend compte à la lecture. Ainsi la lecture est moins bien difficile qu'on ne pourrait le croire. C'est fluide, même si l'auteur aime casser son rythme à l'aide d'ellipses ou en glissant un rêve sans prévenir. Une lecture étonnante autant par le scénario que par le dessin.

Le travail effectué par l'éditeur sur cette réédition est appréciable. Le présent volume bénéficie d'une traduction et d'une adaptation graphique revues et corrigées. Tout est parfaitement lisible. Le papier et l'impression sont d'un bon niveau. Le tome arbore également une couverture cartonnée sans que celui-ci ne devienne trop rigide à la lecture. On regrettera cependant l'absence des pages en couleurs.

Un excellent titre hors de toute catégorie ou classification qui sera magnifiquement sublimé par le film d'animation des studios 4°C.


blacksheep


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Blacksheep
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs