Alice au pays des merveilles - Disney - nobi nobi! - Actualité manga

Alice au pays des merveilles - Disney - nobi nobi! : Critiques

Alice in wonderland

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Janvier 2020

Après un album illustré "Conte kawaï"" et une version "Classiques en manga", Alice au Pays des Merveilles est revenue fin 2019 aux éditions nobi nobi ! avec, cette fois-ci, une version estampillée Disney ! En effet, le catalogue de l'éditeur jeunesse accueilli une édition intégrale d'environ 340 pages de l'adaptation manga par Jun Abe du film réalisé pour Disney par Tim Burton en 2010. Ce manga est loin d'être nouveau en langue française: il est sorti une première fois chez Pika en 2 tomes en 2013, est revenu en 2016 toujours chez Pika en intégrale, et il n'est donc pas étonnant de le voir revenir à présent chez nobi nobi, l'éditeur jeunesse de Pika, qui depuis déjà un petit moment s'applique à rééditer les uns après les autres les mangas Disney précédemment sortis chez Pika (on peut citer les Kingdom Hearts, Princesse Kilala...). Et cette intégrale, sans forcément apporter quoi que ce soit de neuf par rapport aux précédents éditions (le contenu reste le même), s'avère de bonne facture: facile à prendre en mains grâce à une papier souple et léger, dotée d'une très bonne qualité d'impression, et bénéficiant d'une très belle jaquette aux effets vernis fins et travaillés.

Jun Abe nous propose donc ici de replonger dans le film de Burton, qui n'est pas à proprement parler une adaptation du roman d'origine de Lewis Carroll: Burton a effectivement imaginé une sorte de suite où Alice, rendue amnésique au retour de son premier voyage au Pays des Merveilles quand elle était enfant, pense que tout ceci n'était qu'un rêve. Un rêve qui toutefois vient encore la hanter dans ses rêves nuit après nuit. Ayant grandi avec en tête l'idée, transmise par son défunt père, qu'elle ne devait pas perdre de vue cette "imagination" faisant sa force, la jeune fille a désormais 19 ans, et s'ennuie mortellement dans la vie qu'on veut décider pour elle: les conventions adultes de l'époque l'étouffent, on veut lui imposer un mari car c'est un bon parti, elle surprend l'époux de sa soeur dans les bras d'une autre... Elle se sent malheureuse, dans l'incapacité de s'exprimer réellement et de choisir sa voie. Mais peut-être que tout va changer quand, une nouvelle fois, elle se retrouve à suivre le lapin blanc jusqu'à atterrir dans le Pays des Merveilles, où la situation est critique. En effet, voici des années que les habitants espèrent le retour parmi eux d'Alice, qui est vouée à y occuper un rôle essentiel en devant dénicher l'épée vorpaline et, avec celle-ci, vaincre le jabberwocky, terrible monstre à la botte de l'horrible Reine de coeur. A partir de là, le règne tyrannique de cette dernière pourrait cesser, et sa soeur la reine blanche pourrait prendre sa place.

Autant aimé que décrié (personnellement, je l'ai trouvé chiant à mourir), le film d'origine de Burton a pour principal intérêt de se réapproprier l'univers du roman d'origine pour plutôt en offrir une sorte de suite, au fil de la quelle les épreuves que vit Alice sont autant de moyens pour elle de s'affirmer afin de pouvoir faire face au monde adulte et d'affirmer ses envie dans une société aux conventions étriquées une fois revenue dans son monde. Une idée très intéressante qui passait toutefois par un schéma assez linéaire, sans grosses surprises et manquant parfois de rythme. Même s'il apporte quelques légères et secondaires différences par rapport au film, le manga de Jun Abe en suit le déroulement quasiment à la lettre, et souffre donc parfois des même problèmes que celui-ci: des personnages-phares un peu sous-exploités, des coups de mou, un certain manque de surprise... Néanmoins, le mangaka démontre bel et bien des qualités, tout d'abord via sa narration très claire, mais surtout dans son travail visuel. Tout en restant assez fidèle aux designs des personnages dans le film (la reine de coeur avec sa grosse tête, le look vieillissant d'Absolem, le Chapelier Fou, le lapin blanc, Tweedledee et Tweedledum...), le dessinateur sait y apporter sa petite touche personnelle au travers d'un trait assez riche et dense, ce qui se ressent encore plus dans la plupart des décors, très présents et soignés, si bien que les planches apparaissent rarement vides. A cela s'ajoutent une mise en scène souvent fluide, un design intéressant concernant Alice dont la palette d'expressions est diversifiée, et plusieurs effets crayonnés assez stylés, notamment lors de certains instants se voulant assez intenses. Tant et si bien qu'à titre personnel, là où le film m'a gonflé, la version manga m'a bien plu.

En ne se contentant pas d'offrir une adaptation "vite fait" du film de Burton, Jun Abe démontre de réelles qualités narratives et visuelles, faisant de son manga une petite réussite dans sa catégorie. Il s'agit d'une très bonne adaptation d'un film qui reste médiocre à mes yeux.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction