Académie Alice (l') Vol.1 - Actualité manga

Académie Alice (l') Vol.1 : Critiques

Gakuen Alice

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 01 Décembre 2015

Mikan et Hotaru ont toutes les deux 10 ans. La première est une fonceuse à moitié hystérique et complètement débile, tandis que la deuxième est pourvue d'une inexpressivité et d'un flegme qui confinent parfois au sadisme. Tout, dans leur caractère, les oppose. Et pourtant, Mikan et Hotaru sont le parfait exemple du fait que les opposés s'attirent, puisqu'elles sont les meilleures amies du monde. Jusqu'au jour où Hotaru part à Tokyo pour l'Académie Alice, un lieu mystérieux où est rassemblée l'élite de l'élite de la nation, et strictement interdit au public. D'abord désabusée par le déménagement de sa meilleure amie, Mikan finit par lui pardonner quand elle découvre la raison première qui l'a poussée à accepter d'entrer dans cette académie vue comme une véritable prison. Il n'en faut pas plus à cette petite boule d'énergie pour laisser derrière elle son grand-père seul avec une lettre d'adieu dans le but de rejoindre à son tour l'étrange Académie Alice... Qui sait, peut-être possède-t-elle, elle aussi, l'un de ces mystérieux pouvoirs pouvant lui ouvrir les portes de l'Académie ?

Avec l'Académie Alice, la mangaka Higuchi Tachibana signe son deuxième manga. Après un premier manga un peu plus dramatique, l'auteure avoue avoir cherché à offrir ici une oeuvre plus joyeuse, et l'on peut dire d'emblée que cet objectif est pleinement réussi, puisque l'on découvre en Mikan une héroïne résolument délirante. Véritable boule d'énergie ne s'arrêtant jamais, elle fait preuve d'un dynamisme qui lui vaut souvent d'être prise pour une grosse débile. Gamine un peu naïve, elle ne nous apparaît pourtant jamais comme une cruche, tant sa personnalité de fonceuse sincère prend facilement le pas sur tout le reste. Et c'est bien là l'une des grosses qualités de la mangaka: il ne lui faut que quelques dizaines de pages pour rendre son héroïne pourtant idiote extrêmement attachante.
A côté de ça, on ne peut que saluer le personnage de Hotaru, à l'opposé de notre héroïne. Contrastant à merveille avec Mikan, elle s'avère pourtant tout aussi attachante qu'elle, tant sa personnalité s'avère bien définie dès le départ. Et au final, on se retrouve d'emblée avec, en guise d'héroïnes, un duo de choc très efficace, aux caractères opposés et coulant pourtant de source.

C'est en se basant sur ces deux personnages que Higuchi Tachibana va poser les bases de son histoire, ce qu'elle va faire vite, très vite, puisqu'il ne faudra pas attendre très longtemps avant de voir Mikan partir jusqu'aux portes de l'Académie et se faire repérer par un professeur délirant qui va décider de lui laisser sa chance, car semble-t-il, notre héroïne possèderait elle aussi un pouvoir particulier qui lui permettrait de devenir une "Alice".
A partir de là, les rebondissements vont s'enchaîner. Prise en test dans l'Académie, Mikan va devoir passer un test pour être définitivement acceptée, ce qui va lui permettre de faire rapidement la connaissance de certains lieux du campus et, surtout, de rencontrer celles et ceux qui seront, peut-être, ses futurs camarades de classe. Et de ce côté-là, on se régale à nouveau, tant Tachibana excelle dans l'art de dépeindre des personnages tous différents, amusants et devenant instantanément intéressants, à commencer par le duo Natsume-Luca, deux garçons faisant la loi dans leur classe au point d'avoir leur propre fan-club (dirigé par une présidente complètement débile aussi, cela va de soi), et dont on se régale en découvrant les caractères respectifs. Et si l'on devine que le bougon et rebelle Natsume possède sa part de mystère et aura une place importante dans la suite du récit, on s'amuse beaucoup en découvrant le faux mauvais garçon qu'est Luca.

Au final, on ne peut que saluer la verve avec laquelle Tachibana met en place les éléments de base de son histoire. Au bout d'un volume, on connaît déjà les grandes lignes des particularités de l'Académie Alice, des caractères bien marqués des quelques principaux personnages déjà présentés, de la raison pour laquelle l'Académie existe, et de la nature de leur pouvoir. Pas de mystère fou autour de celui de Mikan, révélé dès ce premier tome.

Riche et survolté, ce premier tome doit beaucoup à l'humour, grandement porté par des personnages comme Luca ou Mikan, notamment quand cette dernière est en duo avec son amie Hotaru, mais aussi par le fait que la mangaka ne prenne absolument pas ses jeunes lecteurs pour des idiots. Ici, pas de niaiserie exagérée, mais une gestion bien huilée de rebondissements allant parfois loin dans le délire: poussin géant affamé, ours en peluche frappant tout ce qui bouge, prof ultra-séducteur ou à la limite du masochisme, élèves très caractériels... Higuchi Tachibana ne se limite pas, montre clairement sa volonté de ne pas offrir un divertissement aseptisé, et c'est tant mieux.

Visuellement, on est encore loin d'avoir affaire à un coup de crayon parfaitement maîtrisé, les inégalités au niveau des visages étant régulièrement visibles, mais le tout fait preuve d'une personnalité indéniable. Tous les personnages, pourtant déjà nombreux dès ce premier tome, sont facilement reconnaissables et s'avèrent être très expressifs. De manière générale, c'est l'ensemble du travail de l'auteure qui dégage une expressivité et un charme certains, les nombreux petits blablas offrant également une certaine richesse au background, contribuant à apporter un aspect chaleureux et donnant l'impression que l'on connait tout ce petit monde depuis longtemps, en plus d'apporter une lecture assez longue si l'on fait attention à tout. Un rythme très soutenu est mis en place dès les premières pages, et il semble difficile de décrocher tant les évènements s'enchaînent et l'humour est bien dosé.

Avec ce premier volume, Higuchi Tachibana annonce parfaitement la couleur. Les bases sont bien mises en place sans le moindre temps mort, les révélations sont déjà nombreuses et les choses ne traînent donc pas, les personnages sont tous intéressants et attachants, à commencer par ce duo d'héroïnes assez délicieux, l'humour est efficace et apporte beaucoup au charme du volume, et la mangaka instaure juste ce qu'il faut de mystère, notamment autour de Natsume, pour donner envie de connaître la suite au plus vite. Par exemple, on devine que les mystères de l'Académie Alice sont nombreux et que la découverte du moindre de ses recoins va être longue et riche, on s'interroge sur les différents pouvoirs des élèves, on devine que certains personnages, à commencer par Hotaru, pourraient jouer un rôle crucial, et l'on attend de découvrir les facettes les plus sombres de Natsume. Dans tous les cas, on sent bien que la comédie fantastico-scolaire de Higuchi Tachibana pourrait devenir un peu plus sombre par la suite.
Tant et si bien qu'après un seul petit volume, l'Académie Alice se classe parmi les shôjo en cours de parution les plus prenants et attachants, ni plus ni moins ! A présent, on attend surtout de voir si la suite sera à la hauteur de cette introduction quasiment parfaite.

Une introduction quasiment parfaite, ce qui est malheureusement loin d'être le cas de l'édition que nous offre Glénat. Si la qualité d'impression reste correcte, on ne peut pas en dire autant du reste. Régulièrement, la version française laisse passer des coquilles grammaticales ou orthographiques assez gênantes, mais le pire n'est pas là, puisque l'adaptation graphique et le lettrage offerts par GB One sont d'une horreur sans nom. Régulièrement, des coquilles assez incroyables se glissent au niveau des choix de police, les inversions de bulles ne sont pas rares et rendent régulièrement certains dialogues à la limite de l'incompréhensible, si bien que le confort de lecture en souffre beaucoup. Cela est véritablement dommage, et l'on ne peut qu'espérer un regain de qualité par la suite. On se consolera avec une excellente couverture, bien retravaillée, mais ce n'est là qu'une maigre consolation pour une édition bien en deçà des qualités montrées par ce premier tome.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs