Brève histoire du Robo-Sapiens (une) - Coffret - Actualité manga
Brève histoire du Robo-Sapiens (une) - Coffret - Manga

Brève histoire du Robo-Sapiens (une) - Coffret : Critiques

Robo Sapiensu Zenshi

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Mars 2021

Noeve Grafx est un jeune éditeur qui, depuis son lancement fin 2020 avec les séries Veil et Spe-ope, a déjà su attirer l'attention, avec des éditions présentées comme très qualitatives (à l'image du sublime coffret de Veil, justement) et, surtout, un début de catalogue où ça frappe déjà fort, entre l'arrivée de séries très populaires et parfois longtemps attendues (Welcome to the Ballroom, Rent-a-Girlfriend) et, à côté de ça, des oeuvres à la patte bien plus personnelle et pouvant même être vu comme de vrais paris. Sur ce dernier créneau, on a déjà eu Veil fin 2020, on attend avec impatience C'est un Mystère de la géniale Yumi Tamura fin avril... et entre les deux, en ce mois de mars, on se retrouve donc avec Une brève histoire du Robo-sapiens, une série de science-fiction en deux volume qui fut joliment remarquée au Japon.

Grand Prix du 23e Japan Media Arts Festival catégorie manga, 2e au classement Kono manga ga sugoi 2020, conçu par un artiste lauréat du 12e prix Osamu Tezuka catégorie Nouveauté en la personne de Toranosuke Shimada (dont c'est la première publication française), cette oeuvre d'anticipation a été prépubliée au Japon en 2018-2019 dans le magazine Morning Two de Kôdansha sous le titre Robo Sapiensu Zenshi.

Le pitch de base de Robo-sapiens est assez simple: l'oeuvre nous immisce dans un futur qui semble lointain de quelques siècles à peine, et où l'évolution humaine a pris un véritable virage au fil du temps: les robots se sont désormais bien installés dans la société humaine, alors même que l'espèce humaine dépérit petit à petit, et que tout semble devoir la mener peu à peu à sa fin. C'est dans ce contexte que s'entrecroisent des robots androïdes qui, chacun, vaquent à leurs tâches ou à leur absence de tâches. L'une a pour mission de récupérer les robots, un autre a des fonctions médicales, d'autres encore sont bien plus libres... mais tous, dans cette époque où l'humanité est devenue plus discrète que les robots, se croisent de temps à autre, au fil d'une intrigue très ouverte, qui proposent des petits récits plus personnels au coeur d'un petit fil rouge quand même bien présent autour de Simon Chang, de Maria ou encore de Sachio.

Shimada nous offre alors une sorte d'essai un peu choral, où les ambiances peuvent être assez variées en allant de moment presque léger à des choses forcément plus tristes, et l'abord des personnages permet bien souvent au mangaka d'aborder divers aspects de cette société désormais en perdition, notamment les relations humains/robots qui pouvaient aller jusqu'au mariage, l'évolution de manière générale via le parcours de robots explorateurs du temps, ou des choses faisant écho à notre époque comme l'évocation d'une certaine explosion d'une centrale nucléaire ayant eu lieu bien des siècles avant le récit, précisément à l'orée de notre 21e siècle.

Un brève histoire du Robo-sapiens a, alors, quelques choses d'aussi simple que fascinant, et c'est également une ambiance unique que sert très bien la patte visuelle très personnelle de Shimada. Ici, aucune trame, aucune hachure, aucune nuance de gris ou de couleurs, et pas de traits très nombreux: tout repose uniquement sur le blanc et le noir, sur les aplats, sur les contraste que le dessinateur y apporte, pour un résultat tendant vers l'épure mais n'apparaissant jamais vide car les cases sont très bien occupées, les textes et les quelques onomatopées faisant aussi intégralement partie du dessin. Ajoutons à cela les lignes et designs à la fois simples et travaillés, et on obtient quelque chose de faussement naïf et de très maîtrisé.

Au bout du compte, Une brève histoire du Robo-sapiens est un expérience de lecture à part entière, à laquelle tout le monde n'accrochera sans doute pas, mais à laquelle on ne peut enlever un charme spécifique et une réelle maîtrise de style.

Qui plus est, à l'instar de Veil, il s'agit d'une oeuvre sur laquelle Noeve Grafx a mis les bouchées doubles en termes de qualité d'édition.
Déjà, on pourra simplement saluer la très bonne traduction de Ryoko Akiyama, et le choix intelligent de conserver telles quelles les onomatopées faisant partie intégrante du dessins. Mais à cela s'ajoutent des livres réellement magnifiques, avec un grand format adéquat, des jaquettes aux effets métalliques saisissants, avec pelliculage brillant et imprimées en plusieurs couches, et surtout un papier bien épais de qualité photos qui permet de mettre pleinement en valeur tout le travail de blanc/noir de l'artiste. Ajoutons à cela les petits plus déjà habituels de l'éditeur (bandeau, insert, carte à collectionner), et on obtient une édition luxueuse qui vaut facilement son prix de 12,90€ par tome.
Et pour les plus gourmand(e)s, l'éditeur a réitéré l'expérience de Veil en sortant également un coffret regroupant le deux tomes. Pour 26,90€ (donc 1,10€ de plus que les deux tomes unitaires), on a droit en plus à une troisième carte à collectionner et, surtout, à un coffret à la finition magnifique avec son aspect perlé et ses marquages métalliques.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs