6000 Vol.1 - Actualité manga

6000 Vol.1 : Critiques

6000 Rokusen

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 15 Janvier 2015

Kengo Kadokura est employé depuis plusieurs années dans une boîte japonaise qui vient tout juste d'être rachetée par une firme chinoise. Dans ce cadre, ses nouveaux supérieurs lui proposent de participer à une tâche plutôt délicate : préparer la réouverture de "Cofdeece", un système sous-marin révolutionnaire reposant à 6000 mètres de profondeur. Fruit d'une collaboration tendue entre une société japonaise et son partenaire chinois, ce grand complexe pouvant accueillir jusqu'à 50 personnes fut fermé 3 ans auparavant, après la mort des 32 occupants de l'époque dans ce qui semblait être un incendie.


En compagnie de son collègue Danzaki, Kengo accepte de participer à la mission, car il a toujours un crédit à rembourser, et qu'une telle mission lui rapportera sans doute pas mal d'argent.


Mais alors qu'il se prépare à une longue descente de 4 heures vers les profondeurs marines, Kengo apprend qu'il n'y retrouvera finalement pas son collègue, qu'il voit passer sur une civière, le coup ensanglanté. Il ne s'agit là que des funestes prémisses aux événements encore plus sordides qui l'attendent sous l'eau...


Continuant de varier les styles dans leur catalogue, les éditions Komikku nous amènent cette fois-ci un angoissant huis clos horrifique : 6000, série en 4 tomes signée Nokuto Koike (jusque là inconnu en France), prenant pour cadre un lieu d'emblée suffoquant : un complexe situé 6km sous l'eau, sans lumière naturelle, sans espace extérieur, sans possibilité de s'échapper rapidement en cas de pépin... Et des pépins, on devine rapidement qu'il y en aura, le drame de Danzaki n'étant qu'une goutte d'eau dans le vase.


Ce premier volume s'applique avant tout à mettre en place les choses. Héros assez banal, mais doté d'un certain caractère, Kengo a tout le loisir de découvrir certains de ses nouveaux collègues, et si certains paraissent assez faciles à aborder, comme l'ingénieure Miwa Kusakabe ou l'informaticien Shia Nozomi, d'autres adoptent un comportement un peu plus étrange, comme Mei Ling, jeune femme qui l'observe bizarrement, sans rien dire, dans la forêt artificielle du complexe. Mais la principale énigme concerne l'étrange Mr Wen, le supérieur de Kengo dans cette mission, qui se montre froid, autoritaire, et ne concède aucune information concrète sur le passé du complexe alors qu'il semble en savoir long. Que cache cet homme ? Quel et l'objectif réel de la société chinoise ? Voici des mystères bien mis en place, et qui confirment rapidement que le drame d'il y a 3 ans était sans doute bien plus sombre que la simple excuse de l'incendie donnée aux médias... L'énigme est d'autant plus opaque que certains autres protagonistes, dont les trois cités plus haut, semblent clairement chercher quelque chose allant au-delà de leur simple travail...


Bref, l'énigme est entière, le complexe complètement isolé inquiète facilement (claustrophobes s'abstenir), et forcément, cette ambiance mystérieuse ainsi que ce cadre restreint sont parfaits pour distiller peu à peu des éléments clairement angoissants.


Il y a, d'abord, des dysfonctionnements inexplicables, des systèmes qui déraillent, des messages muets qui parviennent aux émetteurs de la surface sans que personne ne les ait envoyés, des lumières qui s'éteignent et se rallument toutes seules, des bruits de pas à des étages où personne n'est censé être... Nokuto Koike se fait un plaisir de distiller nombre de petits éléments étranges et qui semblent échapper à toute logique, entretenant d'emblée l'ambiance.


Mais il y a, surtout, des visions, des apparitions, inexplicables. Ca commence doucement, avec ce que Kengo pense être des hallucinations, sur une case, puis sur deux, puis trois... et il n'est pas le seul à les avoir. Visions d'abord très floues, semblant n'être que de vagues ombres disparaissant vite, puis se faisant plus présentes, plus détaillées... et plus horribles, avec visages à moitié rongés par exemple. Tout ceci est-il bien réel ? Sont-ce des fantômes ? Ou sont-ce des êtres encore vivants ? Le mystère est pour l'instant entier, mais une chose est sûre : la folie qui commence à s'emparer des lieux, elle, est bien palpable, et est très bien mise en avant via une bonne utilisation de ces visions. Avec des nuances de gris et des effets de flou, et en les étalant de plus en plus au fil des pages, Nokuto Koike s'applique à en faire ressortir l'aspect inquiétant et fait peu à peu monter la tension, nous accrochant alors totalement.


Pourtant, dans les faits, on ne peut pas dire qu'il se passe réellement grand-chose dans ce premier volume, mais tout se met bien en place, et l'auteur instaure son petit univers et son ambiance oppressante avec talent.


6000 se présente comme un court manga horrifique très prometteur, alors savourez-le précieusement. Respirez, immergez-vous dans ces profondeurs marines, profitez de ce sordide divertissement jusqu'à vous laisser plonger dans l'angoisse. De toute façon, à 6000 mètres sous l'eau, personne ne vous entendra crier.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs