Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 10 Avril 2012
"Voici le premier tome de la plus belle romance du siècle." Telle est la façon dont les éditions Kwari, sur la quatrième de couverture, nous présentent le premier volet de 100% Perfect Girl, adaptation d'une nouvelle de Haruki Murakami par une auteure jusqu'alors inconnue en France, Wann, dotée d'une carrière pourtant déjà riche d'une quinzaine d'années d'expérience.
100% Perfect Girl, c'est l'histoire d'amour de deux êtres pourtant opposés en tout, que ce soit dans leur statut où leur lieu de vie. Jay est une lycéenne coréenne comme il en existe tant, plutôt jolie sans être une beauté fatale, ni pauvre ni riche... banale, en somme. Pourtant, quand le prince Jart, jeune dirigeant d'un pays lointain, la croise dans la rue lors d'un voyage d'affaires en Corée, il a un déclic : lui qui n'est jamais vraiment tombé amoureux vient de croiser celle qui est pour lui la fille 100% parfaite. Rentré dans son pays, il mettra tout en oeuvre pour la retrouver...
Une fille banale qui tape dans l'oeil d'un beau prince étranger... C'est cliché, très cliché, ça a été vu et revu des milliers de fois, et l'éditeur ne se trompe pas en parlant de Jay comme d'une Cendrillon des temps modernes. Tout fleure bon le déjà vu, et pourtant, ce premier volume a des arguments susceptibles de plaire au public qu'il vise, à commencer par un duo de héros plutôt attachant, sans qu'on ne s'en aperçoive vraiment sur le coup.
Si Jart est un cliché sur pattes du beau gosse étranger, riche et élancé, son caractère maladroit face à son amour pour Jay vient le nuancer. Franc avec lui-même, il possède une personnalité pourtant un peu éloignée des tombeurs à deux sous, alors qu'il est pourtant séduisant et attire évidemment la convoitise des femmes, dont une qui, on le devine, mettra du sel dans sa relation avec Jay. Cette dernière, de son côté, profite déjà d'un petit background efficace, sa mère ne laissant pas de place à ses rêves de Beaux-Arts afin de privilégier la carrière de son grand frère. Meurtrie dans ses rêves par une famille qu'elle ne peut toutefois détester, elle pourrait trouver du réconfort auprès de ce prince apparu soudainement devant elle comme dans un rêve. Mais les choses ne pourront être si faciles, et les sentiments d'abord non réciproques de Jart pour Jay causeront quelques ennuis dans ce premier volet.
Reste que concrètement, il faut bien avouer qu'il ne se passe pourtant pas grand chose, côté rebondissements, puisqu'il faut attendre la toute dernière page pour voir arriver un événement susceptible de faire réellement décoller l'histoire. En attendant de voir ça, Wann propose dans ce premier tome une introduction des personnages, et la lente naissance de leur relation, ponctuée de jeux d'éloignements et de rapprochements, d'interrogations, de petits rebondissements cousus de fil blanc et allant volontiers dans la plus grande facilité (le coup des retrouvailles par hasard sous le panneau, par exemple)... et ce sont ces petites choses qui offrent toute sa spécificité au récit. Rien ne se veut vraiment crédible, tout est romancé à outrance, les deux héros paraissent purs : bien que l'histoire se passe dans notre monde, on nage en plein conte de fées façon Cendrillon.
Visuellement, le coup de crayon de Wann ne possède rien de nouveau ou de très personnel : trait fin capable de s'épaissir quand il le faut, visages surtout portés par les yeux et la bouche, corps masculins élancés... Mais le tout est clair, s'adapte bien au récit.
100% Perfect Girl n'apporte absolument rien de neuf pour l'instant, tout est classique, mais la lecture s'avère efficace dans son genre. Ce premier tome inaugure ce qui se présente surtout comme un conte de fées moderne. La plus belle histoire d'amour de ce début de siècle (n'allons pas trop vite en besogne, nous ne sommes qu'en 2012), clairement pas. La plus romancée, c'est possible. Les amatrices du genre, les fans hardcore de contes de fées et de romances fleur bleue, seront ravies. Quant aux autres, cette oeuvre ne leur est clairement pas adressée.