Ce manga d’enquête infiltrée est extraordinaire ! 🤩 Et bien que l’histoire se passe au Japon il à une résonnance jusqu’en France. Cependant le manga se situe dans les années 90, années de sa parution, ainsi il pourrait être un peu daté niveau réfs pour un public post années 90 qui n’aurait pas bien connu ces années avec leurs faits divers de délinquance économique, qui a beaucoup évoluée de nos jours. 🤔
Concernant la direction artistique c’est du Tetsuo Hara, plus connu pour Ken le Survivant, avec ses gimmicks habituels de dessins sombres et de personnages musclés caricaturalement. Ainsi on a un "Ken le Survivant" grimé en agent libre de la brigade (brigand ? 😅) financière bourru avec un cigare, le cigare joue d’ailleurs un rôle de révélation de sa personnalité mais ça spoilerait. A l’introduction à la deuxième page on a même l’apparition de plusieurs chefs d’état bien connus dans le style de l’auteur, ainsi on peut s’amuser à voir le temps d’une case, Jacques Chirac en mode Survivant 😆 (au passage il y’a une petite erreur de traduction pour Schröder qui est chancelier). L’auteur aime introduire une dose de caricature qui peut prendre plusieurs sens comme la satire.
L’auteur a travers son jeu d’ombrages et son trait caricatural a obtenu une belle ambiance dans le genre film d’enquête et film Noir à son manga, bien qu’on pourrait aussi être un peu refroidit par le côté gros bills des persos mais je trouve que ça se voit beaucoup moins que dans d’autres de ses franchises, en tout cas je ne l’ai pas remarqué longtemps.
Il y’a parfois quelques petites touches de narration environnementale comme l’avertissement que se prend au début un chef comptable et qui montre en fait une sorte de copie écran du jeu Breakout, donnant un côté d’inutilité à ce papier et que c’est juste pour la forme, renforçant le côté mal gestion dont il est question.
Concernant cette histoire percutante de réalisme. Le manga est chapitré en mode « dossiers d’affaire » un peu comme un Nestor Burma, ainsi dans cette grande affaire de corruption et de fraudes impliquant banque, mafia et politiciens, on passe par plusieurs sous affaires qui se concluent à chaque fois avec une note d’univers sur un point clef du dossier (la loi du MEA, l’explication du "SWAT" japonais, etc), observant chronologiquement et par étape comment l’agent libre Nakabou Rintarou va parvenir à purger la banque Touzai et lessiver le personnel politique en cause. Activité à laquelle se mêlera aussi des problèmes familiaux de la part du héros et de certains antagonistes repentis qui le rejoindront plus ou moins volontairement, qui auront tour à tour un côté touchant par le drame ou parfois comique de situation (il y’a un peu de comédie qui marche bien, c’est léger et bien placé).
Le tome 1 se termine avec une petite touche sarcastique bien dans le ton qui pourrait se finir ainsi vu qu’on a du mal à voir comment les antagonistes vont s’en relever, même s’il y’a encore de la purge à faire du côté politique. Je pense que la série de deux tomes va s’articuler avec le T1 traitant de l’affaire en lien avec la banque et le T2 de l’affaire connexe en lien avec les politiques, qui semblent être tous du Parti Libéral Démocrate, soit la droite japonaise ou l’équivalent de la droite française de l’UMP quant elle agglomérait encore le centre et certains courants conservateurs.
Le héros pourrait se comparer à un Nicky Larson qui a aussi un genre similaire, sauf que là où Nicky Larson peut être très comique un bon quart de temps, Rintarou est très sérieux et n’est pas excentrique. Et contrairement à ce qu’on peut penser, Rintarou n’est pas très puissant et se veut vraisemblable, s’il peut parvenir à battre un adversaire il ne peut pas en battre plusieurs, l’obligeant à s’assurer d’autres moyens qui provoqueront autant la surprise du lecteur que des antagonistes. Et les repentis qui le rejoindront le compléteront ce qui le rend imparfait, faisant de Rintarou le meneur de toute une équipe vouée à un même objectif qui pourrait l’apparenter à un Vidocq.
Le manga se révèle excellent par son côté documentaire très recherché, on y trouve autant de la corruption politique réaliste avec des politiciens dont on reconnaitra sans mal que ce sont ceux qui se prétendent les plus vertueux qui sont en fait les pires, des relations incestueuses des pouvoirs économique et politique menant à des fraudes en tout genre, la mafia, les problèmes du BTP, les comptables fusibles, les escortes girls ou la variante femme trophée mariée, les maîtresses utilisées comme prête nom et coffre-fort, les procédés de dissimulation financières comme les paradis fiscaux, le fait que la police ou la justice doit parfois transiger avec l’injustice pour atteindre une proie plus grosse,... Le tout accompagné d’une arrogance de la part des antagonistes qui est très réelle, parfois accompagné du masque de la personne de bonne famille et soutenue par une partie de la société, ce qui ajoute une cruauté sociale. 👏
Tout cela résonne comme un miroir avec les faits divers français de la même époque ce qui transforme ce manga en chef d’œuvre documentaire, car il y’a eu maintes affaires, les partis de droite dans de nombreux pays sont assez connus pour être abonnés à ce genre de problèmes bien qu’il y’ait aussi la gauche mais elle tape en général différemment ce qui rend la recherche d’une solution judiciaire complexe car aucun parti important n’a d’intérêt alors à dénoncer son opposant et à pousser la justice à faire son travail. D’où le fait que le manga introduit une mécanique de solution radicale (mais qui ne fonctionnerait pas car on risquerait de finir comme avec certaines amendes où il y’a des contentieux car les agents sont trop zélés et... imaginatifs).
Par exemple dans le manga l’un des protagonistes dit : « tous ces clients qui se sont donnés la mort parce qu’ils étaient en faillite... toutes ces malversations que j’ai faites pour protéger ces politiques... » puis « La Touzai est impliquée dans la vente de cartes de membres exclusif à ce golfe ? oui... c’est une activité courante pour une banque... sauf que la Touzai force les patrons de PME à les acheter quand ils viennent demander un prêt, si tu as besoin d’un prêt à 30 millions par exemple, tu dois repartir avec une carte à 10 millions ».
Cela me rappelle entre autres le livre la Mafia des Tribunaux de Commerce qui a cette page de préface dont les faits sont aussi documentés dans la presse et les archives du parlement : « aux millions de victimes de la mafia des tribunaux de commerce : salariés devenus chômeurs, créanciers privés de leurs dû, dirigeants dépouillés de leurs biens. A mtre PM qui a payé de sa liberté son combat contre l’omerta ». Ainsi que tous les cadeaux et les organisations de fêtes dans certaines villes qu’il fallait faire pour obtenir un marché public à l’époque. Tout ce manga résonne avec les affaires françaises, affaires qui n’ont jamais eu de BD, donc ce manga à la particularité d’être à la fois l’une des rares histoires sur le thème financier mais en plus il se paye de le faire superbement avec pertinence. 🙂👏
Le manga est tout public comme un épisode de Nestor Burma de Guy Marchand (le CSA l’a mis à >14). En dehors des femmes comme dans Burma, il n’y a pas de violences comme dans Ken le Survivant, dans le Tome 1 il n’y a pas de morts, du moins dans la réalité.
Il ravira les fans d’enquêtes à l’ancienne comme on en avait avec Nestor Burma ou Nicky Larson, d’histoire de la police, les victimes des années 80-90, les comptables car c’est l’une des très rares histoires qui se concentre entièrement sur de la délinquance économique, ainsi que les policiers de la brigade financière et les inspecteurs fiscaux qui y trouveront une enquête très réaliste (mais romancé vu que le héros à des facilités légales). 😎👮👍
De Tristan Rintarou, le 18 Décembre 2025 à 18h52
Ce manga d’enquête infiltrée est extraordinaire ! 🤩 Et bien que l’histoire se passe au Japon il à une résonnance jusqu’en France. Cependant le manga se situe dans les années 90, années de sa parution, ainsi il pourrait être un peu daté niveau réfs pour un public post années 90 qui n’aurait pas bien connu ces années avec leurs faits divers de délinquance économique, qui a beaucoup évoluée de nos jours. 🤔
Concernant la direction artistique c’est du Tetsuo Hara, plus connu pour Ken le Survivant, avec ses gimmicks habituels de dessins sombres et de personnages musclés caricaturalement. Ainsi on a un "Ken le Survivant" grimé en agent libre de la brigade (brigand ? 😅) financière bourru avec un cigare, le cigare joue d’ailleurs un rôle de révélation de sa personnalité mais ça spoilerait. A l’introduction à la deuxième page on a même l’apparition de plusieurs chefs d’état bien connus dans le style de l’auteur, ainsi on peut s’amuser à voir le temps d’une case, Jacques Chirac en mode Survivant 😆 (au passage il y’a une petite erreur de traduction pour Schröder qui est chancelier). L’auteur aime introduire une dose de caricature qui peut prendre plusieurs sens comme la satire.
L’auteur a travers son jeu d’ombrages et son trait caricatural a obtenu une belle ambiance dans le genre film d’enquête et film Noir à son manga, bien qu’on pourrait aussi être un peu refroidit par le côté gros bills des persos mais je trouve que ça se voit beaucoup moins que dans d’autres de ses franchises, en tout cas je ne l’ai pas remarqué longtemps.
Il y’a parfois quelques petites touches de narration environnementale comme l’avertissement que se prend au début un chef comptable et qui montre en fait une sorte de copie écran du jeu Breakout, donnant un côté d’inutilité à ce papier et que c’est juste pour la forme, renforçant le côté mal gestion dont il est question.
Concernant cette histoire percutante de réalisme. Le manga est chapitré en mode « dossiers d’affaire » un peu comme un Nestor Burma, ainsi dans cette grande affaire de corruption et de fraudes impliquant banque, mafia et politiciens, on passe par plusieurs sous affaires qui se concluent à chaque fois avec une note d’univers sur un point clef du dossier (la loi du MEA, l’explication du "SWAT" japonais, etc), observant chronologiquement et par étape comment l’agent libre Nakabou Rintarou va parvenir à purger la banque Touzai et lessiver le personnel politique en cause. Activité à laquelle se mêlera aussi des problèmes familiaux de la part du héros et de certains antagonistes repentis qui le rejoindront plus ou moins volontairement, qui auront tour à tour un côté touchant par le drame ou parfois comique de situation (il y’a un peu de comédie qui marche bien, c’est léger et bien placé).
Le tome 1 se termine avec une petite touche sarcastique bien dans le ton qui pourrait se finir ainsi vu qu’on a du mal à voir comment les antagonistes vont s’en relever, même s’il y’a encore de la purge à faire du côté politique. Je pense que la série de deux tomes va s’articuler avec le T1 traitant de l’affaire en lien avec la banque et le T2 de l’affaire connexe en lien avec les politiques, qui semblent être tous du Parti Libéral Démocrate, soit la droite japonaise ou l’équivalent de la droite française de l’UMP quant elle agglomérait encore le centre et certains courants conservateurs.
Le héros pourrait se comparer à un Nicky Larson qui a aussi un genre similaire, sauf que là où Nicky Larson peut être très comique un bon quart de temps, Rintarou est très sérieux et n’est pas excentrique. Et contrairement à ce qu’on peut penser, Rintarou n’est pas très puissant et se veut vraisemblable, s’il peut parvenir à battre un adversaire il ne peut pas en battre plusieurs, l’obligeant à s’assurer d’autres moyens qui provoqueront autant la surprise du lecteur que des antagonistes. Et les repentis qui le rejoindront le compléteront ce qui le rend imparfait, faisant de Rintarou le meneur de toute une équipe vouée à un même objectif qui pourrait l’apparenter à un Vidocq.
Le manga se révèle excellent par son côté documentaire très recherché, on y trouve autant de la corruption politique réaliste avec des politiciens dont on reconnaitra sans mal que ce sont ceux qui se prétendent les plus vertueux qui sont en fait les pires, des relations incestueuses des pouvoirs économique et politique menant à des fraudes en tout genre, la mafia, les problèmes du BTP, les comptables fusibles, les escortes girls ou la variante femme trophée mariée, les maîtresses utilisées comme prête nom et coffre-fort, les procédés de dissimulation financières comme les paradis fiscaux, le fait que la police ou la justice doit parfois transiger avec l’injustice pour atteindre une proie plus grosse,... Le tout accompagné d’une arrogance de la part des antagonistes qui est très réelle, parfois accompagné du masque de la personne de bonne famille et soutenue par une partie de la société, ce qui ajoute une cruauté sociale. 👏
Tout cela résonne comme un miroir avec les faits divers français de la même époque ce qui transforme ce manga en chef d’œuvre documentaire, car il y’a eu maintes affaires, les partis de droite dans de nombreux pays sont assez connus pour être abonnés à ce genre de problèmes bien qu’il y’ait aussi la gauche mais elle tape en général différemment ce qui rend la recherche d’une solution judiciaire complexe car aucun parti important n’a d’intérêt alors à dénoncer son opposant et à pousser la justice à faire son travail. D’où le fait que le manga introduit une mécanique de solution radicale (mais qui ne fonctionnerait pas car on risquerait de finir comme avec certaines amendes où il y’a des contentieux car les agents sont trop zélés et... imaginatifs).
Par exemple dans le manga l’un des protagonistes dit : « tous ces clients qui se sont donnés la mort parce qu’ils étaient en faillite... toutes ces malversations que j’ai faites pour protéger ces politiques... » puis « La Touzai est impliquée dans la vente de cartes de membres exclusif à ce golfe ? oui... c’est une activité courante pour une banque... sauf que la Touzai force les patrons de PME à les acheter quand ils viennent demander un prêt, si tu as besoin d’un prêt à 30 millions par exemple, tu dois repartir avec une carte à 10 millions ».
Cela me rappelle entre autres le livre la Mafia des Tribunaux de Commerce qui a cette page de préface dont les faits sont aussi documentés dans la presse et les archives du parlement : « aux millions de victimes de la mafia des tribunaux de commerce : salariés devenus chômeurs, créanciers privés de leurs dû, dirigeants dépouillés de leurs biens. A mtre PM qui a payé de sa liberté son combat contre l’omerta ». Ainsi que tous les cadeaux et les organisations de fêtes dans certaines villes qu’il fallait faire pour obtenir un marché public à l’époque. Tout ce manga résonne avec les affaires françaises, affaires qui n’ont jamais eu de BD, donc ce manga à la particularité d’être à la fois l’une des rares histoires sur le thème financier mais en plus il se paye de le faire superbement avec pertinence. 🙂👏
Le manga est tout public comme un épisode de Nestor Burma de Guy Marchand (le CSA l’a mis à >14). En dehors des femmes comme dans Burma, il n’y a pas de violences comme dans Ken le Survivant, dans le Tome 1 il n’y a pas de morts, du moins dans la réalité.
Il ravira les fans d’enquêtes à l’ancienne comme on en avait avec Nestor Burma ou Nicky Larson, d’histoire de la police, les victimes des années 80-90, les comptables car c’est l’une des très rares histoires qui se concentre entièrement sur de la délinquance économique, ainsi que les policiers de la brigade financière et les inspecteurs fiscaux qui y trouveront une enquête très réaliste (mais romancé vu que le héros à des facilités légales). 😎👮👍