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Le test du jeu video:

Publié le Vendredi, 08 Septembre 2017

Figurant parmi les genres-vedettes du jeu vidéo dans les années 90, le jeu d'aventure en point'n click a connu quelques années de disette à partir de la fin de cette même décennie, si bien que certains le disaient mort. Alliant des scénarios souvent poussés à des énigmes basées sur des dialogues, des actions et autres combinaisons d'objets, le genre conservait pourtant ses fans, désireux de voir arriver de nouveaux softs de bon calibre. C'est alors qu'en débarquant avec leur jeu Runaway: A Road Adventure en 2003, les développeurs espagnols de Pendulo Studios furent un peu considérés comme des "sauveurs". Les aventures de Brian et de la sublime Gina sur PC, en plus de rafler quelques récompenses, ont rapidement conquis de nombreux joueurs dans le monde en relançant cette catégorie de jeux d'aventure à la souris. Depuis, les développeurs de Pendulo ont poursuivi tranquillement leur chemin en offrant quelques autres jeux, et outre les deux suites de Runaway et le dénommé The Next BIG Thing, les joueurs ont surtout pu retenir en 2012 l'arrivée d'un soft se voulant plus mature : Yesterday. Classifié 16+ à sa sortie (ce qui était jusque-là relativement rare pour des jeux de ce genre, cette histoire nous faisait suivre la quête d'identité de John Yesterday, un homme à la recherche de son passé. Les joueurs purent découvrir un scénario aux multiples rebondissements et ambitieux, qui valut au soft d'être très bien accueilli. Si bien que 4 ans plus tard, en novembre 2016, Yesterday s'est offert une suite, Yesterday Origins. Il s'agit à ce jour du dernier jeu de Pendulo, et également de la première incursion du studio sur consoles de salon (PlayStation 4 et Xbox One).



En tant que suite, disons tout de suite que Yesterday Origins a beaucoup plus d'intérêt si vous connaissez déjà Yesterday (ce qui implique de se le procurer sur PC ou sur smartphones, les seuls supports sur lesquels il est sorti), car en tant que suite direct le 2ème volet spoile allègrement toute la surprenante histoire du premier jeu. Qui plus est, connaître Yesterday vous permettra aussi d'apprécier plus en profondeur le récit de cette suite, et de mieux en comprendre certains éléments, et de vous intéresser encore plus facilement aux personnages, que ce soit les principaux ou les secondaires (plusieurs personnages d'Origins étant aussi présents dans Yesterday). Cela dit, Origins reste tout à fait compréhensible sans connaître son prédécesseur, mais simplement, il aura légèrement moins de saveur.

En tout cas, vous voilà prévenus : la suite de cette chronique de Yesterday Origins spoilera forcément les grandes lignes de l'histoire de Yesterday.



John Yesterday, le héros, est donc un homme immortel, qui vit depuis plus de 500 ans et qui, à chaque fois qu'il meurt, ressuscite à l'âge auquel il est décédé pour la toute première fois. A la recherche de sa mémoire dans le premier jeu, il a désormais conscience de sa nature, mais doit ruser pour s'en souvenir à chaque fois qu'il meurt, car chaque décès entraîne la perte systématique de sa mémoire. Heureusement, suite au premier jeu, il n'est plus seul à errer : il s'est trouvé en Pauline une petite amie ayant elle aussi acquis l'immortalité, mais conservant sa mémoire quand elle meurt. Ensemble, les deux amoureux tentent de garder une vie normale, en gérant un magasin d'antiquités hérité du père de Pauline. Mais quand une femme d'affaires acariâtre les approche pour peut-être racheter une ancienne statue japonaise, John ne sait pas encore que tout son passé, à travers les âges et jusqu'aux origines de son immortalité, est sur le point de le rattraper...

Ainsi, nous voici face à un récit qui nous emmènera de Paris à Amsterdam en passant par New York, l'Ecosse et l'Espagne, qui plus est à différentes époques. A ce titre, les premiers moments du jeu donnent bien le ton, en nous plongeant d'abord dans des geôles de l'Inquisition en 1501, avant de revenir dans le temps présent. Le soft offrira ainsi une succession de voyages dans le temps et dans différents pays, qui permettront de reconstituer peu à peu les origines immortelles de John, tandis que réapparaîtra devant lui celui qui fut à la fois son sauveur, son mentor, son ami et finalement son pire ennemi. La construction en puzzle est plutôt excellente et addictive, tant on apprécie reconstituer peu à peu les facettes des origines de Yesterday. Des facettes qui, par ailleurs, sont souvent loin d'être belles, les vies passées du personnage principal ayant parfois été très, très sombres et cruelles, celui ayant commis bon nombre d'horreurs... Alors, pourra-t-il se permettre une rédemption en vivant simplement avec Pauline ?



Les développeurs ont soigné l'histoire, mais aussi les graphismes et l'atmosphère.
Si le design des personnages ne plaira pas forcément à tout le monde, il constitue une marque de fabrique assez typique de Pendulo, et offre sans mal des physiques bien reconnaissables et assez marquants.
Quelles que soient les époques, les décors sont suffisamment détaillés et participent bien à l'ambiance. Conçus en 2D et se présentant comme des sortent de tableaux, ils se marient étonnamment bien avec les personnages en 3D, et l'on y sent bien toute l'expérience des développeurs dans le registre.
L'une des grandes réussites du jeu reste toutefois son humour omniprésent, souvent très cynique et noir, et qui passe essentiellement à travers une chose : les conseils et pensées données par une sorte de narrateur externe selon les actions que vous tenez de faire pour avancer dans l'histoire. Celui-ci offre un humour très caustique, grinçant ou sadique, n'hésite pas même à se foutre ouvertement du joueur quand il essaie des actions qui ne mènent à rien ou des combinaisons d'objets débiles... L'écriture est excellente, et le traducteur français semble s'être bien amusé.
Les textes ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir été adaptés dans la langue de Molière : l'intégralité des dialogues sont doublés dans notre langue, et le résultat est excellent. Les voix sont bien adaptées, chacun des comédiens de doublage est parfaitement impliqué dans son rôle, et cela contribue grandement à l'immersion.
A cela, il faut ajouter des musiques réussies, variant intelligemment selon les époques entre l'électronique, l'acoustique...



Pourtant, si l'histoire est prenante et bien construite, et si techniquement c'est très bon, il y a comme une petite frustration durant le jeu, due à deux choses.
Tout d'abord, sa brièveté. Les jeux d'aventure point'n click ont rarement été parmi les plus étoffés côté durée de vie, mais ici, on fait très vite le tour, et si l'on ne cherche pas à profiter à fond de toutes les possibilités concernant les dialogues et les textes, le soft peut très facilement se boucler en 4 ou 5 heures...
Ensuite, sa très grande facilité. De base, chaque chapitre/époque ne se compose que de quelques décors à explorer, de quelques personnages et d'une poignée d'objets, ce qui fait qu'on en fait assez rapidement le tour et qu'il n'y a pas à chercher longtemps pour comprendre quoi faire. Il est très rares de se retrouver vraiment bloqué, à chercher longtemps une solution, et cela vient aussi du système point'n click qui s'est vu facilité lors du passages sur consoles de salon : sur PC, la recherche d'objets et d'autres éléments demande quand même de parcourir l'intégralité des décors à la souris, mais sur consoles tous les endroits interactifs sont signalés par le signe x sur les décors, et il vous suffit de passer de l'un à l'autre avec les flèches de la manette...



Sans ces limites, Yesterday Origins aurait sans doute pu se hisser parmi les excellents jeux du genre, grâce à son histoire bien fichue (qui, en plus, s'offre une conclusion très bien tournée autour des limites de l'immortalité), à son style et, surtout, à son humour pas piqué des hannetons. Reste un bon soft, qui saura plaire aux amateurs d'aventure.

Chroniqueur: Koiwai


Note de la rédaction