Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Lundi, 07 Janvier 2013

Deux colosses, Bionis et Mékonis, se livrent une guerre éternelle au milieu d'un océan infini jusqu'à ce que, las de ce combat sans fin, ils se figent à jamais dans un ultime assaut, laissant petit à petit la vie prendre forme sur leur corps fossilisé. D'un côté les êtres organiques, de l'autre les êtres mécaniques.

Développé par Monolith Soft, à qui l'on doit Baten Kaitos mais aussi les précédents et illustres Xeno que sont Gears et Saga, Xenoblade Chronicles n'a pas usurpé son nom et nous entraine dans un J-RPG d'une richesse titanesque, aussi bien au niveau de l'univers développé que du système de jeu. Celui-ci va d'ailleurs puiser dans les MMO pour offrir des combats dynamiques, des zones immenses à explorer et des tonnes de quêtes secondaires à effectuer. Malheureusement, le jeu prend également avec lui quelques défauts inhérents au genre, à commencer par le syndrome des missions à l'intérêt plus que limité où l'on est cantonné à aller tuer un certain nombre de monstres précis ou à récupérer x objets sur ces mêmes monstres. Bref, si le jeu peut se targuer de proposer des centaines de quêtes annexes, on se rendra vite compte que celles présentant un véritable intérêt sont déjà nettement moins nombreuses. Et ce sera là le principal défaut du titre, sa répétitivité dans les mécaniques de jeu puisque, pour celui ou celle qui voudra le terminer entièrement, en l'absence de mini-jeux, les combats et la récolte d'objets se répéteront inlassablement, jusqu'à épuisement. Et si ce n'est finalement pas un grand problème au niveau des combats, ceux-ci introduisant notamment un système de visions permettant d'anticiper les coups de l'ennemi, jouant sur notre position par rapport à l'adversaire et étant suffisamment dynamiques et étoffés que pour ne jamais vraiment lasser, on pestera par contre lorsque l'on devra tourner une heure en rond pour trouver tel ou tel élément qui ne se décide pas à apparaitre.

Ceci dit, ce problème ne se posera pas vraiment si l'on se focalise avant tout sur la quête principale, déjà particulièrement longue à elle seule. Nous plaçant aux commandes de Shulk, l'héritier de la Monado, seule arme capable de blesser les Mékons (les êtres mécaniques), elle nous entraine au coeur de la guerre entre les peuples de Bionis et de Mékonis. Et si dans un premier temps le scenario s'avère très intéressant mais nettement moins profond que celui des précédents Xeno, il se densifiera grandement avec le temps pour, au final, se montrer à la hauteur de ses prédécesseurs. Et si le fond est des plus réussis, il en va de même pour la forme. En choisissant de nous plonger dès le départ au coeur de l'action et en nous éclaboussant de cut-scenes endiablés et fichtrement épiques, le jeu monte progressivement en puissance jusqu'à nous offrir un final dantesque. Du côté des personnages également, c'est pratiquement un sans-faute. Si l'on retrouve certains archétypes inévitables, les différentes figures de proue de l'intrigue sauront se montrer à la hauteur de nos attentes et feront honneur à l'histoire à l'intérieur de laquelle ils se retrouvent plongés offrant humour, émotion, et action. Le seul bémol à leur égard viendra en fait de leur design, parfois en demi-teinte (on pense par exemple à Mélia et sa coiffure, Dickson et son look de hippie, ou encore certaines armures, l'apparence des personnages changeant suivant celle qu'ils portent).

Par contre, la direction artistique des environnements est, quant à elle, tout simplement irréprochable. Chaque nouvelle zone visitée est l'occasion d'en prendre plein les yeux et il n'est pas rare que l'on laisse de côté l'aventure principale pour aller explorer chaque recoin à la recherche de l'un ou l'autre panorama enchanteur. Xenoblade est un véritable ode à l'exploration et de nombreux éléments vont dans ce sens : zones "secrètes" à découvrir, monstres uniques à tuer, objets à récupérer,... C'est dans ces moments là qu'on se rend compte combien il est plaisant de ne pas être cantonné à de simples couloirs avec au mieux quelques embranchements de temps en temps ! Et pour compléter le tableau, comment ne pas évoquer l'ambiance musicale du titre qui est tout simplement fabuleuse ? Fruit de la collaboration entre Yoko Shimomura (Kingdom Hearts), Manami Kiyota et ACE+, elle fourmille de thèmes magistraux. Et, cerise sur le gâteau, Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, Chrono Cross, Xenogears, Xenosaga,...) signe le thème de fin. Outre cela, il nous est offert la possibilité de choisir entre les voix anglaises et japonaises et l'ensemble du jeu est particulièrement vivant au niveau des dialogues, notamment durant les combats, rendant le tout encore plus immersif.

Enfin, évoquer la richesse de Xenoblade, c'est aussi parler des nombreuses gemmes qu'il est possible de créer et d'assigner aux armes et armures de chaque personnages, des arts propres à chacun qu'il faut faire évoluer, des compétences que l'on peut partager entre nos protagonistes, des choix qu'il est possible d'effectuer dans certaines quêtes, offrant au passage une grande rejouabilité au titre, des têtes-à-têtes à débloquer ou encore du sociogramme. Dans la grande majorité des cas, les PNJs sont cantonnés à un rôle très secondaire et finalement leur parler n'a qu'un intérêt limité. Dans Xenoblade, c'est tout le contraire puisqu'il sera possible de créer des liens entre presque chaque personnage rencontré, tissant ainsi une toile complexe et évolutive qui se décuplera au fil de l'aventure et de nos rencontres. Dans le même esprit, il sera également possible de reconstruire, petit à petit, une ville détruite lors d'une offensive Mékons et y inviter certaines personnes rencontrées auparavant pour ainsi la voir reprendre forme. Et il faudrait encore mentionner l'encyclopédie d'objets à compléter. En somme, si, comme dit précédemment, on peut regretter l'absence de véritables mini-jeux et si la manière de procéder est souvent la même, il y a malgré tout énormément de choses à faire. Par contre, assez inexplicablement, on notera l'absence de certaines fonctionnalités qui auraient été bien utiles, comme un bestiaire par exemple. D'ailleurs, la circulation dans les menus et la gestion de l'inventaire, de manière générale, se veulent assez laborieuses et il aurait été intéressant de soigner davantage l'enveloppe, quitte à enlever un peu de contenu superflu.

Généreux, parfois même un peu trop, Xenoblade Chronicles vient nous rappeler haut et fort que le J-RPG n'est pas mort et qu'il a encore de très beaux jours devant lui. Proposant une durée de vie colossale et un univers extrêmement dense, il est en outre pourvu d'un scenario évoluant petit à petit pour se révéler, au final, comme éblouissant. En résumé, Monolith nous gratifie, une fois encore, d'un véritable chef d'oeuvre !

Graphismes:
Les environnements sont superbes, le cycle jour/nuit est géré, les animations sont très réussies. Bref, découvrir le monde de Xenoblade est un enchantement de tous les instants. Par contre, on sent bien vite les limitations de la Wii et certaines textures sont franchement immondes. Qui plus est, dans quelques zones, surtout vers la fin du jeu et lorsqu'il y a beaucoup d'ennemis à l'écran, les combats rament méchamment.

Bande son:
Proche de la perfection. La collaboration entre les différents artistes ayant participé à l'OST fonctionne à merveille et certains thèmes (Colony 9, Gaur Plains, Beyond The Sky pour n'en citer que quelques-uns) resteront à coup sûr dans les mémoires.

Durée de vie:
Elle est déjà excellente en se contentant de suivre la trame principale, elle devient énormissime si l'on veut tout faire même si l'ennui peut pointer le bout de son nez à force d'enchainer certaines quêtes secondaires. Concrètement, comptez entre 120 et 150 heures pour le terminer à 100% ou presque, et aux alentours de 80 pour conclure la trame principale. Et n'oublions pas le new game + qui, dans le cas présent, se justifie aisément.

Scenario:
Il commence de manière assez classique pour s'enrichir au fur et à mesure, gagner en maturité, et aboutir à un résultat fidèle à ce que l'on est en droit d'attendre d'un Xeno. Il est cependant difficile d'en parler sans trop en dire et gâcher certaines surprises. Et si certains développements s'avèrent finalement relativement prévisibles et redondants, le rythme imposé fait que l'on dévore malgré tout l'ensemble d'une traite. Dommage par contre que certaines quêtes annexes manquent d'intérêt.

Jouabilité:
Le jeu se prend en main rapidement (testé avec un pad classique) et certaines idées, comme le principe des visions, sont franchement excellentes. Pour le reste, on a droit à des combats très dynamiques où l'action se mêle parfaitement bien avec la réflexion. On regrettera juste que l'IA de nos compagnons soit parfois à la ramasse (les lacs empoisonnés seront parfois plus redoutables que vos ennemis...).

En résumé:
Xenoblade avait toutes les cartes en mains pour s'imposer comme le J-RPG parfait, malheureusement certains petits défauts agaçants apparaitront avec le temps et viennent l'empêcher d'atteindre les sommets. Ne boudons pas notre plaisir pour autant, il reste assurément l'une des perles de cette génération et vous fera vibrer comme peu de jeux sont capables de le faire !

Shaedhen

Note de la rédaction
Note des lecteurs