Le test du jeu video:

Publié le Mardi, 08 Décembre 2015

C'est dans un match historique au Madison Square Garden, en 1984, qu'Hulk Hogan marque d'électricité le monde du catch.  Face à lui, The Iron Sheik apparaît lourdaud et dépassé, et ce fiérot américain d'Hulk va même jusqu'à lui cracher dessus. Après une éclipse de quelques années à la fin des années 90, elle est de retour. Comédie dégénérée incarnant l'américanisme dans ce qu'il a de plus mauvais, divertissement décomplexé pour d'autres, le catch fait un retour en force dans nos cours d'école. Et sur console ?

That's me

Sur nos machines haute-définition françaises, la série annuelle des Smackdown est la seule véritable simulation de catch. Pour le reste, la plus arcade et délirante des disciplines sportives est mise en scène dans des titres tout aussi extravagants. Il y a bien sûr le très sexy Rumble Roses XX, mais aussi WWE Legends of Wrestlemania. En 2011, WWE : All Stars arrive en héritier de cette tradition d'itérations arcade, en offrant la possibilité de se faire étriper – pour de faux – par des superstars de différentes époques. Que le Sergent Slaughter rencontre Rey Mysterio, que les slips moulants et le mauvais goût coulent à flot, le public scande le show !

WTF !?

On nous a promis un gala All Stars, et difficile de reprocher quoi que ce soit au roster proposé. Steve Austin, The Rock, Mister Perfect, André The Giant sont là, parmi d'autres tout aussi emblématiques de leur temps. Ce beau monde, gonflé à la testostérone, amène un large choix de rencontres improbables qui, si elles avaient réellement eu lieu, seraient à coup sûr devenues légendaires. Dans le principe, WWE : All Stars incarne parfaitement l'aspect démesuré du catch, avec des scénarios réfléchis, où le public décide à lui seul de qui deviendra la future superstar. Le dernier bébé de THQ conserve l'esprit "entertainment", et malgré quelques erreurs de premier jet, enfante peut-être une excellente série de spin-offs. Entendu qu'on perçoive le catch comme un divertissement, cette déclinaison WWE est clairement faite pour s'amuser, du moins en apparence. Quand The Undertaker vous promet un cercueil, c'est pas pour rire ! De WWE : All Stars au « Dreamcastien » Royal Rumble, il n'y a qu'un pas.

Parti pris


Un pas qu'on ne parvient pourtant pas à franchir. Car dans toute sa folie, avec superstars outrageusement musclées et couleurs bonbons aux limites de la crise de foie, WWE : All Stars n'est pas un titre facile à appréhender. Pour frapper, deux puissances de coups sont possibles, et l'on peut également faire rebondir son adversaire pour continuer à le marteler dans les airs. Les choppes, accessibles aisément, deviennent moins amusantes lorsqu'elles retournent à l'envoyeur. La faute à un système de contre extrêmement frustrant, pourtant réalisable à l'aide d'une seule touche, mais dont le timing agace comme jamais, en plus de varier d'un personnage à l'autre. Éviter de se faire enchaîner dans un match avancé devient alors un vrai combat de nerfs, qui atteint son paroxysme à quatre sur un seul ring.

Bande de fous

En multijoueur, cette complexité insoupçonnée joue en la défaveur de WWE : All Stars. Entre amis, impossible de retrouver les sensations de l'instant, à l'opposé de l'immédiat Royal Rumble. Les premiers matchs amusent forcément, le temps de découvrir des finish moves tous plus délirants les uns que les autres. Puis rapidement vient la volonté de maîtriser le système de contres : l'atmosphère retombe alors dans un silence religieux plus coutumier d'un Top Spin 4 que d'un jeu de catch. On préfère alors martyriser un ami à tour de rôle, dans une partie opposant plusieurs joueurs contre un seul, davantage décomplexé et donc, amenant plus de fun.

Have I ever seen this ?

En parallèle des modes d'exhibitions vus et revus depuis le tout premier jeu de catch, WWE : All Stars innove en proposant deux modes inédits. Le premier intitulé Path of Champions, est divisé en trois scénarios indépendants. Chacun d'entre-eux compte dix matchs aux objectifs différents - du simple au combat de cage - , jusqu'à la rencontre du catcheur « star ». Quelques cut-scenes viennent tenir le fil conducteur, et malgré une image peu convaincante, les excellents doublages suffisent à nous prendre au jeu de la surenchère. L'autre mode exclusif nommé Fantasy Warfare, permet toutes les folies, ou presque. Les développeurs ont imaginé la rencontre de catcheurs d'ancienne et de nouvelle génération, avec l'idée que chaque match représente une catégorie bien précise. Qui sera le meilleur catcheur « intelligent »; le meilleur « acrobate » ? Pour nous aider à choisir, une vidéo d'introduction, avant chaque affrontement, retrace l'historique des deux personnalités. Ce Fantasy Warfare sans être exceptionnel, est certainement le mode le plus intéressant puisqu'il permet aux non-initiés de la WWE de découvrir un monde, il faut le dire, très singulier.

Dans les cordes, il prépare l'attaque


WWE : All Stars est empreint d'une folie qu'il fait bon de redécouvrir à notre époque. La possibilité de créer son propre catcheur est une option non-négligeable, le choix est d'ailleurs suffisamment large pour étancher toute soif de mauvais-goût. On regrette simplement de devoir calquer sa panoplie de mouvements sur celle d'un catcheur déjà existant. Pour le reste, s'il lui manque cette accessibilité faussement promise par la jaquette, cet opus n'en reste pas moins beaucoup plus facile qu'un Smackdown. Avec une once de maîtrise en plus, notamment au niveau des graphismes, la séquelle WWE : All Stars aurait pu devenir un immanquable du catch arcade. Quoique non en fait, c'est un immanquable. Ou alors...

C'est aussi ça WWE : All Stars, un titre que ne parvient pas à choisir son camp, mais dont l'indécision arrive à captiver.


Note de la rédaction