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Le test du jeu video:

Publié le Lundi, 02 Mai 2011

Paru originellement sur Super Nes en 1994 au Japon et aux Etats-Unis, Final Fantasy VI est l'un des volets les plus adulés de la saga. Square se décide, en février 2002, à sortir cet épisode en Europe, sur Psone. Cette version Psone se distingue de la version originale, en proposant des temps de chargement moins longs et quelques cinématiques en CG créées pour l'occasion, ainsi qu'une démo jouable de Final Fantasy X, qui allait sortir en mai 2002 sur Playstation 2. Les fans savent d'ailleurs qu'à l'époque, les revendeurs affirmaient que les joueurs avaient réservé (le nombre de copies distribuées étant très faible) Final Fantasy VI pour profiter de la démo jouable du dixième volet, sachant que l'ensemble était vendu à un prix attractif de 15€. Alors qu'il avait été extrêmement difficile de se procurer un exemplaire en day one, le nombre de reventes avait explosé dans les semaines suivantes. Pouvoir jouer en exclusivité à Final Fantasy X semblait être le principal facteur d'achat pour certains. Quelle erreur... Final Fantasy VI version Psone comporte certes une traduction exclusivement en anglais, et dans un registre plutôt littéraire qui plus est, car comme chacun sait, les Final Fantasy sont connus par la richesse de leur narration. Cet aspect a de quoi rebuter les plus anglophobes, et on regrettera que Square n'ait pas fourni un effort de traduction, d'autant plus qu'une version Game boy advance sortie quelques mois plus tard propose une traduction française. Mais Final Fantasy VI est un épisode fondateur de la saga de Square, en tous cas plus que les autres serait-on tenté de dire. Malgré la traduction anglaise, impossible donc de passer à côté de cet épisode symbolique. Impossible, de surcroît, d'imaginer un seul instant revendre la galette en se contentant d'avoir joué à la démo du dixième épisode fournie en bonus.

Final Fantasy VI est un chef d'oeuvre du jeu vidéo. Il ne se contente pas d'être le modèle d'un genre, le RPG japonais. Doté d'un gameplay riche, d'un scénario complexe et d'une réalisation superbe pour l'époque (le jeu ayant évidemment vieilli aujourd'hui), Final Fantasy VI a de quoi être considéré comme irréprochable, sur tous les aspects, représentant le summum d'un média à une époque donnée.

Le scénario de Final Fantasy VI est l'un des meilleurs jamais conçu pour un RPG. Ce volet reprend à son compte l'une des ficelles du genre et la transcende littéralement. Une équipe de personnages, ayant chacun un passé différent, se forme pour parvenir à un même but. La principale force de ce volet est là. Les personnages sont nombreux (plus d'une quinzaine, un record dans la saga), et les développeurs se sont attaché à donner une psychologie et une histoire propres et très développées à chacun. Final Fantasy VI s'oppose aux jeux de la génération actuelle, et le fameux syndrome du « c'était mieux avant » trouve tout son sens : en proposant un travail aussi poussé pour chacun des personnages, Final Fantasy VI prouve qu'il est possible de capter le joueur, voire en l'occurrence de l'enchanter, en lui offrant une écriture riche. Le scénario entraîne souvent un changement du groupe, permettant de s'attacher à chacune des personnalités. L'arrivée d'un nouveau personnage est suivie du départ d'un autre. Si l'intrigue est plutôt tournée vers les personnages de Terra et Locke, les développeurs ont tellement développé les autres personnages qu'il est bien difficile d'affirmer qui est le héros principal de cette histoire. La narration est totalement imprévisible, ne souffre d'aucune baisse de rythme, et s'avère sans concessions. Les équipes de Square osaient véritablement à l'époque, en proposant des scènes tragiques comme on n'en fait plus. Des exemples trop précis seraient malvenus, ils gâcheraient la surprise. On se contentera d'évoquer un empoisonnement, un récital d'opéra, des trahisons impitoyables, un coma... Sachez que ce volet est abondant en scènes cultes, et que le ton tragique n'a jamais été aussi présent. Final Fantasy VI est résolument pessimiste, et l'issue finale apparaît comme une libération. Sur l'ensemble de la saga, seuls Final Fantasy VII et Final Fantasy IX présentent un ton similaire. La lutte contre le grand méchant du jeu, Kefka, sera ardue. Clownesque, excentrique, cet être est aussi insensible et sadique, soumis à la folie, et s'inscrit au panthéon des personnages cultes du jeu vidéo.

Côté gameplay, le ton tragique amène justement que les personnages devront souvent se sortir de situations difficiles, le sentiment d'urgence et la gravité étant prégnant. Les balades sur la carte sont fréquentes, mais le sentiment de découverte est réduit. Final Fantasy VI évite la linéarité, mais les principaux enjeux des balades sur la carte sont le level-up, et convaincre des personnages secondaires de se joindre à votre groupe. Les combats se déroulent selon un système de tour par tour classique, à 4 personnages, comportant les traditionnelles bases de la saga : Attaquer, Magie, Invocations (Espers), Compétences, Objets. Les combats contre les boss ne sont pas forcément évidents, quelques séances de level-up seront souvent profitables. Seul aspect où Final Fantasy VI diffère de ses successeurs : les mini-jeux demeurent assez rares. Les menus sont efficaces, et des bonus peuvent être débloqués (artworks, fiches techniques, détail du bestiaire).

Graphismes : Final Fantasy VI est en 2D, a évidemment vieilli. Le jeu offre peu de couleurs vives par rapport à d'autres softs du même genre (le mignon Secret of Mana, le chatoyant Dragon Quest VI...). Cela s'explique par le scénario, résolument tourné vers un genre cyber-punk pessimiste, préférant donc les machines, et par conséquent des couleurs froides (gris, marron). Ce volet conserve un charme indéniable grâce à cette ambiance marquée vers un genre.

Bande-son : La bande-son est évidemment signée par un des maîtres du genre, Nobuo Uematsu. Le thème principal est grandiose, métaphore musicale de l'ambiance du jeu (où l'épique se mélange à des notes tragiques). Fait remarquable, chaque personnage possède son propre thème musical, correspondant à la personnalité de chacun. Ou comment voir qu'un grand musicien peut sublimer le scénario d'un jeu et la personnalité des personnages en les illustrant par le son...

Durée de vie : Trente heures de jeu seront nécessaires au minimum pour boucler l'intrigue principale. Les à-côtés sont trop rares, mais la dernière partie du jeu vous réserve une surprise de taille que chacun appréciera à sa convenance, et qui conditionne la durée de vie. L'apparition de nouveaux personnages, le challenge offert et l'imprévisibilité du scénario sont autant de facteurs donnant une envie irrépressible de continuer l'aventure.

Jouabilité : Les animations sont datées, mais le jeu demeure très dynamique au niveau des déplacements.

Scénario : La narration est extrêmement travaillée : cela va de la personnalité riche de chaque personnage à un scénario qui se présente comme l'un des plus élaborés du genre, puisque les développeurs ont osé des choses que l'on a plus jamais vues après. Le suspens est géré avec brio et l'introduction, superbe et refaite en CG spécialement pour cette version, ne révèle tout son sens qu'en fin de jeu. Un humour habile se mêle à un ton tragique omniprésent. Final Fantasy VI fait partie de ces jeux vidéo qui transcendent le média, en étant plus raffiné que bon nombre de romans et films. On conseillera aux amateurs de cyber punk de se jeter sur ce jeu. On regrettera juste, cela est sans doute justifié par des raisons techniques, que les interactions entre personnages ne soient pas encore plus poussées. Final Fantasy VI se situe néanmoins à mille lieux de la production actuelle qui passe totalement à côté de cet aspect.

Final Fantasy VI fait évidemment office, plus d'une décennie plus tard, de jeu incontournable. Son gameplay complet, ses personnages très travaillés et son scénario offrant des perspectives uniques, qui, on ne le répète jamais assez, n'ont jamais été reproduites après lui avec tant de réussite, n'ont jusqu'à présent pas été égalés, si ce n'est par ses successeurs.


Rogue Aerith


Note de la rédaction