Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Mercredi, 24 Juin 2015

Hollywood a considérablement modifié notre paysage vidéoludique.  C'est vers la fin des années 90 que les studios ont commencé à faire appel à des spécialistes du cinéma, tels que des scénaristes, character designers et autres responsables des effets spéciaux. L'un des plus célèbres à avoir apporté sa pièce à l'édifice numérique reste l'écrivain Tom Clancy, mais il n'est pas le seul. Ainsi, les concepteurs d'Enslaved : Odyssey to the West n'ont pas hésité à contacter Alex Garland, auteur-scénariste des films La Plage (avec Di Caprio et la sublime Virginie Ledoyen) ou encore 28 jours plus tard.  Et pour revisiter un tel mythe que le Voyage en Occident, il fallait prendre de sacrés risques. Ont-ils été payants ? C'est ce que nous allons voir…

Aussi étonnant que cela puisse l'être, Enslaved : Odyssey to the West est une adaptation moderne (et très libre) du célèbre conte chinois ayant inspiré Akira Toriyama pour la création de Dragon Ball. Tout commence dans une immense bâtisse volante, semblant de destination finale pour la majorité des prisonniers humains. Le futur dépeint dans le jeu n'est pas des plus optimistes : après une guerre d'une ampleur colossale, les machines ont pris le contrôle de l'humanité, faisant de nous des esclaves. C'est dans ce contexte que nous faisons la connaissance de Monkey, un gaillard bodybuildé à la mine patibulaire. Bougon  et passablement en pétard, notre héros voit poindre une lueur d'espoir lorsqu'il découvre qu'une des prisonnières, Trip, parvient à se faire la malle. Douée dans l'exercice des systèmes informatiques, elle produit un court-circuit qui permet à Monkey de s'évader. L'art de débuter une aventure en trombe…




Hasta la Vista

Faisant office de tutorial, le premier acte se vit tambours bâtant. On explore la carlingue en prenant connaissance des différentes commandes. Tout comme le Prince de Perse, Monkey est capabe de se mouvoir avec une aisance quasi-royale. L'ergonomie des touches n'est pas à mettre en défaut et le joueur évolue avec un plaisir immédiat, d'autant plus que les séquences choc sont légions. Dès les premiers instants, Enslaved : Odyssey to the West impose son spectacle et on en redemande. Ce n'est qu'à la fin du chapitre d'introduction que Monkey fait la connaissance de Trip. Et le moins que l'on puise dire, c'est que ce n'est pas le grand amour. Soucieuse de rentrer chez les siens, elle profite du moment opportun pour poser sur la tête du héros une couronne d'esclave. Accompagnateur et protecteur à l'insu de son plein gré, Monkey est alors obligé d'aider la belle. Les deux destins étant liés par la couronne, il suffit qu'un des personnages meurt pour que l'autre trépasse à son tour. Au fil de l'aventure, une relation de plus en plus intime se noue entre les deux protagonistes, appuyée par des dialogues travaillés et un doublage français excellent (certains se plaindront de l'aspect sur-joué, cela donne au contraire de la vie à l'ensemble).




L'union improbable

Fascinant et explosif à plus d'un titre, Enslaved :  Odyssey to the West ne laisse aucun répit au joueur. Dès les premiers instants, on est soufflé par l'action non-stop de la galette de Namco Bandai. On s'amuse de la relation tendue entre Monkey et Trip, avec d'un côté, un as de la grimpette et du combat, et de l'autre, une frêle demoiselle, peureuse et spécialiste des systèmes informatiques. Ce duo, que tout oppose, dispose d'un charme fou. Durant vos pérégrinations, vous dirigez uniquement Monkey, mais la présence d'un menu d'actions vous permet d'interagir avec Trip. Selon les situations, la belle jeune femme (les développeurs savent flatter la rétine) peut utiliser divers mécanismes ou même faire diversion. La progression du jeu se découpe en deux actes. Trip, aidée de sa libellule, scanne les environs afin d'identifier les robots, la sortie et toute présence suspecte (mines, etc.). Ensuite, vous devez collaborer avec la miss pour atteindre votre but. Outre le menu contextuel, il est possible d'interagir physiquement avec Trip (gardez vos idées mal placées dans la poche), en la portant pour ensuite la lancer vers des plateformes surélevés ou lointaines.




Avec force et fracas

En dehors de ces phases de pure réflexion, le jeu fait la part belle au combat. Monkey utilise un bâton qui s'adapte à la fois aux affrontements au corps à corps et ceux à distance. Les combinaisons sont assez simples, puisqu'il s'agit bien souvent de  marteler les boutons pour s'en sortir. C'est un peu brouillon par moment, mais les phases de tir rattrapent le tout. En effet, profilé à l'horizontal, le bâton devient une parfaite arme à feu et supporte deux types de munitions : les cartouches lasers (détruisant les robots) et les cartouches flash, permettant d'immobiliser vos ennemis, tout en supprimant leur bouclier. On passe ainsi de l'une à l'autre très rapidement, et cela apporte une certaine stratégie aux rixes.




Surf et cochonneries

Variée, Enslaved : Odyssey to the West l'est incontestablement. Alternant réflexion, plateformes à la Uncharted ou encore balade à bord d'un bateau, le jeu de Namco Bandai est encore plus riche grâce à la présence du "nuage". Il s'agit d'un hoverboard futuriste que Monkey peut utiliser à différentes reprises. Si la liberté de déplacement est totale, le gaillard peut passer à travers des faisceaux de lumière accélérant la vitesse de l'engin. Ces phases apportent du dynamisme à l'aventure, surtout lorsqu'il s'agit de poursuivre une créature robotisée afin de lui mettre la grappin dessus. En parlant de grappin, sachez que l'histoire gagne en profondeur avec l'apparition de Pigsy (ce protagoniste utilise un grappin pour se mouvoir d'où la référence) dans la seconde moitié de vos péripéties. Alors que la relation avec Trip est plus "intime", les dialogues entre le cochon (oui, c'est un cochon) et Monkey sont avant tout basés sur l'humour. On note une petite baisse de rythme dans l'action à partir de la moitié du jeu environ, mais rien qui ne vienne ébranler l'architecture narrative et visuelle du soft.




Apocalypse now


Divisée en chapitres,  l'aventure dure une douzaine d'heures (à condition de ne pas zapper les cinématiques - utilisant le moteur 3D du jeu) et s'avère plaisane de bout en bout. Il faut dire que l'univers créé par Ninja Theory est une petite merveille. Mi-urbaine, mi-végétale, la planète bleue n'est plus qu'un amoncellement de ruines, bordé par la flore environnante. Les espèces animales semblent avoir déserté les lieux, si ce n'est quelques oiseaux et une biche croisée au détour d'un  recoin d'immeuble. Les drapeaux déchirés symbolisent la fin d'une époque, l'homme n'étant qu'un pion face aux innombrables machines programmées pour détruire. Un soin extrême a été apporté aux dialogues (Alex Garland s'est chargé avant tout de la cohérence des situations) et aux animations. La technique de motion-capture a été utilisée et parmi les trois acteurs célèbres à avoir prêté leurs mouvements et leur voix, on retrouve le génial Andy Serkis (Gollum dans le Seigneur des Anneaux, acteur dans le délirant Bienvenue au Cottage ou futur Capitaine Haddock de l'adaptation de Tintin par Spielberg). On regrette simplement des baisses de son durant les cinématiques et une baisse de rythme lors de la seconde moitié du jeu. Pas de quoi en faire un fromage, Enslaved : Odyssey to the West est une vraie réussite.
  

Note de la rédaction