Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Jeudi, 11 Juillet 2013

Quel rapport entretenez-vous avec la fidélité ? Qu'il soit distant ou pas, peut-être est-il nécessaire de clarifier vos propres pensées sur la question, et Catherine vous permet cela tout en y ajoutant une dimension ludique et intellectuelle.

Vincent est un trentenaire comme on en voit beaucoup, confronté au monde des adultes sans avoir réellement fait le deuil de son adolescence. Lorsque sa compagne de longue date, Katherine, commence à lui parler de mariage, ou qu'elle laisse entendre qu'elle pourrait être enceinte, notre protagoniste se voit brutalement déraciné de son train de vie coutumier. À cela s'ajoute d'étranges rêves dans lesquels il se voit gravissant d'immenses murs de blocs, poursuivit par les avatars décharnés de ses démons responsabilisant. Cette série d’événements pousse Vincent à commettre l'irréparable lorsqu'il fait la connaissance de ce qui correspond tout à fait à son idéal féminin en la personne de Catherine, 10 ans plus jeune que son homonyme trentenaire. Enfin, et comble de malchance, il semblerait qu'une malédiction ayant déjà fait plusieurs victimes punirait de mort les hommes infidèles, et ce, depuis le royaume des songes. Les rêves de notre « héros » se poursuivront, ses relations adultères aussi, et les conséquences ne tarderont pas à se faire sentir.




Ainsi débute votre aventure, dans tous les sens du terme. Le jeu se découpe alors en trois phases.
La journée, Vincent poursuit sa vie comme il le peut, sans cesse hanté par ses fautes. Il tente de concilier bon gré mal gré ses deux relations amoureuses tout en cachant à ses deux prétendantes qu'elles sont deux, justement. Il passera également une partie de son temps à discuter des ses problèmes avec son fidèle (en tout cas avec ses potes) ami Orlando, soit dans des toilettes, soit dans un bar à sushi. Cette partie est uniquement composée de cinématiques, et vous n'aurez rien à y faire excepté savourer la profondeur du scénario.
Le soir constitue la première phase jouable. Vous vous retrouvez au Stray Sheep, un bar que Vincent fréquente très régulièrement avec ses amis Orlando, Johny et Tobias. De nombreuses interactions s'offrent alors à vous. Si vous pourrez vous contenter de partir dès le début de la soirée pour poursuivre l'histoire, c'est toutefois fortement déconseillé. Catherine est un jeu qui ne vous forcera jamais à accomplir telle ou telle action, mais vous passerez alors à côté de ce qui fait une bonne partie de l'intérêt du jeu. Vous pourrez donc discuter avec les personnes présentes dans le bar, qui vous raconteront eux aussi leurs histoires maritales ou amoureuses. Une petite brochette de portrait très intéressante aux histoires propres se développeront ainsi au fil de l'histoire et des soirées passées au Stray Sheep. Vous pourrez également jouer à « Rapunzel », ou Raiponce, qui reprend les bases du puzzle game que vous aurez à effectuer la nuit, et qui contient non moins d'une soixantaine de niveaux pour vous entraîner à volonté. C'est également du bar que vous pourrez faire boire Vincent de façon à ce qu'il se déplace plus rapidement une fois la nuit venue, et de l’alcool que vous choisirez dépendra des anecdotes alcoolisées qu'une voit off vous fournira. Vous aurez également accès à des toilettes, où vous aurez un aperçu de ce qui vous attendra la nuit suivante en vous rinçant le visage, et a un Juke-Box, d'où vous aurez la possibilité de troquer la musique d'ambiance du bar par une autre des pistes du jeu, ou même par un morceau de Persona 3, Persona 4, ou Shin Megami Tensei. Enfin, c'est également dans cette phase que vous pourrez accéder à votre téléphone, que ce soit pour consulter les prix que vous avez obtenu la nuit précédente (bronze, argent ou or), rejouer les niveaux déjà effectués, recevoir des infos utiles sur le jeu ou encore répondre aux sms de vos deux prétendantes, ou pas.
La troisième est dernière phase de jeu, et la seule qui présente une difficulté, se déroule la nuit, dans le monde onirique. À chaque épopée nocturne correspond un niveau, lui même composé de plusieurs paliers. Cette partie se présente sous la forme d'un puzzle game consistant à gravir des murs de blocs s'effondrant à intervalles réguliers en les déplaçant selon les trois axes de ce que l'on appelle communément la 3D. Vous devrez mobiliser toute votre matière grise pour progresser suffisamment vite et pour gravir certains passages qui peuvent s'avérer particulièrement ardus. Au blocs de bases dit « normaux » s’ajouteront une multitude de cubes aux caractéristiques diverses et variées, qu'ils soit indestructibles, glissants, vivants, explosifs ou encore à ressorts, il vous faudra les gérer au mieux pour terminer chaque palier. Vous pourrez également compter avec l'aide de quelques rares mais forts utiles items bienfaisants, permettant de rajouter un blocs, de tuer les ennemis que vous croiserez parfois ou encore de changer les blocs les plus dangereux en des blocs normaux. Le dernier palier de chaque étage, souvent le plus difficile, consiste en une fuite effrénée face à une entité symbolique et souvent particulièrement dérangée des angoisses de Vincent dans la vie de tout les jours. Il existe trois modes de difficulté : facile pour ceux qui ne jouent que pour le scénario, normal pour les joueurs expérimentés et difficile pour les gamers fous. Un système de scoring est également mis au point, celui-ci étant évalué en fonction du temps mit à gravir un étage et du nombre de pièces récupérées en chemin. Les meilleurs débloqueront des trophées (autant au sein du jeu que de la Xbox) ainsi que les stages du mode « Babel » depuis le menu principal, qui consiste en des niveaux infinis à escalader le plus longtemps possible.




Enfin, vous aurez également quelques actions à effectuer entre les paliers. Une fois l'un d'eux terminé, vous vous retrouverez sur une plate forme où vous pourrez croiser des moutons. Vous apprendrez de leur bouche nombre d'éléments quant à votre présence en ces lieux. Ce que vous voyez comme des moutons sont en fait les avatars oniriques d'êtres humains piégés dans le même lieu cauchemardesque que Vincent, et seul une ascension complète de la tour offre la libération. Vous identifierez par ailleurs certains de ces moutons comme étant les clients du bar que vous fréquentez chaque soir grâce à des signes distinctifs tel qu'un chapeau ou une coupe de cheveux, et vous aurez ainsi un suivit complet des histoires personnelles de chacun d'eux. Vous pourrez également profiter de ces répits pour sauvegarder et faire une pause ou pour acheter un item au mouton marchand. Enfin, vous devrez nécessairement passer au confessionnal avant de continuer votre aventure, et de vos réponses aux questions que l'on vous posera dépendra la fin du jeu.

Car c'est l'une des principales caractéristiques de Catherine : de vos actions et paroles durant le jeu dépendra la fin du scénario que vous obtiendrez. Une jauge calcule chacun de vos actes, et penche en fonction du côté rouge (Catherine, la liberté) ou bleu (Katherine, l'ordre). Répondre gentiment, froidement ou ignorer l'une ou l'autre des demoiselles, répondre aux questions que l'on vous pose en étant fidèle ou infidèle, tout cela aura une influence tôt ou tard, puisque c'est de ces facteurs que dépendra celle des huit fins possibles que vous débloquerez, de la plus sage à la plus folle. Ainsi, la durée de vie du jeu s'en voit considérablement rallongée, puisque les plus perfectionnistes pourront s'amuser à obtenir toutes les fins possibles. À titre personnel, c'est la première fois que je termine un jeu... pour le recommencer aussitôt, uniquement pour débloquer une autre fin et sans ressentir le moindre signe de lassitude. De plus, il est toujours agréable d'avoir le choix, et pas de se diriger simplement vers le final que l'on a choisit pour vous. À noter que si vous branchez votre console à internet, vous aurez accès à un graphique présentant les réponses des autres joueurs aux questions du confessionnal. On remarquera ainsi que la majorité penche vers la fidélité.
Si ce système à ses avantages, il a aussi ses limites. On déplorera dans un premier temps les questions trop catégoriques (« le mariage est-il le début ou la fin de la vie ? Oui ou non ». Pas de compromis) ou simplement illogique (un mouton vous demandera si vous répondez avec honnêteté au confessionnal, ou si vous vous arrangez pour paraître le plus fidèle possible, quitte à mentir. Si vous répondez que vous êtes honnêtes, votre jauge penchera inexplicablement vers le côté rouge). Il est également plutôt dommage de voir que vos choix durant l'aventure n'ont de réel impact qu'à la toute fin du jeu, puisque cela créera quelques situations assez incohérentes dans le scénario.




Peut-être, à la lecture de cette chronique, vous êtes-vous demandés pourquoi je n'abordais pas la question de l’érotisme si mis en avant dans les divers trailers et présentations du jeu. Au risque de vous décevoir : Catherine n'est en aucun cas un jeu érotique. Cet aspect n'est pas absent, mais seul une certaine sensualité de Catherine (la maîtresse) est mise en avant, et cela n'est que l'une des nombreuses thématiques abordées par le jeu.
Le sexe (implicite uniquement), mais surtout l'amour et la vie en couple seront mis en avant tout au long du jeu via les dialogues des personnages, les citations de personnalités célèbres durant les temps de chargement (ces dernières tendent pour la plupart vers un pessimiste certain quant à la vie en couple, et en particulier quant à la vie maritale), et à travers les questions inhérentes à la fidélité qui parsèment l'aventure et qui invitent le joueur, en même temps que Vincent, à se livrer à une introspection vis à vis de tout ce qui touche à l'amour. Le jeu s'adresse en conséquence à un publique plutôt mature, à la fois dans un soucis de compréhension que de sensibilité, l'univers du jeu étant parfois particulièrement glauque.

Enfin, quelques mots sur la réalisation.
Les graphismes sont dans la veine de ce que l'on peut attendre de cette génération durant les parties jouables, et le tout est une réussite, c'est fluide, les textures sont superbes : bref, c'est beau. Les cinématiques, tantôt en animation japonaise « classique », tantôt en images de synthèses sont également un succès en terme de maîtrise et de rendu. Les deux techniques s'enchaînent très bien, le passage de l'une à l'autre apporte un petit plus hétérogène.
La bande son est elle aussi très diversifiée. De la musique d'ambiance aux pistes aux rythmes endiablés en passant par des thèmes plus rock, c'est un véritable régal que de jouer bercé par ces morceaux travaillés et immersifs. Rien à redire non plus du côté des bruitages.
Le jeu bénéficie au final d'une ambiance authentique, faussement décontractée, excellant dans la création d'atmosphères reposantes ou oppressantes. Le seul petit bémol nous vient du choix des dialogues, puisque l'anglais nous est imposé et que, si ce dernier n'est pas mauvais, on aurait aimé pouvoir choisir des doublages Japonais.




Graphismes :
Le jeu a une personnalité graphique discrète, à la fois classique et bourrée d'originalité. L'univers est fouillé, détaillé et parfaitement ancré dans son époque. Catherine c'est beau, c'est tout.

Bande son :
Parfois musique d'ambiance discrète (au Stray Sheep ou durant la plupart des dialogues entre les personnages), parfois élément indispensable et immersif à souhait (durant les parties puzzle-game), toujours en harmonie avec ce qu'elle accompagne. Certains joueurs remarqueront et apprécieront le clin d’œil aux autres séries d'Atlus à travers quelques pistes disponibles du juke-boxe.

Scénario :
Sans aucun doute LE point fort du jeu, qui pourrait justifier à lui seul son achat. Ce dernier est extrêmement original, vraiment intéressant et le joueur se dirigera vers tel ou tel final selon les choix qu'il aura décidé d'opérer. À partir d'une base simple et déjà vue (l'adultère), les développeurs abordent de nombreuses réflexions intéressantes et se permettent de rendre le tout aussi divertissant qu'un très bon manga. On regrettera seulement que l'un des éléments clés de l'histoire soit trop prévisible.

Jouabilité :
Simple et efficace. On déplorera toutefois une caméra récalcitrante par moment, notamment lorsque l'on se retrouve derrière des blocs ou durant l'ultime niveau. Les contrôles lorsque l'on se suspend aux plates formes sont également difficiles à appréhender.

Durée de vie :
Comptez entre quinze et vingt heures pour terminer le mode histoire en difficulté normale. Un peu moins toutes les fois où vous recommencerez le jeu (et vous le recommencerez), puisque vous passerez probablement une partie des cinématiques et que vous maîtriserez déjà le jeu. Débloquer les huit fins et tous les succès, s'amuser en groupe avec le mode multijoueur ou poursuivre infiniment l'ascension dans le mode babel, les possibilités sont nombreuses pour conférer à Catherine une durée de vie plus que satisfaisante.

En résumé :
Si tous les arguments ci-dessus ainsi que toutes les bonnes critiques du jeu (et je n'en ai vu que des bonnes) ne suffisent pas à vous convaincre, alors il ne me reste plus qu'à vous donner mon ressentit le plus sincèrement et le plus simplement possible : Catherine est un jeu absolument génial, une expérience video-ludique tout simplement incroyable et un coup de cœur partagé par beaucoup. De plus, il me semble avoir entendu dire que passer à coté de ce chef d’œuvre provoquerait des cauchemars parfois mortels, je dis ça...

Luciole21

Note de la rédaction
Note des lecteurs