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Assassin's Creed - Revelations

Le test du jeu video:

Publié le Lundi, 16 Juin 2014

Un épisode d'Assassin's Creed par an, telle est la cadence imposée par Ubisoft depuis 2009. La campagne de communication autour de Revelations s'est beaucoup axée sur le scénario, plus que sur les nouveautés de gameplay. On s'attendait donc à devoir supporter les errances de gameplay, devenues traditionnelles, d'un Assassin's Creed, mais d'au moins bien profiter de l'histoire et de l'ambiance... Résultat en demie-teinte, et voici pourquoi. Assassin's Creed Revelations, c'est un peu l'exemple qui illustre la règle pour toutes les grandes séries de jeux vidéo. Nouvel épisode sortant peu de temps après le précédent, nouveautés de gameplay limitées, donc forcément, focalisation sur des défauts devenus récurrents... et on place beaucoup d'attentes dans autre chose...en l'occurrence l'histoire, les personnages. Ce que Revelations n'est pas, c'est un épisode innovant. Mais il a le mérite d'être honnête : il ne revendique pas ce statut. Reprenant toutes les forces des précédents volets et en faisant une synthèse, il est aussi un condensé des défauts souvent visés.

Côté défauts donc, on retrouve une maniabilité qui accuse son âge. La souplesse tant vantée n'est plus qu'une illusion, tant il devient absolument horripilant de voir le(s) héros grimper partout alors qu'on veut courir en ligne droite pour s'échapper, situation vécue par tous les joueurs d'AC des dizaines, voire des centaines de fois. De même, des bugs sont toujours bien présents. Et comment omettre l'IA, de plus en plus catastrophique. Vous repérant sans raison (par exemple lorsque vous êtes intégralement déguisé pour vous infiltrer, mais que vous faites un mouvement de travers...ou même pas), ou ne vous repérant pas du tout, celle-ci déconne et déclenchera beaucoup de crises de nerf. Lorsque trois jeux sont passés avant, cela ne se pardonne plus.




Côté nouveautés, on note l’apparition d’un crochet aux fonctions intéressantes mais pas révolutionnaires. Celui-ci permettra d’utiliser des tyroliennes, soit pour se mouvoir plus rapidement, soit pour effectuer des assassinats aériens. Il permet également de grimper plus vite, de s’accrocher in extremis à certains décors, ou d’en faire voir de toutes les couleurs à vos ennemis en plein combat. Cette trouvaille dynamise le gameplay de façon agréable, mais n’en bouleverse pas les fondements. Puisqu'on se situe sur le dynamisme, il faut aussi évoquer les combats, encore fluidifiés grâce au timing moins serré permettant de déclencher les ripostes fatales.
Autre nouveauté, la conception de bombes. Apparues dans le deuxième épisode, celles-ci font un bond dans la diversité, puisque pouvant maintenant relever de 3 catégories : létales, tactiques, diversions. Sympa pour varier un peu les phases de jeu, au même titre que la vision d’aigle mise en exergue lors des phases d’infiltration, vision d'aigle qui ressemble étrangement à l'instinct de chauve-souris issu des Batman Arkham...
Notons également que le recrutement d’assassins hérité de Brotherhood a été enrichi. Cet aspect stratégique vous demandera de faire des choix, l'aspect RTS d'Assassin's Creed s'en trouvant renforcé.
Revelations reprend enfin le principe des Tours Borgia de Brotherhood, avec les « repaires d’assassins », pour un résultat qui reste toutefois peu intéressant, mais heureusement facultatif sous forme de mini-jeu. En fait, dès un repaire d'assassin repris aux forces ennemies, vous contrôlez un territoire... qui pourra être repris par les ennemis par la suite (c'est le jeu ma pauv' Lucette...). A partir de là, les plus acharnés pourront choisir de se diriger vers la zone à défendre (notez qu'il ne vaut mieux pas être pris dans autre chose quand le HUB déclenche une reprise de territoire par l'ennemi), et de déclencher un mini-jeu dans le style d'un tower defense, consistant à placer des troupes d'assassins aux compétences variées pour empêcher l'ennemi de progresser vers le repaire. Il faut composer avec les différents corps (arbalétriers, tireurs, lanceurs de bombes) et avec le moral des assassins en plaçant habilement des chefs. Sympa, mais lourd au bout de la quatrième ou cinquième fois, et rien ne vaut un vrai RTS classique.
Dernier petit détail : les chevaux ont disparu...pas plus mal.




Malgré des nouveautés en nombre réduit, Ubisoft a donc fait l’effort pour diversifier un minimum le les missions et dynamiser le gameplay, même si les apports sont insuffisants et inégaux. Pour le reste, c'est important, Revelations reprend toutes les composantes de gameplay des épisodes précédents.
Comment cependant ne pas être satisfait par le travail du studio basé à Annecy pour proposer une expérience multi enrichie. Le cheminement est désormais scénarisé, et deux nouveaux modes de jeu apparaissent : Deathmatch et Assaut de Reliques. Le premier est bourrin et devient vite redondant, le second à 4 contre 4 et qui n’est rien d’autre qu’un Capture de drapeau déguisé fait plus d’effet en ce qu’il oblige les joueurs à monter une stratégie d’attaque/défense pour réussir. L'utilisation des compétences et capacités spéciales dispos devient réellement un plaisir dans ce mode. Rajoutez à cela de plus grosses possibilités de customisation, un système de crédits pour bien profiter de ce dernier (équipement, humiliations…), de nouvelles maps, et vous tenez quelque chose de beaucoup plus complet.

S'agissant de l'ambiance, le charme opère, c'est certain. Plongé en plein Constantinople, on ne peut nier le talent des équipes d'Ubisoft pour, encore une fois, en mettre plein les mirettes, même si le moteur commence à se faire vieux ! On retrouve les couleurs plus chaudes du premier volet, et mieux encore, une ambiance qui fait clairement penser à un Prince of Persia, avec des filtres orangés, du sable, des palais. L'Orient quoi. Dommage que l'ambiance sonore ne soit pas plus soignée. Comme dans Assassin's Creed II et Brotherhood, les fans de tourisme et d'Histoire resteront scotchés et ressortiront le fameux qualificatif de « jeu-trip » devant les monuments reproduits et accessibles dans ce Revelations : l'hippodrome, le palais du sultan dit palais Topkapi, et évidemment, la superbe et imposante basilique Sainte-Sophie. Mais on retrouve aussi, malheureusement, des décors secondaires plus en retrait, plus brouillons... ici, la Cappadoce, en toute fin de jeu, un peu massacrée par les équipes d'Ubi (alors que la région est tellement impressionnante en réalité). La cité souterraine notamment (on en dira pas plus) aurait pu mettre une grande claque dans la tronche, elle est en fait juste... appréciable... ou alors non, la déception fut trop forte, elle est présente et puis c'est tout, on y évolue en guettant simplement la fin.




Et en termes d'histoire et de cheminement, la qualité est-elle de mise ? Car comme dit en début de test, cet épisode était surtout attendu pour son scénario ! Après les événements ayant conclu Assassin's Creed Brotherhood, Ezio Auditore veut partir sur les traces de son ancêtre Altaïr, le héros du premier épisode. Désormais âgé de 52 ans, Ezio se dirigera vers Masyaf, abandonnée par la confrérie, plus particulièrement intéressé par la bibliothèque. Mais pour pouvoir y entrer, il faut récolter cinq clefs…dispersées dans tout Constantinople. Ainsi, Ezio se dirigera vers la capitale ottomane, bien obligé de composer avec les événements. Prenant les fans par les sentiments, Ubisoft joue sur la réunion d’Altaïr et Ezio (qui ne sera que métaphysique, les héros étant séparés par plusieurs siècles d’écart) pour tenter d’attirer le chaland. La promesse en vaut-elle la chandelle ? Clairement pas ! Jamais un épisode d’Assassin’s Creed n’a aussi mal porté son sous-titre. Les révélations ici ne se feront qu’en toute fin de jeu, comme dans le second et dans Brotherhood (tandis qu’Assassin’s Creed III aura eu le mérite de proposer une histoire plus complète et dynamique). Mais le pire reste le cheminement des trois héros.
Avec Ezio, on ne retient pas grand-chose. L’histoire d’amour est expédiée à la va-vite, et les personnages secondaires qui auraient mérité d’être plus mis en avant, notamment le très classe Yusuf Tazim, sont au final trop peu exploités. Les retrouvailles avec Altaïr ne sont clairement pas celles attendues, se résumant à cinq phases très courtes retraçant des moments de sa vie à Masyaf, mention spéciale pour la quatrième se basant sur un gameplay insupportable. On reviendra pour une aventure duale, parallèle, menée dans deux époques différentes par Altaïr et Ezio. On a là le service minimum, et encore ! Et que dire du sort réservé à Desmond, avec ces phases de non-jeu qui ont créé la polémique : vue subjective dans un univers inspiré de Tron, en beaucoup plus moche, dans lequel il s’agira de créer des plates-formes pour avancer, le tout pour accéder à des bribes de souvenirs (et quelques bonus en multi…) : aucun plaisir de jeu. Bref, que ce soit dans les phases impliquant Altaïr que celles avec Desmond, rarement un Assassin's Creed nous a forcés à jouer des séquences aussi ratées, aussi désagréables à jouer (oublions le cas Bloodlines sur PSP).




Graphismes :
On retrouve les tons chauds d’Assassin’s Creed premier du nom. Et comme d’habitude, des lieux réels importants sont fidèlement reproduits : ce sera un plaisir de les arpenter, les escalader, les explorer (rah, l’escalade de Sainte-Sophie !).

Sons :
Le parent pauvre de la saga. Les musiques orientales sont trop discrètes, cela manque de thèmes puissants. Le doublage français convainc un joueur sur deux.

Maniabilité :
Le crochet apporte un plus non-négligeable, on passe plus de temps à gérer les assassins, le gameplay a été diversifié dans la mesure du possible (c’est-à-dire avec des nouveautés en nombre limité)… mais les errances dans le maniement d’Ezio se font trop sentir. Il était temps de bousculer le système avec Assassin's Creed III.

Durée de vie :
La vingtaine d’heures est toujours assurée si on veut faire un peu de tout sans aller non plus jusqu’aux 100%.

Scénario :
EPIC FAIL. Entre des idées pas folichonnes pour Ezio (l'amourette concon), un Altaïr complètement délaissé (cinq séquences d'à peine dix minutes, sérieusement?!!!) et un Desmond que l'on veut quitter le plus vite possible (qui a eu l'idée de ces phases rétrofuturistes minables ?), Revelations déçoit.

En résumé :

Alors que beaucoup étaient impatients de découvrir les liens entre Ezio, Altaïr et Desmond réunis dans un même jeu, cet Assassin's Creed Revelations déçoit clairement par son histoire et sa manière d'aborder certaines phases de gameplay vraiment lourdingues, pour ne pas dire (décou-)rageantes. L'ambiance de Constantinople et les petites nouveautés sauvent les meubles, mais les défauts persistants telle que la maniabilité sont désormais impardonnables. Assassin's Creed III viendra remettre pas mal de choses à plat tout en reprenant la richesse des épisodes précédents...mais sera-t-il vraiment à la hauteur ?
  

Chroniqueur: RogueAerith


Note de la rédaction
Note des lecteurs