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Avis sur Resident Evil 3 Remake

Voq

De Voq [678 Pts], le 12 Juillet 2021 à 11h53

14/20

Il s'appelait Charles-Hubert Nemesis, et il souffrait d'une timidité maladive.
À l'école primaire, il était tombé éperdument amoureux d'une dénommée Jill Valentine. Forte, confiante, fonceuse, brillante, il la voyait comme son exact opposé, la lumière dont il n'osait s'approcher. Il garda ses sentiments enfouis au fond de lui.

La vie les éloigna durant quelques années, et si le nom de Jill demeurait gravé en lui, son emprise semblait aller en s'amenuisant - après tout, quel enfant resterait indéfiniment amoureux d'une fille qu'il n'avait jamais vraiment côtoyée ?
Ainsi, à l'adolescence, il aurait pu passer à autre chose, peut-être bien nouer une relation avec cette autre fille qui n'attendait qu'une belle occasion pour se déclarer à lui... mais au lycée, Jill revint le hanter. Dans une autre classe, ignorant probablement qu'il existait, mais la revoir suffit à raviver les anciennes braises, à les transformer en un feu plus dévorant que jamais. Il éconduisit l'autre fille sans même y penser, puis parvint à se convaincre qu'il devait se rapprocher de Jill, au moins réussir à lui parler. Plus facile à dire qu'à faire : à sa seule vue, il perdait tous ses moyens. La seule fois où elle lui adressa la parole, il ne put que bafouiller des paroles inintelligibles.
Là encore, il garda ses sentiments au fond de lui.

La vie les sépara de nouveau, toutefois il ne sut pas lâcher prise et suivit son parcours de loin, sans jamais se manifester. Il travaillait d'arrache-pied, se promettant qu'un jour, il serait digne d'elle. Alors il irait à sa rencontre et lui parlerait. Il finirait par lui avouer ce qu'il ressentait.
Tandis qu'il intégrait les laboratoires de recherche d'Umbrella Corporation, elle rejoignait les rangs de la police de Raccoon City, brillant au point de mériter une place parmi les S.T.A.R.S., son unité d'élite.

Un jour que Charles-Hubert fulminait à l'idée que ce maudit Chris Redfield puisse tourner autour de sa bien-aimée, il fit une toute petite erreur de manipulation et se piqua par mégarde avec une seringue dont le contenu était en cours de test sur des souris. La quantité injectée était infime, il n'était pas non plus distrait au point d'appuyer sur le piston, mais ça restait une faute professionnelle. Il ne pouvait qu'espérer qu'elle n'aurait aucune répercussion, sur sa santé comme sur sa carrière.
Par chance, son responsable se montra compréhensif et lui proposa un stage de quelques mois en Europe afin de renforcer sa confiance en soi - et par mesure de précaution, on surveillerait de près son état de santé et il serait soumis à divers examens et protocoles médicaux pas clairement définis, mais c'était du détail. Lui forger un mental d'acier, voilà l'objectif, inutile de penser au reste.
Il hésita avant d'accepter, évidemment : l'idée de mettre un océan entre Jill et lui était insupportable... mais son responsable lui fit rapidement comprendre qu'il n'avait pas vraiment le choix, et il signa tous les papiers qu'on lui présentait sans les lire, priant seulement pour que sa douce Jill l'attende encore un peu. Il reviendrait en homme nouveau, digne d'elle, voilà ce qu'il fallait croire.

Fin septembre 1998, alors que des troubles agitaient Raccoon City, Charles-Hubert Nemesis fit son grand retour. Les protocoles médicaux subis lui avaient fait perdre ses cheveux, et à vrai dire il ne se reconnaissait plus vraiment dans le miroir, mais il avait indéniablement pris du muscle et se tenait plus droit que par le passé - penser positif, ne pas s'appesantir sur les petits détails. Et après tout, avec le monde qui semblait s'effondrer autour d'eux, pouvait-il encore se permettre d'attendre avant de déclarer son amour ?
Il était prêt. Depuis le temps qu'il l'observait, il connaissait ses goûts, et si elle préférait les roquettes aux fleurs, alors soit, il oublierait l'idée trop classique d'un bouquet et lui offrirait des roquettes. Et tous ces parasites de S.T.A.R.S. qui lui tournaient autour, il les écarterait de son chemin, d'une manière ou d'une autre.

Au milieu du chaos, Charles-Hubert retrouva Jill.
Elle ne le reconnut pas - fallait-il s'en étonner ? Voir son visage s'éclairer, l'entendre avouer qu'elle aussi était amoureuse de lui depuis la primaire, tout cela n'était qu'un doux rêve. Même quand elle entendrait son nom, elle ne le reconnaîtrait pas. Nemesis, ce n'était pourtant pas si courant. Mais il ne pouvait pas abandonner. Pas avant d'avoir avoué ses sentiments. Elle pouvait le repousser, au point où il en était il s'en accommoderait, tout ce qu'il voulait désormais, c'était une chance de tout lui dire.
Il s'approcha d'elle. Oui, pour la première fois de sa vie, il osa s'approcher d'elle. Sous l'émotion, sa gorge se serra, et il ne parvint pas à parler tout de suite, alors il tendit le bras vers elle. Ou peut-être un tentacule - tiens, depuis quand avait-il des tentacules, d'ailleurs ? Bah, peu importait.
Elle refusa tout contact et lui tira dessus à coups de fusil à pompe avant de prendre la fuite.
Encore un peu sonné, il se mit à la suivre. Rien ne se déroulait comme prévu. Il ne lui avait pas parlé, ne lui avait même pas encore offert ses roquettes, et elle fuyait. Pire, elle faisait équipe avec un Carlos sorti d'on ne savait où qui lui faisait du rentre-dedans avec sa perruque bouclée et soyeuse pour dissimuler sa calvitie naissante, manquerait plus qu'il se mette à chanter « tirelipimpon un coup en l'air un coup en bas, touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas ! ». Pourquoi lui, elle ne le fuyait pas ? Oh, ce Carlos Oliveira subirait un juste châtiment... mais pour le moment, Jill avait la priorité, sa tendre Jill qui le verrait d'un regard nouveau dès qu'il aurait réussi à lui parler.

Il la poursuivit à travers toute la ville, à travers les murs et les flammes s'il le fallait, lui offrit ses roquettes - certes un peu maladroitement, mais fallait-il vraiment qu'elle le prenne aussi mal ? Croyait-elle donc que Charles-Hubert n'était qu'un vulgaire stalker ? Si c'était le cas, il fallait vite la rattraper afin de dissiper ce malentendu !
Il pouvait le faire. Il avait toutes les cartes en main.
Et pourtant, il échoua.
Elle ne lui laissa aucune chance.
Quand elle ne le fuyait pas, elle l'attaquait à coups de fusil ou de lance-grenades sans jamais lui laisser le temps de s'exprimer. Il avait beau être devenu résistant, c'était douloureux. La douleur physique n'était toutefois rien face à la douleur morale qu'elle lui infligeait. Jamais elle ne l'aimerait, il en avait bien conscience à présent. Il l'acceptait. Il aurait juste voulu lui dire...
Elle le tua froidement à l'aide d'une arme expérimentale.
Pauvre Charles-Hubert Nemesis. Une fois de plus, ses sentiments resteraient enfouis au fond de lui. À tout jamais.

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