Black Bones - Actualité manga

Black Bones

Interview

Interview n°3

Interview n°2

Interview n°1

Alexandre Regreny bonjour.
Bonjour.

Quel est ton rôle chez Black Bones?
Nous sommes trois associés. On s'est réparti les tâches en fonction de notre passé professionnel. Je suis directeur commercial : je m'occupe de tout ce qui est vente, nouvelles technologies, médias et une partie acquisition par rapport à nos partenaires qui sont actuellement Delcourt et Tonkam.

Comment est né Black Bones?
Black Bones est un label de RGSquare qui s'occupait au départ uniquement des relations franco-japonaises avec les éditeurs français. Puis on s'est retrouvé avec des licences sélectionnées normalement pour d'autres éditeurs, qu'on a conservé parce que nous avions des responsabilités et un engagement financier dessus. Ce qui nous a amené à créer plus tôt que prévu un label vidéo -qui était prévu pour 2009- en commençant par Tough.

Le catalogue du label comprend surtout des oldies dont certains sont cultes. Comment les choix sont-ils orientés?
Pour les oldies, il s'agissait de titres bloqués au départ, où il y avait beaucoup de problèmes techniques et que personne ne voulait prendre en charge. Bubblegum est un des premiers titres à être apparu en France et comme on cible les « nouveaux nostalgiques » (les nostalgiques, c'est ma génération avec Bouba, Tom Sawyer...) on s'est dit que ce serait une bonne idée. Pareil pour Arslan dont les droits étaient aussi bloqués. Pour Iczer One, c'était plus le côté « Alien », les musiques du compositeur de X-Or... On veut marquer un label de trentenaires, on n'essaie pas de rentrer dans un circuit purement commercial. Même s'il nous faut des séries plus vendeuses -comme Tough- on va essayer de sortir des séries qui nous plaisent. Si cette démarche n'est pas acceptée par le public, on s'adaptera. Mais si les gens suivent, on continuera à récupérer des titres sympathiques, oubliés ou bloqués comme les OAVs de Bastard qui mériteraient d'être adaptées.

Mais n'est-ce pas plus difficile d'acheter des licences de vieux titres?
Si! Ce n'est pas l'aspect financier qui pose problème. C'est difficile au niveau de la recherche : avec les fusions de groupes, par exemple, les catalogues se sont perdus et parfois même les japonais ne savent pas qui détient les droits de telle série. Donc la plupart du temps on travaille directement avec le producteur sans passer par un agent international. Cela supprime une commission et on répercute ça sur le prix du DVD : ça nous permet d'avoir une remasterisation, un doublage... pour avoir au final un prix correct.

Le côté amusant de ces vieilles séries, c'est les petits plus cachés dans les cellulos. Par exemple, dans Bubblegum on a dans une OAV des écrans géants de Tokyo avec Cosmocats qui apparaît sur l'écran, sur la route on a des fonds avec des personnages d'Iczer One, le casque de moto avec le nom du studio AIC, des petites scènes supplémentaires dans le coin de l'image... Ce qui ne se fait plus aujourd'hui avec le numérique.

Est-ce qu'il y a beaucoup de travail pour remettre aux normes ces vieilles séries?
Oui! On pourrait ne pas le faire mais on veut développer nos produits pour la VOD et la téléphonie mobile, ce qui exige un certain niveau technique. Il faut environ 6 mois de travail. Pour Bubblegum, les travaux ont commencé en septembre de l'année dernière et ce sont finis le mois dernier! Il a fallu reprendre les bandes-originales sous scellés, les recaler, nettoyer les bruitages pour obtenir quelque chose de propre.

Au niveau du doublage, est-ce que tu participes au choix des voix?
RGSquare a un partenariat avec un studio de doublage. On a fait notamment l'adaptation de Mär Heaven pour Dargaud, les menus DVD de l'animé de Death Note... Ca nous permet de faire des choses de qualité, par exemple au niveau du casting on essaie d'employer des voix que les gens ont aimé -comme Bourier, la voix du Grand Pope dans Saint Seiya, qu'on retrouve dans Tough- et qui sont quand même de vrais comédiens.
Pour continuer sur Tough, on a fait un doublage plus agressif que pour les sous-titres pour rester dans l'esprit tout en adaptant à la France et sans trahir le titre.

Choisir ces voix là, c'est une autre manière de jouer sur l'aspect nostalgique?
Oui, voilà. Et puis les VF sont toujours très critiquées. Si on compare VO et VF les avis seront toujours partagés : il y a bien des gens qui préfèrent la version japonaise des « cités d'or » alors qu'au départ c'est un programme français. Les voix japonaises sont très aiguës. Si on adapte en français avec des voix du même timbre, c'est immonde. Il faut prendre le risque de faire des mélanges.

Que va changer le nouveau partenariat de Black Bones avec Delcourt/Tonkam?
Il s'agit d'une prise de participation. On garde notre indépendance : aucune décision n'est prise sans les trois fondateurs. Il ne s'agissait pas d'un problème économique plutôt un problème que rencontre les éditeurs actuellement à savoir qu'il devient difficile de dissocier animé et papier. Ca permet d'avoir une plus grande visibilité, avec une diffusion télé par exemple. L'avantage avec Delcourt, c'est que -même avant de se connaître- nos choix étaient presque équivalents : Tough, RG Veda, Tokyo Babylon sont trois titres qui sont sortis chez Tonkam, qui nous avons acheté l'année dernière alors que le partenariat n'a commencé qu'au début de cette année... ou alors on a les même goûts!

Peux-tu nous parler de tout ce qui ce qui concerne les nouvelles technologies?
Pour la vidéo, on essaie de trouver des programmes de 15 minutes pour pouvoir proposer un portail avec du téléchargement ou du streaming basé sur l'animation japonaise. Pareil pour la plateforme VOD. L'avantage de ce support, c'est qu'il ne demande aucun coût, il n'y a rien autour. Pas d'encodage, pas de traçage, pas de disque, pas de boîtier. On pourrait arriver à 2 euros l'épisode.

C'est difficile à mettre en place?
Oui, parce qu'il y a une grosse confusion sur les normes entre le Japon et l'Europe. La VOD et l'IPTV, c'est l'inverse au Japon! Les japonais ont bien sûr peur que ça parte un peu partout, on ne peut pas tout contrôler sur le net. Mais voyant la vente de DVD chuter, les acquisitions VOD arrivent. Restent à trouver les accords avec les plateformes françaises et se mettre d'accord sur qui prend quoi.

D'où est né l'idée de la jaquette de Bubblegum Crisis?
C'est mon côté fêlé (rires). On a eu la possibilité de dessiner le packaging. On s'est dit que ce serait sympa de donner un côté goodies à la jaquette plutôt que de rajouter un gadget à l'intérieur. On voulait un truc qui pivote avec des illustrations retravaillées -celles des trois volumes ont été entièrement recolorisées- un truc dans l'air du temps sans plastique, qui ne se casse pas. Regardez Bubblegum et ce qui se passe dans le futur, si vous ne voulez pas que ça vous arrive soyez écolos (rires)! Donc du carton, de la mousse végétale... C'est pas facile à ranger parce que ça sort des normes et il n'y a pas de tranche mais le but ce n'était pas de le ranger mais de le mettre à l'avant.
Et puis Bubblegum, c'était les 20 ans de la série, qu'on a tous aimé à un moment ou un autre avec l'univers cyberpunk. C'était une sorte d'hommage. Mais ça n'a pas plus à tout le monde, on est peut-être allé un peu loin.

Internet est-il un bon moyen pour promouvoir de nouveaux titres?
Je pense que la presse papier est utile en communication de fond mais c'est vrai qu'au niveau de l'impact publicitaire, c'est peu intéressant. On n'a pas de retour réel, pas de statistiques et on ne connaît pas les mises en place. Alors que sur un site avec un compteur, on a une base de calcul. On peut faire des sondages... on a un meilleur « retour client », y compris chez les professionnels. Celui qui pense pouvoir se passer du net se trompe. Et en plus ça nous permet de voir d'où viennent les bascules sur notre site qui est encore peu connu.

A contrario, tu as le problème du téléchargement et du fansub.
Nous ne sommes pas trop touché par le phénomène. Parce qu'on l'a voulu aussi, en choisissant des oldies. Le net : c'est l'actualité. Des titres vieux qui se retrouveraient sur le net à partir de VHS ne valent rien : image médiocre, ça pixelise en plein écran... Et puis les gens qui seraient intéressé par nos titres, étant un peu plus âgés, ont une plus grande valeur de l'argent.
Un long métrage ou une OAV quand tu l'as vu en version pirate, on pourra dire ce qu'on veut, tu ne l'achètes, tu ne le regardes pas dix fois. Pour des séries longues, avant de commencer à mettre de l'argent dans 150 épisodes, on peut concevoir d'en avoir quelques uns gratuit comme ça commence à se faire. Mais c'est aussi aux japonais de faire des efforts. Si aujourd'hui, ils font l'effort de venir en France, c'est qu'il y a un malaise : les clients et le potentiel augmentent mais les ventes chutent!

Vous allez bientôt sortir Tokyo Babylon et RG Veda, qu'est ce vous nous préparez d'autres?
Avec Tonkam, on va faire notre premier essai ensemble et voir ce que ça donne. Après , début 2009, on va faire des essais sur des acquisitions communes où le manga et l'animé arriveront en même temps. Essayer de faire quelque chose de commun, pas forcément en proposant le manga avec le DVD. Et de l'autre côté se lancer dans le merchandising pour avoir quelques accessoires qui iront avec. L'animé vient souvent après parce que c'est difficile de proposer à quelqu'un l'animé de ce qu'il vient de lire comme pour Monster où chaque case est reprise une par une. Pour To Love, on a le manga avec son histoire et l'animé qui est complémentaire avec une histoire parallèle, qui reprend les personnages mais différente.

Après pour rassurer ceux qui ont critiqué Black Bones pour les oldies, on aura des choses plus récentes, des productions qui ont moins de trois ans. Mais toujours avec le même état d'esprit c'est à dire avec des auteurs de notre jeunesse. Mais on va continuer à prendre des titres oubliés! Vous avez aimé cet auteur là, il reste des oeuvres de cet auteur qu'on vous propose.

Merci beaucoup.
Merci à vous!




Entretien réalisé par Blacksheep et Erkael (Juillet 2008)