Critique de l'anime : Victorian Romance Emma
Publiée le Lundi, 16 Février 2015
Dans "Victorian Romance Emma", on retrouve l'univers du Londres industriel du XIXe siècle et on se remémore les souvenirs nostalgiques des épisodes de "Princesse Sarah", en suivant une belle romance entre deux jeunes gens de classes sociales opposées. Un anime sur fond de grandioses décors victoriens à faire rêver.
Même si Emma est une "maid" au service d'une vieille dame un peu sévère, mais très sensible et généreuse, on est à 10000 lieues de l'anime bourré de fan service. Victorian Romance Emma, comme l'indique le titre, est un anime d'un grand romantisme à l'ère Victorienne. L'histoire est très crédible, et aborde des thèmes comme l'image de la famille dans la société, les bonnes mœurs à adopter, les mariages arrangés et le rôle de la famille dans les relations sociales.
Ainsi William Jounes est un homme rêveur et un peu maladroit, mais qui doit assumer une grosse part de responsabilité en tant qu'aîné de la famille. Cette dernière essaie de lui dicter ses actes afin qu'il se conforme aux bonnes mœurs et à la tradition. On suit les mondanités de la société bourgeoise et tous les codes de l'époque. Dans ce décor, Victorian Romance Emma présente une histoire d'amour entre deux personnes de classes sociales opposées, mais qui oublient ce fossé. Les effusions et démonstrations sont peu présentes et plutôt discrètes puisqu'à l'époque Victorienne, ce n'est pas très à la mode.
Malgré tout, l'amour est omniprésent sans être neuneu. Des obstacles vont se dresser, notamment la jeune Eleanor Campbell issue d'un milieu aisé et que la famille Jounes aimerait bien voir épouser leur fils aîné. Le triangle amoureux n'est pas si poussé que ça comparé aux shôjos classiques, on aurait d'ailleurs pu penser qu'Eleanor allait être l'ennemie et la menace d'Emma, mais le réel obstacle qui finalement s'oppose à l'amour de William et Emma est autre : la différence de classe et la condamnation par la société bourgeoise et la famille qui a peur d'être éclaboussée par un scandale.
Mais Victorian Romance Emma n'est pas qu'une histoire d'amour, car elle fourmille de détails sur l'Angleterre Victorienne. On présente les personnages dans leur vie quotidienne ; une étude approfondie a été effectuée sur le mode de vie de l'époque, avec en bonus en fin d'épisode des petites explications historiques. Certains anachronismes ou erreurs dans le manga ont même été gommés dans la série animée. Le rythme est donc assez lent puisqu'on apprécie tout doucement la vie londonienne à travers les yeux d'Emma et William Jounes, sous deux aspects différents puisqu'elle est d'un milieu modeste, côtoyant le Londres d'en bas et lui la bourgeoisie, ses soirées mondaines et ses codes.
L'histoire reprend le début du manga Emma de Kaoru Mori. L'anime ne comporte que 12 épisodes, alors qu'il devait en avoir 30 ou plus initialement. Suite à des raisons budgétaires (coût des recherches historiques et soins tout particuliers à l'animation), la production n'a pas pu remplir son objectif et le dénouement de l'anime est assez abrupt, correspondant à la fin du deuxième tome du manga qui en comporte six. On regrette donc cette précipitation qui gâche un peu la fin de la série.
Les personnages principaux sont tous attachants. Par son côté maladroit, William est vraiment le héros sympathique. En se conformant au code du gentleman, il en vient même à provoquer les quiproquos envers la pauvre Eleanor qui croit à un amour possible entre elle et lui. Quant à Emma, de par sa position sociale, elle se révèle assez renfermée, gardant ses sentiments pour elle, et restant toujours très timide et polie. Même si elle n'est pas spécialement jolie avec ses grosses lunettes, elle dégage un certain charme. Cependant, certains pourront être agacés par ce duo un peu inactif et mou qui n'ose pas agir. Mais leur maladresse et leur retenue amusent et l'humour est discret, mais pas absent grâce à l'extravagant Hakim.
Les dessins utilisent des couleurs pastel, ce qui traduit bien le contraste Londres d'en haut (couleurs plus claires ou vives) et d'en bas. Le trait est doux, mais précis sans lignes cassantes, tout est en rondeur très agréable pour l'oeil et l'animation suit son cours avec une bonne fluidité. Le dessin est propre, soigné et très détaillé dans les décors. Les lieux comme la Station King's Cross ou le Crystal Palace ont été méticuleusement reproduits. Le studio n'a pas lésiné sur les moyens (on comprend mieux pourquoi ils ont explosé leur budget) pour apporter un soin ultime à chaque rue, bâtiment ou les costumes.
La musique est discrète et se cale bien avec l'ambiance classique du Londres industriel du XIXe siècle.
Même si Victorian Romance Emma n'est pas l'anime que les fans d'action et d'humour potache apprécieront, revenir dans une époque glorieuse de l'Angleterre et découvrir, à travers l'histoire d'amour de deux jeunes gens de classes différentes, les détails de la vie londonienne du XIXe siècle, nous permet d'apprécier cette série certes courte et sans prétention.
