Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans - Saison 1 - Actualité anime
Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans - Saison 1 - Anime

Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans - Saison 1 : Critiques

Critique de l'anime : Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans - Saison 1

Publiée le Mardi, 29 Mars 2016

Démarrée en octobre 2014, la série Gundam : Reconguista in G (ou G-reco pour les intimes) fut un échec retentissant. La série dirigée par Yoshiyuki Tomino, papa de toute la saga, et se voulant être une suite à l’Universal Century n’a pas su marquer les esprits, au point que le réalisateur lui-même ait dû faire son mea-culpa, assumant toutes ses erreurs de choix autour de l’œuvre. Cocasse quand on sait que celui-ci décriait le succès mondial qu’est l’anime L’Attaque des Titans et souhaitait proposer à la jeunesse une série qui tienne davantage la route, du moins dans son esprit. Le bide fut encore plus grave en France puisqu’il s’agissait de la première série Gundam proposée en simulcast, Gundam Age n’ayant pas eu droit à ce traitement de faveur en 2011.



Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans
(ou Tekketsu no Orphans de son titre nippon) sonnait comme une volonté de la Sunrise de reconquérir son public après le fiasco de la précédente série. En effet, l’œuvre a démarré à peine un an après sa grande sœur, un rythme auquel nous n’étions plus trop habitués dans la saga. Visiblement plus mature et annoncée initialement sur un format de 25 épisodes, Iron-Blooded Orphans ne manquait pas d’arguments pour séduire, a priori. Mais qu’en est-il vraiment ? Notons d’ailleurs que la série ouvre un tout nouvel univers de la saga, le Post Disaster, et ne nécessite donc aucune base en matière de Gundam pour pouvoir s’y lancer.

Nous sommes en l’an 323 du calendrier Post Disaster, soit 300 ans après la fin d’un conflit d’envergure universel nommé « Guerre des calamités ». Le combat opposant la Terre à la planète Mars, depuis colonisée, s’est achevée par une victoire terrestre désormais divisée en quatre grands blocs et sous le joug de l’organisation militaire et aristocrate Gjallahorn, visant la sauvegarde de la paix de la planète.


Sur Mars, une adolescente politiquement engagée du nom de Kudelia Aina Bernstein, représentante de la ville martienne de Chryse, souhaite négocier l’indépendance de sa planète. Pour son escorte, elle se rapproche du CGS dont les ouvriers n’ont jamais connu ni amour, ni famille, ni sérénité. Alors que la mission est sur le point de démarrer, le CGS est attaqué par Gjallahorn. Quelques enfants soldats dont Orga Itsuka et Mikazuki Augus se révoltent et prennent la tête du groupe jusqu’à fonder leur propre mouvement indépendant : le Tekkadan (ou Lys de fer). Souhaitant honorer sa mission d’escorte en plus de solidifier leur organisation, le Tekkadan va devenir la cible de Gjallahorn et devoir gagner en appui ainsi qu’en puissance. Fort heureusement, ils peuvent compter sur deux armes sophistiquées : le système Alaya-Vijnana qui permet de relier l’homme à la machine pour plus d’efficacité, et un prototype redoutable issu de la Guerre des calamités et piloté par Mikazuki, le Gundam Barbatos…


La saga Gundam cherche généralement à rester fidèle à ses grandes idées et à des thèmes géopolitiques tout en cherchant d’innover un minimum à chaque fois. Dans le cas d’Iron-Blooded Orphans, des nouvelles mécaniques sont mises en place afin de rendre le tout plus original et aborder une optique futuriste nouvelle. Ainsi, il n’est plus question de colonies spatiales bâties par les mains de l’Homme, mais de la planète Mars, colonisée et subissant l’oppression terrienne par le biais de l’organisation militaire Gjallahorn. Beaucoup de clins d’œil scénaristiques aux premières séries, oui, mais c’est bien le point de vue de cette œuvre qui fera toute la différence.
Car il n’est pas vraiment question d’une armée militaire face à une autre, l’intrigue d’Iron-Blooded Orphans est un poil plus complexe et nous invite à suivre l’évolution du Tekkadan, groupe formé par des ouvriers martiens qui ont cherché à s’émanciper de leur condition et ont profité du désarroi pour prendre leur envol, connaître une liberté qu’ils n’ont jamais eue, passant par l’escorte de la personne de Kudelia qui pourrait aboutir à une libération de la planète de l’occupation terrienne. Le fait que Tekkadan ne soit pas un groupe militaire est important dans l’approche des personnages : ceux-ci ne sont pas des militaires aguerris et se forment sur le tas, ils combattent tels des révolutionnaires plutôt qu’une armée structurée et doit sa réussite aux liens moraux entre eux plutôt qu’à leur entraînement de bon petit soldat.


La série s’intéresse alors énormément à ces personnages, très fermés de prime abord, mais qui exprimeront des facettes différentes tout le long de l’œuvre. Mikazuki et Orga, les deux personnages principaux, seront d’ailleurs les plus exploités et l’œuvre va tenter de leur donner la vision d’une vie plutôt que de basique les faire évoluer de figures solitaires à personnages ouverts. Plus globalement, c’est le thème de la famille que cherche à exploiter la série. C’est réussi, assez simplet, mais séduisant lorsqu’il s’agit de montrer les liens solides entre les membres du Tekkadan, mais le sujet prend des proportions très étranges lorsque entre en jeu l’organisation Teiwaz dont l’un de ses vaisseaux est dirigé par un contrebandier et son large harem, prônant l’amour sans limites et par conséquent une multitude de conquêtes. Il n’en ressort donc pas de personnage réellement charismatique, excepté peut-être Orga, au cours de ces épisodes, mais les développements illustrent davantage un groupe solidaire plaisant dans son ensemble. Du côté de Gjallahorn, des figures plaisantes comme Gaeolio et McGillis apparaissent rapidement, mais restent trop longtemps dans l’ombre, n’entrant vraiment en scène que dans la seconde moitié de l’œuvre. La frustration est heureusement compensée par de très bonnes interactions entre ces personnages sur les derniers épisodes.


L’intrigue peut paraître étrange puisqu’elle est se développe de manière fluide sans montrer de grands rebondissements, sauf peut-être sur deux épisodes du milieu de l’œuvre. La série passant sa première moitié à développer le contexte et les personnages, la sensation de non-progression jusqu’au deuxième segment de l’œuvre paraît palpable et finalement peu de grands développements de la situation géopolitiques sont montrés. Iron-Blooded Orphans nous parle ainsi d’une Guerre des Calamités qui n’est jamais vraiment expliquée, sauf pour justifier l’oppression de Gjallahorn sur Mars, de même que la constitution des blocs planétaires n’est pas primordiale tant l’intrigue se concentre sur le périple du Tekkadan et des factions de Gjallahorn qui s’opposent à eux. Il faut ainsi attendre les tous derniers épisodes pour voir un scénario plus intrigant se présenter, teintés de coups bas et de manipulations politiques, qui révèle finalement les enjeux de la série… ou plutôt de cette première saison. Tout prend un sens lorsque l’on sait que la série est pensée sur deux salves de vingt-cinq épisodes, la première mettant en place le Tekkadan, sa première grande mission et jeux de pouvoir qui frappent l’organisation ennemi en interne. De cette manière, on place de très grands espoirs dans Iron-Blooded Orphans, sans sa globalité puisque l’œuvre entière devrait compter une cinquantaine d’épisodes au total. Mais prise telle quelle, la série se suit sans déplaisir, se focalise essentiellement sur les personnages et présente une seconde partie beaucoup plus passionnante en terme de scénario et de drames humains. Notons aussi qu’en guise de nouveauté, la série présente le système Aya-Vijnana, connexion entre l’homme et la machine pour garantir une bonne harmonie et une grande qualité de pilotage, une part de l’intrigue trop peu exploitée et qui soulève quelques mystères sur le dernier épisode.
Notons d’ailleurs que les batailles sont moins nombreuses que dans d’autres séries Gundam, surtout les plus modernes. La série s’intéresse à l’humain plus qu’à la machine, une particularité des premières œuvres de la saga d’ailleurs, si bien que les combats servent surtout à garantir le spectacle quitte à partir dans des stratégies capillotractées, mais efficaces en termes de pur divertissement. Ça tombe plutôt bien puisque la réalisation technique de la série est des plus honnêtes, le style des engins moins lisse que dans les œuvres précédentes et l’animation et les effets visuels de bonne facture.


La bande originale de Masaru Yokoyama est aussi à saluer. Le compositeur, habitué de la saga Queen’s Blade ou plus récemment de Your Lie in April, créer ici une ambiance particulièrement intense lors des scènes d’action grâce à des thèmes rythmés où se ressentent fortement des influences et percussions hispaniques. Ce sont d’ailleurs ces grands morceaux qui restent en tête, les autres appuyant parfaitement l’ambiance, mais restant plus discrets.
Les génériques, eux, sont de facture tout à fait correcte. La surprise est la présence du groupe Man With à Mission pour le premier opening, ainsi que la chanteuse du groupe Wagakkiband, Yuko Suzuhana, pour un ending spécial de l’épisode 19. Le premier ending a aussi son charme par la puissance de la voix de la chanteuse, Orphans no Namida de Misia achevant les épisodes de la première partie de la saison sur de belles notes, là où Steel – Iron Blooded Bonds – du groupe True est plus anecdotique musicalement.


La série fut proposée en simulcast par Wakanim et reste actuellement dans le catalogue VOD de l’éditeur. Outre la fâcheuse manie du groupe à découper une série en « arcs » alors qu’elle n’en contient pas vraiment, le fait de pouvoir profiter légalement et en français d’une série Gundam est une véritable aubaine, surtout quand celle-ci est de qualité. Reste que la traduction, assurée par la Sunrise en interne, n’est pas exempte de petits bémol. On parle ainsi de « société » pour Tekkadan que l’on voit plutôt comme une milice, et autres petites imperfections qui sautent aux yeux de temps à autre.

Après l’échec critique de Gundam : Reconguista in G, la Sunrise a voulu proposer quelque chose de plus classique dans le fond tout en essayant d’apporter un peu de nouveauté à l’univers Gundam. Le pari est réussi avec cette première moitié de Gundam : Iron-Blooded Orphans qui fait la belle part aux personnages et est doté d’un background très intéressant, truffé de clins d’œil aux premières séries, bien qu’il faille attendre la seconde partie de cette saison pour voir l’intrigue véritablement se confirmer. Gageons qu’après avoir fait monter l’intensité sur son final, la série nous propose de la retrouver pour sa deuxième saison dès l’automne 2016… On prend alors notre mal en patience, car maintenant que la série est correctement lancée, on en attend énormément de sa deuxième partie !
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

15.5 20