Jojo's Bizarre Adventure - Stone Ocean - Actualité anime
Jojo's Bizarre Adventure - Stone Ocean - Anime

Jojo's Bizarre Adventure - Stone Ocean : Critiques

Critique de l'anime : Jojo's Bizarre Adventure - Stone Ocean

Publiée le Jeudi, 13 Janvier 2022

Rarement une saga aura connu une aussi grande envolée de sa notoriété. Œuvre de niche durant les années 2000 et au débuts de la décennie 2010, le mastodonte Jojo's Bizarre Adventure de Hirohiko Araki a vu sa popularité en occident exploser grâce à l'adaptation animée fleuve du studio David Production, lancée à l'automne 2012. Mais plus que de livrer une adaptation continue, la société a opter pour une division en saisons, d'abord pour regrouper les courtes parties 1 et 2 de la fresque, mais aussi pour permettre un confort de production tout en chamboulant parfois les têtes d'affiche du staff technique. Jojo étant un manga qui a évolué au fil des années/décennies au même titre que la patte de son auteur, renouveler les artistes derrière les arcs de l'anime est très loin d'être une idée sotte, quand bien même certains noms reviennent régulièrement.

La partie 5 de l'œuvre, Golden Wind, fut diffusée entre octobre 2018 et juillet 2019, pour un total de 39 épisodes qui nous ont menés aux côtés du jeune Giorno Giovanna et de son petit gang pour lutter contre la corruption de la Pègre locale, le tout à grand renforts de Stand aux pouvoirs aussi inouïs que loufoques. Face à ce succès à la fois commercial (les ventes Blu-ray au Japon ayant fait de jolis scores) et critique, David Production ne pouvait pas en rester là. Ainsi, c'est via un événement en ligne diffusé le dimanche 4 avril que l'annonce tombe : Stone Ocean, sixième partie du long manga d'Araki, sera lui aussi porté en animation. La nouvelle se suit de la révélation de l'interprète vocale du sixième JoJo, la seiyû japano-égyptienne Ai Fairouz qui concrétise alors un rêve, cette dernière ne cachant nullement son amour pour la fresque Jojo's Bizarre Adventure.


A la surprise générale, ce n'est pas une plateforme de simulcast traditionnelle d'animation japonaise qui récupère les droits de ce sixième grand arc, mais bien Netflix. Le mastodonte de la VOD développe depuis des années l'animation japonaise dans son catalogue, via des créations originales notamment, aussi Stone Ocean est la suite logique de l'action menée par la plateforme qui avait déjà acheté les droits des OVA Rohan Kishibe. La bonne nouvelle, c'est la présence d'un doublage français et d'une mise à disposition des 12 premiers épisodes de la série avant même la diffusion japonaise. Car si cette première fournie est rendue accessible en simultanée dans le monde, une diffusion télévisée aura bel et bien lieu au Japon, ce dès le 7 janvier 2022.

Côté staff, Kenichi Suzuki (réalisateur des parties 1 à 3 de l'anime) reprend du service en tant que directeur en chef du projet, épaulé par Toshiyuki Kato en tant que réalisateur. Le choix est judicieux, l'artiste ayant travaillé à de multiples postes sur l'anime Jojo depuis ses débuts, et ayant dirigé la partie 4 qu'est Diamond is Unbreakable. Deux chefs d'orchestres d'arc bien différents de Jojo joignent leurs forces et leurs talents, ce qui n'a rien d'absurde quand on connait les directions (artistiques comme scénaristiques) prises par Stone Ocean.
Scénariste attitrée de la saga, Yasuko Kobayashi reprend du service à la structure de l'histoire, un travail qu'elle a admirablement mené sur les quatre parties précédentes en adaptant les histoires de Hirohiko Araki et en les condensant parfois de belle manière. Côté character-design, un nouveau nom rejoint la liste des artistes ayant travaillé sur les personnages de Jojo : Celui de Masanori Shino. Ce dernier a de belles expériences sur son CV et à de multiples postes, que ce soit sur Digimon Adventure tri, certains films Inu Yasha, Terra Formars ou plusieurs œuvres Gundam. Enfin, c'est sans grande surprise que nous retrouvons Yûgo Kanno à la composition musicale, ce dernier signant les B.O de Jojo's Bizarre Adventure depuis Stardust Crusaders. Ce tour d'horizon du staff principal fait, voyons ce que ces douze premiers épisodes de Stone Ocean ont à nous offrir. Notons qu'ils adaptent du premier tome à la moitié du volume six.


Incarcération, disques et famille

En 2011, Jotaro Kujo a eu une fille, Jolyne. Jeune rebelle cherchant à combler l'absence d'un père constamment pris par son travail, la jeune femme se retrouve incarcérée au sein de la stricte prison de Green Dolphin, en Californie, pour un crime qu'elle n'a pas commis. Peu avant, son petit-ami Romeo renversait un piéton, et Jolyne est accusée d'être la conductrice. Pire encore, elle a été piégée par ce même Romeo et doit subir la lourde peine à sa place. Ses tracas ne s'arrêtent pas là car bien rapidement, elle se découvre un pouvoir après s'être coupé avec le talisman que son père lui a remis. Désormais dotée d'un Stand, Jolyne va constater que d'autres détenus se retrouvent aussi dotés de pouvoirs, et qu'un complot se trame au sein des murs de Green Dolphin... Par la visite inattendue de son père ou l'entrée en scène d'un enfant qui ère dans la prison, Emporio, Jolyne va devoir mener un combat face à un ennemi qui se cache et dont l'objectif n'est autre que les pouvoirs des quelques détenus manieurs de Stand.


Sixième étape : La prison

Jojo's Bizarre Adventure, qu'il s'agisse du manga ou de la série animée, est une véritable incitation au dépaysement. Les fans de la saga sont friands de ce voyage dont ils ne peuvent deviner la prochaine halte, à moins qu'ils se soient renseignés en amont. Chaque partie de la fresque flirte avec un genre de la fiction, de l'horreur pour Phantom Blood à l'intrigue mafieuse pour Golden Wind, en passant par le road trip de Stardust Crusaders, le récit d'aventure burlesque avec Battle Tendency, et la tranche de vie teintée de thriller dans Diamond is Unbreakable. Comme chaque arc à son identité (narrative comme esthétique), chaque spectateur a son et ses Jojo de prédilection, ceux qui l'ont accroché plus que les autres grâce à ses ingrédients, voire grâce à sa panoplie de personnage. Dans le processus de découverte de la longue œuvre de Hirohiko Araki ou de son adaptation animée, chaque partie est vouée à être une expérience à part entière.


Alors, que nous propose Stone Ocean ? Au-delà de mettre en scène la première héroïne de la série (et la seule à l'heure actuelle) et fille du célèbre Jotaro Kujo, c'est dans un domaine carcéral que nous mène cette nouvelle histoire. Jolyne est accusée d'un crime qu'elle n'a pas commis (ou du moins, dont elle n'est pas la fautive principale) suite à quelques magouilles crapuleuses, ce qui la mène dans un sévère centre de détention de Floride. Le spectateur familier avec les codes de la licence n'est pas dupe dès lors qu'un bouche de la « flèche » entre en scène, aussi les péripéties de Jolyne dans ce contexte se feront face à des manieurs de Stand, et aux côtés de personnages aux auras charismatiques, excentriques ou mystérieuses, tant qu'ingrédients qui sont aussi monnaie courante dans l'œuvre. De la sévère Hermes à la loufoque F.F en passant par le jeune et intrigant Emporio et sans oublier le fringant Weather Report (renommé Weather Forecast pour l'occident, mais nous y reviendrons), le casting ne met guère longtemps à nous séduire.

Et tout comme nous sommes familiers avec le déroulement narratif des arcs de Jojo depuis Stardust Crusaders, on s'attend dès lors à un découpage scénaristique évident, chaque phase de l'histoire mettant en scène son combat entre détenteurs de Stand. Dans un premier temps, cette formule est efficace pour planter le climat et présenter une Jolyne qui doit découvrir l'étendue de son nouveau pouvoir pour espérer survivre dans ce milieu hostile. Puis, c'est par le retour d'un personnage emblématique de la série que l'intrigue décollera véritablement. A partir de là, nous sommes quelque peu sortis de notre zone de confort pour entrer au contact d'une trame de fond qui s'avère peut-être bien plus dense que les précédentes. Si on prend exemple sur Golden Wind, l'arc précédent, son intrigue se révélait simpliste mais néanmoins efficace dans tout ce qu'elle entreprenait. Avec cette première fournée d'épisode de Stone Ocean, outre un cadre qui apporte sa touche de fraîcheur, ce sont les quelques nouveaux concepts mêlé au complot qui semble se tramer à Green Dolphin que nous prenons plaisir à découvrir. L'expérience est réellement grisante sur le plan scénaristique, si bien que le dernier épisode de cette première partie est teinté de frustration : Lorsque l'antagoniste se dévoile au même titre que ses liens avec les antécédents de la saga, on en attend forcément plus du scénario à venir. Il faudra donc prendre son mal en patience et voir ce que la suite de l'aventure de Jolyne nous réserve... A moins que nous passions par le manga original, ce que nombre de spectateurs auront sans doute déjà fait.


De la fidélité de l'adaptation à une production en deçà ?

Depuis ses débuts, la série animée Jojo's Bizarre Adventure a joué la carte de la fidélité au manga de Hirohiko Araki, en contraste avec les productions d'autrefois du studio A.P.P.P qui cherchaient parfois des ambiances plus sombres et cruelles. Par conséquent, l'anime Stone Ocean cherche à être en adéquation avec la version papier, ce qui n'a pas dû être une mince affaire pour les réalisateurs, storyboarders et animateurs tant l'arc est réputé pour être la partie du manga la plus complexe à aborder visuellement. A cette époque, l'auteur côtoie encore un rythme de parution hebdomadaire. Son trait est extrêmement détaillé, et sa narration se retrouve souvent alourdie par tout un tas d'effets visuels, au point d'empêcher la bonne compréhension de plusieurs affrontements. L'anime, de par son découpage de l'action et son intégration de mouvements, pouvait être un moment de fluidifier le récit.


Cette première salve de saison adapte 5 tomes et demi du manga Stone Ocean, et s'achève après l'étape « Avis de tempête » qui fait suite au fameux « Plan Savage Garden ». A ce titre, le découpage de la version animée est habile puisque même si l'intrigue atteint une autre étape, la pause dans la diffusion de Netflix ne nous laisse pas sur une note de suspense, mais bien sur l'impression qu'un premier segment a été mené à terme. Pour un format de 12 épisodes, le rythme se veut donc assez dense, une coutume dans l'anime Jojo que les équipes en charge de l'adaptation peuvent se permettre tant chaque partie cible d'une adaptation est conclue en amont de la production.

Mais cette production, qu'en est-il ? Stone Ocean a pour particularité d'être proposé sur un double canal. Dans un premier temps, la première vague de 12 épisodes fut rendue disponible sur Netflix dans le monde entier, précédent une diffusion télévisée hebdomadaire classique. Nous ne savons pas quand la suite nous sera proposée, bien qu'on puisse supposer qu'elle aura lieu juste après la fin des la diffusion télévisée des fameux douze épisodes.
Ce choix, particulier, impose des interrogations quant à la production. A l'heure où les rythme de production s'avèrent infernaux (ce qui ne date pas forcément d'hier mais semble être devenu une coutume chez certains studio comme Mappa qui enrichissent leur catalogue de licence au détriment de la santé de leurs artistes), il convient de se demander si Stone Ocean n'a pas été produit dans la douleur. En ce sens, on pourra remarquer une légère baisse de régime dans le rendu global. Quand bien même le résultat n'a rien de honteux, loin de là, le mouvement peut parfois manquer. Qu'à cela ne tienne, les réalisateurs Kenichi Suzuki et Toshiyuki Kato conservent l'art de manier la narration et les effets visuels pour apporter du dynamisme et pallier à l'austérité du mouvement. Mais cette qualité un poil en deçà pousse à se questionner, non seulement par rapport à Stone Ocean, mais aussi sur l'industrie de l'animation japonaise dans son entièreté, celle-ci affichant toujours plus les choix de décisionnaires qui poussent les « petites mains » dans des excès de productivité.


Doublage français et adaptation

Depuis quelques mois, Jojo's Bizarre Adventure profite enfin de versions doublées en français, un luxe que nous n'avions pas vu pour la saga depuis 2003 avec la série d'OVA tirée de la troisième partie du manga. L'année dernière, c'est par une double initiative que l'adaptation lancée en 2012 a profité de voix de la langue de Molière, à savoir par la sortie physique de Golden Wind et par l'arrivée sur Netflix des OVA Rohan Kishibe. Le tout précédent le doublage de la première saison, autrement dit les parties Phantom Blood et Battle Tendency, pour une mise en ligne sur ADN avant une ressortie physique au mois de mars. Seulement, un tel partage a mené quelques incohérences, ne serait-ce par la différences de studio d'enregistrement, le fait que Grégory Laisné dirige les OVA et Alan Aubert-Carlin la version série, et des changements de comédiens pour les rares personnages apparaissant à la fois sur Rohan Kishibe et Golden Wind.


Bien conscient que la nécessité d'entretenir une cohérence d'ensemble, Netflix a rappelé Alan Aubert-Carlin à la direction artistique, ce dernier ayant ainsi rappelé certaines voix déjà présentes dans les parties 1, 2 et 5 qu'il a dirigé. Un premier geste appréciable qui précède un travail de très bonne qualité, tant le rendu de ce doublage de Stone Ocean est convaincant. Ainsi Laure Filiu incarne une Jolyne Cujoh tout en énergie, quand les comédiens à ses côtés n'ont rien à lui envier dans les prestations fournies. On retiendra par exemple Alice Taurand dans une Hermes imposante de prestance, Alice Orsat en la pétillante F.F ou encore Aurore Saint-Martin qui campe l'énigmatique enfant qu'est Emporio. Et dans cet ensemble, saluons la présence de comédiens qu'on ne présente plus, notamment l'iconique Philippe Peythieu (aka Homer Simpson, parmi bien d'autres rôles légendaires) qui prête sa voix à l'excentrique garde Locobaroco. Chacun se fond très bien dans son rôle et donne à leur personnage le dynamisme nécessaire pour un titre comme Jojo. Oui, ça crie énormément, mais c'est tout à l'image de la saga de Hirohiko Araki et ses allures démesurées.

Et puisque nous parlons de voix, il est touchant de voir que Stone Ocean fut synonyme de concrétisation de rêves pour plusieurs comédiens dans le monde. Aussi, la seiyû japano-égyptienne Ai Fairouz, grande fan de Jojo, a été désignée comme voix de Jolyne au Japon. Côté Etats-Unis, c'est Kira Buckland, elle aussi passionnée de la saga au point d'avoir déjà cosplayé Jolyne, qui est placée sur l'héroïne de cette sixième partie. Une singularité admirable qui prouve que Jojo déchaîne bien des passions à travers le monde, ce qui n'était pas forcément le cas il y a une petite dizaine d'années.

Aussi, à côté du doublage il y a la localisation du script. Malheureusement, nous n'échappons pas une nouvelle fois aux changements de noms de Stand dans tout ce qui ne concerne pas la version originale, ce pour des soucis de droits d'auteur (ou plus probablement une prise de devants pour éviter tout litige). Stone Free, le pouvoir de Jolyne, devient tout bonnement Stone Ocean, là où le Stand antagoniste principal qu'est Whitesnake se voit affublé du sobriquet Pale Snake. Se pose alors la question du respect à l'œuvre originale, une nouvelle fois, tandis que les lecteurs du manga tiqueront face à tous ces changements, d'autant plus quand ils concernent aussi des noms de personnages (Weather Report devenant Weather Forecast).


La suite, la suite !

Si techniquement ce début de Stone Ocean est un poil en deçà de la partie précédente, Golden Wind, force est de constater que l'adaptation du récit de Hirohiko Araki ne perd en rien toute sa force. Inventifs, nerveux et passionnants dans l'intrigue dépeinte, ces douze premiers épisodes constituent une première partie happante qui nous laissent sur un sentiment d'impatience de lire la suite (ou de lire ou relire le manga). Mais nous saurons endurer l'attente, surtout si cela permet un planning de production pour confortable pour les équipes artistiques du studio David Production.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

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