DUPAC Benoît - Actualité manga

Interview de l'auteur

Invité récurrent du salon Paris Manga, Benoît Dupac est un comédien dont la voix parlera à beaucoup. En 2004, les spectateurs français ont appris à le connaître à travers la figure d'Eikichi Onizuka, bien que son CV s'étende à bien d'autres rôles.
L'acteur a accepté de nous recevoir entre deux séances de dédicace, le temps d'une interview qui nous a permis de revenir sur sa carrière et sur sa vision du doublage.


Bonjour Benoît. Dans un premier temps, pourrais-tu nous parler de ton parcours de comédien ?

Benoît Dupac : Un parcours classique ! J'ai pris des cours de théâtre, aux Cours Florent notamment. J'ai ensuite joué sur les planches rapidement. En 1996, j'ai participé à une pièce avec quelqu'un que vous connaissez sûrement, Pierre Hatet. Il double le Doc dans Retour vers le futur. C'est à ce moment que j'ai commencé à doubler moi aussi. J'avais donc trois activités en parallèle : le théâtre, le tournage, et le doublage.



Les passionnés d'animation t'ont connu, pour beaucoup, avec le rôle d'Eikichi Onizuka dans GTO. Quel souvenir gardes-tu de cette expérience ?

Benoît Dupac : Ah oui, Eikichi Onizuka, 22 ans, célibataire et libre comme l'air ! C'est un anime incroyable. Je peux fixer ce doublage par rapport à la naissance de mon fils, en 2003. Honnêtement, dès la première phrase, j'ai pris le costume. Ce mec là était pour moi, je devais le faire ! Il y avait des tests pour ce rôle, je n'étais donc pas forcément le meilleur, mais il y a eu une sorte d'alchimie, notamment à cause de con sôté désinvolte et barjo. Voir que les fans adorent Eikichi me touche beaucoup car je l'adore aussi. J'ai une seule hâte : reprendre le rôle si une suite a lieu un jour. Ma voix a pas trop vieilli, je pourrais le faire.

Dans un autre anime, Gundam 00, tu as doublé Patrick Collasour, le rigolo de service. Est-ce que le personnage comique est un registre qui te tient à cœur ?

Benoît Dupac : Je suis souvent abonné aux rigolos et aux barjos, mais ça fait plaisir. Ça paraît bête mais jouer des personnages sérieux ou intellos, même au théâtre, c'est un peu laborieux et pas très amusant. Mais faire des personnages excentriques ou foufous, c'est autre chose. Quand tu es acteur, c'est là que tu prends plaisir à composer ton rôle.



Tu as aussi brièvement rejoint le casting de Dragon Ball Z Kai en incarnant Jesse...

Benoît Dupac : Tout à fait, on m'en parle beaucoup mais j'ai du mal à visualiser le personnage car je n'ai pas trop regardé la série. C'était un rôle de méchant, les enregistrements étaient donc assez physiques. Ma voix tenait, mais il fallait y aller !

Sans te cantonner au registre comique, tu as aussi doublé des personnages dans des registres variés... Comment tiens-tu un rôle ? Te calques-tu sur la version japonaise, ou es-tu plus sur du travail de composition à partir des informations que tu as reçues sur ton personnage ?

Benoît Dupac : C'est un peu tout ça à la fois. On va me donner les enjeux du personnage, puis je vais l'observer pendant quelques boucles, voir comment il évolue. Je me sers aussi de la version originale. La version japonaise est assez loin de nous mais elle renseigne sur l'énergie du personnage. Puis, si l'adaptation est de qualité, elle nous parlera facilement. C'est ensuite à nous de nous glisser dans le rôle, pour qu'on donne beaucoup de soi. Car si on n'est pas sincère dans notre jeu, c'est même pas la peine. Personne n'y croira, on sera caricatural, et on passera à côté de notre personnage. Le définir et tenir une intention de jeu, c'est comme ça qu'on donne une interprétation qui n'est pas hésitante.

Y a-t-il un rôle ou un registre de rôle qui t'a plus marqué qu'un autre ?

Benoît Dupac : Je double parfois un acteur sympa à faire, Charlie Day, il me surprend. J'arrive parfois à l'anticiper mais il reste très marquant tellement il est inventif. En tant qu'acteur, c'est un laboratoire formidable de voir une colossale possibilité de jeu. Ça m'arrive aussi d'être surpris par des interprétations, des séquences que j'ai besoin de revoir trois, quatre fois pour savoir où marquer les ruptures, et rendre le personnage comme l'acteur l'a joué. Car la voix suit le visage, le physique, le diaphragme, la respiration... Nous, comédiens, on doit entrer dans ce corps avec seulement notre voix.



Quelles sont, pour toi, les différence entre le doublage d'une œuvre d'animation et celui d'une œuvre en prise de vue réelle ?

Benoît Dupac : Je dirais l'énergie. Quand je dirige mes acteurs, que ce soit sur de l'animation japonaise ou Kung-Fu Panda, j'ai tendance à leur dire de se mettre en énergie. Le doublage d'animation demande énormément d'énergie, on n'a pas le droit de se reposer. La différence fondamentale est là. Pour le reste, les compétences sont les mêmes, il faut être sincère et ne pas être "cartoon" sous prétexte que c'est un dessin-animé. On peut l'être par moment, sur des personnages grossiers qu'on peut caricaturer par exemple.

Internet a contribué à populariser le doublage. Certains comédiens, dans l'animation japonaise notamment, ont une véritable communauté de fans. Est-ce que cette popularisation ont changé les choses pour toi ?

Benoît Dupac : J'espère que les décideurs font maintenant attention au respect des fans. Par exemple, si une voix a été attribuée à un acteur, c'est sympa de garder la même. Quand Bruce Willis a été changé sur le Cinquième Élément, les fans ont gueulé de ne pas entendre Patrick Poivey. Quand on est habitué à une voix et qu'on la retrouve, le personnage nous est rendu familier. En ça, internet permet d'aller très vite sur ces informations-là.
Puis, la communauté de fans est géniale. Je lis souvent les critiques et j'en tiens compte. Internet a permis de délier les langues : quand les gens n'aiment pas, ils n'aiment pas, et ils ne sont pas complaisants. A l'inverse, quand ils aiment, on le voit. Au moins, chacun dit ce qu'il pense, et on doit en tenir compte.


Interview réalisée par Takato et Kayukichan. Remerciements à Benoît Dupac pour l'entretien ainsi qu'au site Mes-series.fr pour la mise en place de la rencontre.