Manga Conférence publique de la mangaka Kaori Yuki au Salon du Livre
A l'occasion du dernier Salon du Livre en mars dernier, les éditions Pika avaient l'honneur d'accueillir l'une des auteurs de shôjo les plus populaires de notre pays : Kaori Yuki, la reine du shôjo gothique, à qui l'on doit des séries cultes comme Angel Sanctuary, Comte Cain ou Ludwig Revolution, et qui venait présenter sa dernière série, Devil's Lost Soul. Entre plusieurs interviews, tables rondes et séances dédicaces, l'artiste donna également le samedi matin une conférence publique qui amena un grand nombre de fans, certains ayant patienté quelques heures rien que pour l'événement ! Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir un compte-rendu de cette conférence qui consista en une succession de questions-réponses de l'animateur puis du public, le tout ponctué d'un superbe dessin live (qu'il était interdit de filmer ou prendre en photo, Kaori Yuki préférant conserver son anonymat).
Pouvez-vous revenir sur vos débuts de mangaka et expliquer comment vous avez commencé cette carrière ?
Kaori Yuki : Depuis toute petite j'adore dessiner, déjà à l'école primaire je passais mon temps à remplir des cahiers de dessins. Ce métier s'est donc présenté comme une évidence : c'est le seul que je pouvais faire !
Avez-vous des influences musicales ou littéraires ?
Quand j'étais étudiante j'écoutais beaucoup de musique occidentale et regardais beaucoup de films, et je pense que ça m'a considérablement influencée. Je peux citer Tim Burton, James Cameron, Brian De Palma, Dario Argento.
Vos oeuvres s'appuient beaucoup sur le folklore européen et sur le mouvement gothique. Qu'est-ce qui vous attire là-dedans ?
La culture occidentale folklorique n'est pas forcément quelque chose qui est parfaitement assimilé par les Japonais, mais ça nous fascine. Il y a une atmosphère de mystère pour les Japonais, qui ne comprennent pas tout ce que ça implique, et c'est cette aura mystérieuse qui fait qu'on s'y intéresse. C'est la même chose pour les éléments gothiques, qu'on trouve dans l'architecture ou les vêtements.
Ce n'est pas une impression qui m'est propre, mais plutôt une impression qui existe dans tout le Japon et qui m'a intéressée dès mes débuts.
Vos oeuvres comportent souvent des scènes sanglantes ou très torturées. Est-ce compliqué de construire des scènes de ce type ?
C'est vrai que ce n'est pas toujours facile, mais ce sont des choses que j'aime dessiner, donc je m'applique toujours à les faire.
Et qu'est-ce qui a créé en vous cette envie de faire ce genre de scènes, qui sont quand même assez particulières dans le registre du shôjo ?
Je pense que le principal intérêt du manga est de pouvoir procurer de l'émotion au lecteur, et plus la surprise est grande plus l'émotion est grande. C'est ce que je veux faire passer à travers mes mangas. Faire juste un peu peur ou rendre une scène juste un peu triste n'a pas grand intérêt à mes yeux, je préfère que les choses aient un impact plus fort.
Est-ce aussi pour cela que vos héros ont souvent des relations très ambiguës, notamment avec leurs proches, que ce soit dans Angel Sanctuary bien sûr avec des héros frère et soeur, ou même dans Comte Cain ou Devil's Lost Soul ?
Ca, ce n'est pas du tout pour choquer le lecteur ou quoi que ce soit, c'est vraiment pour rendre les personnages plus intéressants.
On note aussi que vos personnages principaux sont plus souvent des héros que des héroïnes, ce qui n'est pas forcément courant dans le registre du shôjo. Pourquoi ce choix ?
J'ai quand même écrit plusieurs histoires avec des héroïnes, mais c'est vrai que je me sens plus à l'aise avec des personnages principaux garçons.
Puisque vous êtes en France devant nous, pensez-vous que vous allez pouvoir vous inspirer de notre pays dans de prochaines oeuvres ?
C'est vrai que j'aimerais beaucoup faire des recherches sur votre pays et son architecture, mais pour l'instant, avec le programme que j'ai ça va être très compliqué. Je vais essayer de retenir le plus de choses possible.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la nouvelle série que vous avez débutée au Japon, Kakei no Alice ?
L'histoire commence par une sorte de cosplay géant en famille où l'héroïne se retrouve déguisée en Alice. Mais soudain son monde s'écroule et, sans en dire trop, on peut dire qu'elle se retrouve prise dans un jeu de massacre familial (rires).
Quelque part, on peut se dire que c'est un retour aux bases de ce qui fait vos oeuvres, non ?
C'est vrai qu'Alice est un personnage que j'adore depuis très longtemps, donc je suis heureuse d'avoir enfin pu la reprendre à ma sauce, comme je l'ai fait avant avec tant d'autres figures célèbres. Mais ne vous attendez surtout pas à voir une Alice classique, ce n'est pas du tout mon genre !
Justement, on sent souvent que vos personnages puisent leur inspiration dans des contes et du folklore connus. Vous vous emparez de sortes de stéréotypes pour en faire des personnages totalement différents.
J'aime beaucoup faire ça, mais parfois c'est de façon assez artificielle. Par exemple pour une série comme Comte Caïn, je ne connaissais pas en détail l'univers dont je m'inspirais, et je me suis juste basée sur l'impression que j'en avais. Ou pour Angel Sanctuary, je trouvais simplement intéressant de faire quelque chose avec des anges... et tant qu'à faire, quelque chose qui sorte vraiment de l'ordinaire.
Généralement, quelle est la part de recherches pour créer vos univers ?
Souvent je commence par faire pas mal de recherches de mon côté, mais je demande aussi assez régulièrement à mon éditeur de rassembler des données, des livres... Si je le peux, je me rends également sur les lieux qui ont un rapport avec mon histoire et mon thème.
J'essaie également toujours de ne pas partir dans la fantasy, de toujours garder des accroches avec le réel, sinon je trouve ça moins intéressant.
Il me faut un bon équilibre entre la connaissance de l'oeuvre ou de l'univers dont je m'inspire, et ce que je veux en faire.
La conférence enchaîna ensuite avec le dessin live de Kaori Yuki. Pendant que la mangaka illustrait ses talents les questions de l'animateur se tournèrent vers l'éditeur japonais.
Pouvez-vous expliquer un peu plus le rôle d'une éditeur pour les mangakas ?
Mon premier rôle est celui de conseil et d'entretien avec Mme Yuki. Quand une nouvelle idée lui arrive en tête, le premier rendez-vous sert à poser les bases de l'intrigue et à bien cerner l'univers. Mais comme Mme Yuki fait partie de ces auteurs qui ont tout de suite une idée très claire de ce qu'ils veulent faire, finalement je me contente surtout de l'écouter. Pour d'autres auteurs, il m'arrive d'avoir un rôle plus actif, en leur demandant de développer plus leur idée, d'aller dans une certaine direction...
Mais la partie la plus difficile de mon travail reste de faire respecter les dates butoir des rendus aux auteurs. De ce côté-là, avec Mme Yuki il y a généralement peu de problème car elle est toujours à l'heure. Par exemple, elle avait une deadline juste avant notre départ pour la France : elle a rendu la manuscrit, puis nous sommes allés prendre l'avion.
Pouvez-vous nous parler de son emploi du temps jusqu'à la date de rendu ?
Le 15 de chaque mois, il faut que les planches pour le magazine soient prêtes.
Pour commencer, une fois que la manuscrit de base est prêt, il faut 5 jours pour travailler le storyboard (ou nemu en japonais). Une fois le storyboard terminé, l'éditeur prend le relai et vérifie tout en faisant des remarques à l'auteur sur ce qui doit être corrigé, et cela dure jusqu'à ce que le résultat soit bon autant pour l'éditeur que pour l'auteur. Cette étape doit durer environ jusqu'au 22 du mois.
Vient ensuite l'étape de la réalisation des planches, avec d'abord les roughs/esquisses détaillées puis la finalisation.
Dans le cas de Mme Yuki généralement elle dessine 40 pages par mois, et l'on découpe cela en deux fois 20 pages lors de la conception, avec les 20 premières pages qui doivent être prêtes pour le 1er du mois suivant. Pour les 20 dernières, on reprend le même processus jusqu'au 15 du mois, jour de rendu.
Ensuite, selon la vitesse de finalisation de ses planches, l'auteur peut prendre du repos... ou pas.
Dans cet univers restreint, quelle est la place laissée aux assistants ?
Mme Yuki travaille avec 5 assistants qui sont surtout chargés des finitions : dessiner les backgrounds, encrer les parties noires...
En France, énormément de jeunes aimeraient devenir mangaka. Auriez-vous des conseils à leur donner ?
Moi je travaille pour le magazine Aria de Kôdansha, donc tout ce que je peux vous dire, c'est que si vous venez un jour au Japon, n'hésitez pas à passer aux locaux du magazine pour me montrer vos planches et vos histoires.
En premier lieu, il faut apporter un travail finalisé, sans erreurs.
Ensuite, traduisez-le en japonais, parce que dans nos locaux personne ne parle français (rires).
Et puis, comme on est très occupés, il faut prendre rendez-vous quelques jours à l'avance. Par mail, et en Japonais (rires).
La parole fut ensuite laissée au public, qui put poser ses questions en commençant par l'éditeur, pendant que Kaori Yuki terminait son dessin.
Comment a évolué votre travail avec Kaori Yuki ? N'était-ce pas trop dur au début de prendre en charge une mangaka aussi réputée ?
Comme Mme Yuki est une mangaka très connue, au début de notre collaboration j'étais très tendu, très nerveux Mais heureusement, Mme Yuki est très ouverte d'esprit, et quand j'ai compris cela ça a été beaucoup plus facile de travailler ensemble.
Nous voyons actuellement Mme Yuki poser les trames sur son dessin. Pouvez-vous nous dire comment cela se passe ?
Ce sont des motifs tout préparés, vendus ainsi, qu'il faut coller soigneusement pour faire les ombres, les motifs. Mme Yuki commence par appliquer la trame, ensuite la coupe au cutter, puis gratte les bords au cutter pour effacer les traces de la première coupe.
Enfin, le public put poser quelques questions à Kaori Yuki.
Quelle oeuvre vous a demandé le plus de travail ?
Je passe toujours à peu près le même temps pour les recherches et pour les planches, mais pour répondre à votre question, je dirais quand même qu'il s'agit d'Angel Sanctuary et de la série des Comte Caïn.
Utilisez-vous l'informatique pour dessiner, comme le font de plus en plus d'auteurs ?
J'aimerais ben, mais je ne suis pas très douée pour ça, donc je reste avec ma plume et mes crayons.
Je suis professeur de français et aimerais travailler avec mes élèves sur vos oeuvres. Quels passages aimeriez-vous que l'on développe en cours ?
Non non, mes mangas ne sont pas bon pour l'éducation, il ne faut pas faire ça ! (éclat de rire général et applaudissements du public)
Pour créer vos personnages, vous arrive-t-il de vous inspirer de personnes réelles, que ce soit dans le physique ou dans l'attitude ?
Je fais beaucoup de recherches, mais je ne m'inspire jamais de personnes réelles en particulier. Après, si vous avez lu ça sur Wikipedia, je vous conseille de ne pas croire tout ce qui est écrit là-dessus (rires).
Quelle oeuvre avez-vous préféré faire ?
J'ai pris plaisir à dessiner toutes mes oeuvres. Je dois avouer qu'Angel Sanctuary, avec sa grande fresque de personnages, a été pour moi très intéressante à créer, mais dans toutes mes séries j'ai été heureuse de mettre mes personnages en action.
Allez-vous faire un manga qui se passe en France ?
Comme dit tout à l'heure ce n'est pas en projet dans l'immédiat, mais avant de commencer Kakei no Alice j'avais présenté à mon éditeur un projet de série centré sur Jeanne d'Arc. Au final ça ne s'est pas fait, mais je garde l'idée en tête.
Quel a été votre personnage le plus difficile à dessiner ?
A chaque fois, c'est vraiment très difficile.
La conférence s'acheva sous une dernière salve d'applaudissements.
Pouvez-vous revenir sur vos débuts de mangaka et expliquer comment vous avez commencé cette carrière ?
Kaori Yuki : Depuis toute petite j'adore dessiner, déjà à l'école primaire je passais mon temps à remplir des cahiers de dessins. Ce métier s'est donc présenté comme une évidence : c'est le seul que je pouvais faire !
Avez-vous des influences musicales ou littéraires ?
Quand j'étais étudiante j'écoutais beaucoup de musique occidentale et regardais beaucoup de films, et je pense que ça m'a considérablement influencée. Je peux citer Tim Burton, James Cameron, Brian De Palma, Dario Argento.
Vos oeuvres s'appuient beaucoup sur le folklore européen et sur le mouvement gothique. Qu'est-ce qui vous attire là-dedans ?
La culture occidentale folklorique n'est pas forcément quelque chose qui est parfaitement assimilé par les Japonais, mais ça nous fascine. Il y a une atmosphère de mystère pour les Japonais, qui ne comprennent pas tout ce que ça implique, et c'est cette aura mystérieuse qui fait qu'on s'y intéresse. C'est la même chose pour les éléments gothiques, qu'on trouve dans l'architecture ou les vêtements.
Ce n'est pas une impression qui m'est propre, mais plutôt une impression qui existe dans tout le Japon et qui m'a intéressée dès mes débuts.
Vos oeuvres comportent souvent des scènes sanglantes ou très torturées. Est-ce compliqué de construire des scènes de ce type ?
C'est vrai que ce n'est pas toujours facile, mais ce sont des choses que j'aime dessiner, donc je m'applique toujours à les faire.
Et qu'est-ce qui a créé en vous cette envie de faire ce genre de scènes, qui sont quand même assez particulières dans le registre du shôjo ?
Je pense que le principal intérêt du manga est de pouvoir procurer de l'émotion au lecteur, et plus la surprise est grande plus l'émotion est grande. C'est ce que je veux faire passer à travers mes mangas. Faire juste un peu peur ou rendre une scène juste un peu triste n'a pas grand intérêt à mes yeux, je préfère que les choses aient un impact plus fort.
Est-ce aussi pour cela que vos héros ont souvent des relations très ambiguës, notamment avec leurs proches, que ce soit dans Angel Sanctuary bien sûr avec des héros frère et soeur, ou même dans Comte Cain ou Devil's Lost Soul ?
Ca, ce n'est pas du tout pour choquer le lecteur ou quoi que ce soit, c'est vraiment pour rendre les personnages plus intéressants.
On note aussi que vos personnages principaux sont plus souvent des héros que des héroïnes, ce qui n'est pas forcément courant dans le registre du shôjo. Pourquoi ce choix ?
J'ai quand même écrit plusieurs histoires avec des héroïnes, mais c'est vrai que je me sens plus à l'aise avec des personnages principaux garçons.
Puisque vous êtes en France devant nous, pensez-vous que vous allez pouvoir vous inspirer de notre pays dans de prochaines oeuvres ?
C'est vrai que j'aimerais beaucoup faire des recherches sur votre pays et son architecture, mais pour l'instant, avec le programme que j'ai ça va être très compliqué. Je vais essayer de retenir le plus de choses possible.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la nouvelle série que vous avez débutée au Japon, Kakei no Alice ?
L'histoire commence par une sorte de cosplay géant en famille où l'héroïne se retrouve déguisée en Alice. Mais soudain son monde s'écroule et, sans en dire trop, on peut dire qu'elle se retrouve prise dans un jeu de massacre familial (rires).
Quelque part, on peut se dire que c'est un retour aux bases de ce qui fait vos oeuvres, non ?
C'est vrai qu'Alice est un personnage que j'adore depuis très longtemps, donc je suis heureuse d'avoir enfin pu la reprendre à ma sauce, comme je l'ai fait avant avec tant d'autres figures célèbres. Mais ne vous attendez surtout pas à voir une Alice classique, ce n'est pas du tout mon genre !
Justement, on sent souvent que vos personnages puisent leur inspiration dans des contes et du folklore connus. Vous vous emparez de sortes de stéréotypes pour en faire des personnages totalement différents.
J'aime beaucoup faire ça, mais parfois c'est de façon assez artificielle. Par exemple pour une série comme Comte Caïn, je ne connaissais pas en détail l'univers dont je m'inspirais, et je me suis juste basée sur l'impression que j'en avais. Ou pour Angel Sanctuary, je trouvais simplement intéressant de faire quelque chose avec des anges... et tant qu'à faire, quelque chose qui sorte vraiment de l'ordinaire.
Généralement, quelle est la part de recherches pour créer vos univers ?
Souvent je commence par faire pas mal de recherches de mon côté, mais je demande aussi assez régulièrement à mon éditeur de rassembler des données, des livres... Si je le peux, je me rends également sur les lieux qui ont un rapport avec mon histoire et mon thème.
J'essaie également toujours de ne pas partir dans la fantasy, de toujours garder des accroches avec le réel, sinon je trouve ça moins intéressant.
Il me faut un bon équilibre entre la connaissance de l'oeuvre ou de l'univers dont je m'inspire, et ce que je veux en faire.
La conférence enchaîna ensuite avec le dessin live de Kaori Yuki. Pendant que la mangaka illustrait ses talents les questions de l'animateur se tournèrent vers l'éditeur japonais.
Pouvez-vous expliquer un peu plus le rôle d'une éditeur pour les mangakas ?
Mon premier rôle est celui de conseil et d'entretien avec Mme Yuki. Quand une nouvelle idée lui arrive en tête, le premier rendez-vous sert à poser les bases de l'intrigue et à bien cerner l'univers. Mais comme Mme Yuki fait partie de ces auteurs qui ont tout de suite une idée très claire de ce qu'ils veulent faire, finalement je me contente surtout de l'écouter. Pour d'autres auteurs, il m'arrive d'avoir un rôle plus actif, en leur demandant de développer plus leur idée, d'aller dans une certaine direction...
Mais la partie la plus difficile de mon travail reste de faire respecter les dates butoir des rendus aux auteurs. De ce côté-là, avec Mme Yuki il y a généralement peu de problème car elle est toujours à l'heure. Par exemple, elle avait une deadline juste avant notre départ pour la France : elle a rendu la manuscrit, puis nous sommes allés prendre l'avion.
Pouvez-vous nous parler de son emploi du temps jusqu'à la date de rendu ?
Le 15 de chaque mois, il faut que les planches pour le magazine soient prêtes.
Pour commencer, une fois que la manuscrit de base est prêt, il faut 5 jours pour travailler le storyboard (ou nemu en japonais). Une fois le storyboard terminé, l'éditeur prend le relai et vérifie tout en faisant des remarques à l'auteur sur ce qui doit être corrigé, et cela dure jusqu'à ce que le résultat soit bon autant pour l'éditeur que pour l'auteur. Cette étape doit durer environ jusqu'au 22 du mois.
Vient ensuite l'étape de la réalisation des planches, avec d'abord les roughs/esquisses détaillées puis la finalisation.
Dans le cas de Mme Yuki généralement elle dessine 40 pages par mois, et l'on découpe cela en deux fois 20 pages lors de la conception, avec les 20 premières pages qui doivent être prêtes pour le 1er du mois suivant. Pour les 20 dernières, on reprend le même processus jusqu'au 15 du mois, jour de rendu.
Ensuite, selon la vitesse de finalisation de ses planches, l'auteur peut prendre du repos... ou pas.
Dans cet univers restreint, quelle est la place laissée aux assistants ?
Mme Yuki travaille avec 5 assistants qui sont surtout chargés des finitions : dessiner les backgrounds, encrer les parties noires...
En France, énormément de jeunes aimeraient devenir mangaka. Auriez-vous des conseils à leur donner ?
Moi je travaille pour le magazine Aria de Kôdansha, donc tout ce que je peux vous dire, c'est que si vous venez un jour au Japon, n'hésitez pas à passer aux locaux du magazine pour me montrer vos planches et vos histoires.
En premier lieu, il faut apporter un travail finalisé, sans erreurs.
Ensuite, traduisez-le en japonais, parce que dans nos locaux personne ne parle français (rires).
Et puis, comme on est très occupés, il faut prendre rendez-vous quelques jours à l'avance. Par mail, et en Japonais (rires).
La parole fut ensuite laissée au public, qui put poser ses questions en commençant par l'éditeur, pendant que Kaori Yuki terminait son dessin.
Comment a évolué votre travail avec Kaori Yuki ? N'était-ce pas trop dur au début de prendre en charge une mangaka aussi réputée ?
Comme Mme Yuki est une mangaka très connue, au début de notre collaboration j'étais très tendu, très nerveux Mais heureusement, Mme Yuki est très ouverte d'esprit, et quand j'ai compris cela ça a été beaucoup plus facile de travailler ensemble.
Nous voyons actuellement Mme Yuki poser les trames sur son dessin. Pouvez-vous nous dire comment cela se passe ?
Ce sont des motifs tout préparés, vendus ainsi, qu'il faut coller soigneusement pour faire les ombres, les motifs. Mme Yuki commence par appliquer la trame, ensuite la coupe au cutter, puis gratte les bords au cutter pour effacer les traces de la première coupe.
Enfin, le public put poser quelques questions à Kaori Yuki.
Quelle oeuvre vous a demandé le plus de travail ?
Je passe toujours à peu près le même temps pour les recherches et pour les planches, mais pour répondre à votre question, je dirais quand même qu'il s'agit d'Angel Sanctuary et de la série des Comte Caïn.
Utilisez-vous l'informatique pour dessiner, comme le font de plus en plus d'auteurs ?
J'aimerais ben, mais je ne suis pas très douée pour ça, donc je reste avec ma plume et mes crayons.
Je suis professeur de français et aimerais travailler avec mes élèves sur vos oeuvres. Quels passages aimeriez-vous que l'on développe en cours ?
Non non, mes mangas ne sont pas bon pour l'éducation, il ne faut pas faire ça ! (éclat de rire général et applaudissements du public)
Pour créer vos personnages, vous arrive-t-il de vous inspirer de personnes réelles, que ce soit dans le physique ou dans l'attitude ?
Je fais beaucoup de recherches, mais je ne m'inspire jamais de personnes réelles en particulier. Après, si vous avez lu ça sur Wikipedia, je vous conseille de ne pas croire tout ce qui est écrit là-dessus (rires).
Quelle oeuvre avez-vous préféré faire ?
J'ai pris plaisir à dessiner toutes mes oeuvres. Je dois avouer qu'Angel Sanctuary, avec sa grande fresque de personnages, a été pour moi très intéressante à créer, mais dans toutes mes séries j'ai été heureuse de mettre mes personnages en action.
Allez-vous faire un manga qui se passe en France ?
Comme dit tout à l'heure ce n'est pas en projet dans l'immédiat, mais avant de commencer Kakei no Alice j'avais présenté à mon éditeur un projet de série centré sur Jeanne d'Arc. Au final ça ne s'est pas fait, mais je garde l'idée en tête.
Quel a été votre personnage le plus difficile à dessiner ?
A chaque fois, c'est vraiment très difficile.
La conférence s'acheva sous une dernière salve d'applaudissements.
De Japanforever [881 Pts], le 08 Juillet 2014 à 20h24
Merci beaucoup pour cette interview! Super interessant!
De Anachan [685 Pts], le 07 Juillet 2014 à 22h35
Dommage qu'on ne puisse pas voir le dessin qu'elle a fait pendant la conférence !
De Pioutoka [1369 Pts], le 07 Juillet 2014 à 17h10
les questions sont plus intéressantes que pendant la conf à la fnac...
De DanyMagnesium [425 Pts], le 06 Juillet 2014 à 20h14
La reine du shoujo dark.