Tokyo River's Edge Vol.1 - Actualité manga

Tokyo River's Edge Vol.1 : Critiques

Reverse Edge - Ôkawabata Tanteisha

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Septembre 2014

Devenu un peu un auteur emblématique de Delcourt uniquement avec la série Coq de combat qui a porté le catalogue manga de l'éditeur depuis quasiment ses débuts, Akio Tanaka revient en France avec Tokyo River's Edge, une série épisodique qu'il a commencé à dessiner pendant la longue pause de Coq de combat, et pour laquelle il s'est associé au scénario avec Yuho Hijikata, auteur aussi connu sous le nom de Carib Marley.


Comme son nom l'indique, cette série nous plonge dans la ville de Tôkyô, et plus précisément au sein d'une agence de détectives située en bord de rivière, l'agence Ôkawabata, composée de trois membres s'appliquant à résoudre les diverses demandes qui leur sont adressées.


Pas de mise en place dans ce récit construit d'emblée sous forme de chapitres indépendants d'une vingtaine de pages. On fait très vite connaissance avec nos trois personnages principaux, la jeune et jolie secrétaire Megumi, Takeshi Muraki qui va sur le terrain à la recherche d'indices, et le patron, dont on ne connaît pas le nom, homme d'âge déjà assez mûr qui fait surtout jouer son réseau d'informateurs. Puis on enchaîne directement sur de courts récits qui sont, à chaque fois, l'occasion de faire face à des demandes très variées. Du yakuza un peu brut au vieil homme en fin de vie en passant par la femme amoureuse ou le quarantenaire timide, ce sont des visages très divers qui passent par l'agence et sont autant de témoins de l'aspect cosmopolite de la cité. C'est d'autant plus le cas à la vue des demandes : retrouver une ancienne strip-teaseuse, un boxeur qui n'a jamais percé, le chef d'un petit resto ou même un vieux sosie d'Elvis, se renseigner sur un trader particulier, lever le voile sur des légendes urbaines telles des concours de sales gueules ou de karaoké, dénicher des lieux précis comme un love hôtel pas comme les autres... Qu'elles soient nostalgiques, touchantes ou plus extravagantes, les différentes demandes sont traitées avec le même soin par l'agence, et offrent une vue très hétéroclite de ce que l'on peut trouver dans la capitale, selon les quartiers et districts, et que cela soit positif ou plus ambivalent, issu de milieux modestes ou de classes plus aisées.


En somme, c'est bien cette variété qui offre à la lecture un certain charme, charme que les dessins d'Akio Tanaka renforcent dès lors que le dessinateur s'applique à offrir aux nombreux protagonistes des visages bien marqués ou qu'il prend un petit peu le temps de nous perdre dans quelques recoins joliment croqués de la ville.


Mais quel dommage, alors, que tout ceci ne soit pas approfondi ! Chaque chapitre se construit de la même manière, et chaque histoire se termine alors qu'elle a à peine commencé. En 20 pages, les auteurs n'ont guère le temps de rentrer dans quelques détails même minimes, se contentent de vues de la ville superficielles, n'offrent aucun fond aux trois personnages centraux qui restent peu intéressants et dont l'utilité est très variable (pour l'instant, Megumi ne sert à rien), peinent à faire ressortir les très rares figures secondaires récurrentes (la patronne du bar, et c'est à peu près tout) et offrent des enquêtes expéditives et peu immersives (en gros, la plupart du temps, le patron trouve en deux secondes la solution via ses informateurs, Muraki fait un tour vite fait sur le terrain, et basta). Restent certaines conclusions, pas forcément originales, mais parfois très terre à terre, ou véhiculant pas mal d'humanité en mettant en avant des choses simples : la nostalgie d'un repas en particulier, la possibilité de refaire sa vie après un échec, la volonté de venir en aide à un proche en fin de vie quitte à lui mentir pour qu'il parte heureux... Cela dit, ces petites valeurs humaines sont elles aussi très sommaires.


Au final, on aime assez parcourir cette lecture portée par les planches d'Akio Tanaka et qui joue avant tout sur l'ambiance, mais le tout paraît malheureusement assez vain. Les différentes histoires sont beaucoup trop sommaires, et on se contente alors, comme le cours d'une rivière, de se laisser porter tranquillement par l'ambiance, sans forcément retenir grand-chose au bout.


Notons que depuis la reprise de Coq de Combat, la série a de plus en plus vu son rythme de parution ralentir, Akio Tanaka privilégiant sans doute son oeuvre phare. Pas moins de deux ans se sont écoulés entre la parution du tome 4 et celle du volume 5 au Japon. Dans de telles conditions, il ne faut probablement pas s'attendre à des histoires plus élaborées par la suite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs