Stray Souls Vol.1 - Actualité manga
Stray Souls Vol.1 - Manga

Stray Souls Vol.1 : Critiques

Kakuriyo Monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 28 Février 2017

Critique 2


Ryu Fujisaki est de retour avec son nouveau titre! Cela devrait être un petit événement, mais malheureusement force est de constater que cet auteur talentueux ne rencontre pas le succès qu'il mérite en France !
Dès 1996 (déjà), nous avons eu la possibilité de découvrir une excellente série en 23 tomes, à savoir Hoshin qui démontrait déjà l'étendue du talent du monsieur! Plus récemment, en 2010, c'est avec Shi Ki, un titre comptant 11 tomes qu'il revenait faire parler de lui (il n'était que dessinateur sur cette série et n'assurait pas le scénario)...mais aucun de ces deux titres ne fut un grand succès malgré leurs qualités évidentes!
En dépit de ce triste constat, Pika nous offre la possibilité de découvrir un troisième titre de cet auteur boudé par le lectorat français: Stray Souls!
La série se veut courte, elle ne dénombrera pas plus de 8 volumes, ce qui assure une prise de risque minimale pour l'éditeur ainsi que pour les lecteurs, qui ont pourtant tout intérêt à se jeter dans l'aventure et suivre le travail du monsieur!

Le monde des esprits existe bel et bien, et en son sein se rassemblent de nombreuses âmes ayant vécues à bien des époques différentes!
La princesse Ame, une humaine, y tient un rôle essentiel, elle va régulièrement aider les humains en apaisant la colère des esprits belliqueux, les onryos! Dans sa mission elle est aidée par un ami d'enfance, Saruta-Hiko qui lui sert de protecteur notamment en luttant en première ligne contre les onryos!
Depuis quelque temps, le monde humain observe une recrudescence d'onryos ce qui est tout à fait anormal... C'est d'autant plus ennuyeux qu'à chaque fois que Ame utilise ses pouvoirs elle sacrifie une partie de son espérance de vie! Saruta-Hiko est bien décidé à endiguer cette fuite d'esprits afin de sauver son amie... Mais derrière tout ceci se cachent des personnes mal intentionnées qui ne sont pas étrangères à nos deux héros...

A première vue le titre se présente comme un shonen classique s'intéressant aux esprits et autres exorcistes comme on en trouve déjà beaucoup (ce qui ne les empêche pas d'être de qualités: Kekkaishi; Shikabane Hime; Blue Exorcist...). Mais immédiatement on retrouve la patte de son auteur, qu'elle soit visuelle ou narrative!
Et dans ces conditions difficiles de ne pas penser à Hoshin tant les univers semblent proches; les contes et le folklore asiatiques y tenant une place primordiale!

Dans un premier temps, après avoir découvert les personnages et l'univers du titre présentés très rapidement avec une entrée en matière nous plongeant directement dans le vif du sujet, nous assistons à différentes traques d'esprits, les fameux onryos, et là on découvre que l'auteur n'invoque pas n'importe quels esprits, il va utiliser le folklore nippon, contes ou faits historiques, pour introduire des personnages qui ne sortent pas de nulle part, mais bel et bien issus de l'Histoire ou de l'imaginaire asiatique! Ainsi un lecteur européen, peu familiarisé avec ces récits pourrait passer à côté de nombreuses références, mais l'auteur ainsi que l'éditeur, sans oublier le traducteur, prennent le temps de présenter brièvement les personnages qui interviennent!
Ainsi nous plongeons dans un univers où les fantômes de différentes époques, de tous rangs, se croisent et interagissent!

Rien que cela suffirait à contenter les lecteurs, mais Fujisaki décide très rapidement d'orienter son titre vers une intrigue plus complexe et de plus grande envergure en y ajoutant des antagonistes tirant les ficelles derrière toutes ces âmes rappelées... Si pour le moment les surprises ne sont pas vraiment au rendez-vous, que l'identité des ennemis de nos héros (déjà dévoilées) ne sont en rien surprenante, on peut aisément parier que les surprises viendront par la suite!

Dès ce premier tome, nous entrons donc dans une lutte pour la sauvegarde des deux mondes, celui des humains et celui des esprits, présentées comme les deux faces d'une même pièce!
Nous découvrons donc un shonen d'action sur fond de spiritualité, nous permettant d'approfondir nos connaissances sur le folklore local tout en suivant des affrontements efficaces et denses!
Et à ce niveau l'auteur a fait d'énormes progrès: dans Hoshin par exemple, les séquences d'actions n'étaient pas toujours extrêmement lisibles, ici, même si tout n'est pas parfait, c'est déjà nettement mieux!
Et que dire du trait de l'auteur? Il possédait déjà une patte bien à lui dans Hoshin, et tout en l'ayant affiné, tout en nous proposant des personnages plus fins, il a su garder sa patte propre et reconnaissable...et rien que ça, c'est un pur plaisir! On peut encore noter quelques problèmes de proportions concernant les mains et les pieds des personnages, le plus gros défaut de Fujisaki de tout temps, mais la encore la différence est flagrante!

Nous avons donc là un excellent premier volume, une entrée en matière dynamique et prenante dans un univers fascinant et envoûtant! Et surtout quel plaisir de retrouver cet auteur si talentueux!


Critique 1


Ryû Fujisaki est un mangaka quelque peu boudé en France. S’étant d’abord fait connaître chez Glénat avec Hôshin, un shônen d’aventure se plaçant dans la lignée des balbutiements de Dragon Ball dans sa manière d’interpréter un célèbre conte chinois, il fit son retour au sein des éditions Kazé avec Shi Ki, thriller fantastique qui a peut-être fait un peu plus de bruit grâce à son adaptation animée, sans toutefois permettre à son auteur de se forger une véritable notoriété dans l’hexagone. Prise de risque indéniable, Pika tente à son tour de dévoiler ce mangaka de talent par le biais de Stray Souls, Kakuriyo Monogatari en langue originale, un récit achevé en huit tomes qui revient à l’un des grands amours de l’auteur, les mythologies nippones.

Le monde se distingue en deux segments : le monde des hommes, appelé Arawayo d’un côté, et le monde des esprits nommé Kakuriyo de l’autre. Un lieu perdu au nord du Japon est là pour faire le lien entre ces deux mondes, une contrée appelée Kamitsuyomido où se rendent les esprits, et où la princesse des lieux, une humaine, régule les problèmes liés aux esprits des défunts.
Ame est l’actuelle princesse de Kamitsuyomido, soutenue par son ami d’enfance Saruta-hiko. Tous deux accèdent au monde des vivants seulement en cas de nécessité, souvent pour contrecarrer des esprits vengeurs du nom d’onryô et les renvoyer dans le monde des esprits. Mais les apparitions de ces entités sont de plus en plus fréquentes, laissant croire qu’une autre personne qu’Ame est capable de ramener les âmes des morts…

Ce premier tome de Stray Souls renvoie, d’une certaine manière, à Hôshin qui se présentait comme un shônen d’action et d’aventure avec un large fond mythologique. La dernière série en date de Ryû Fujisaki flirte avec ce style puisque propose un univers vaste qui s’appuie sur différentes légendes nippones ainsi que l’histoire du pays du Soleil Levant. C’est principalement cet aspect qui a de quoi décontenancer le lecteur qui n’aurait aucune référence en la matière : les clins d’œil au folklore nippon sont nombreux, ils concernent aussi bien la mythologie que l’Histoire, si bien qu’une lecture attentive s’impose pour savourer toutes les richesses culturelles que peut nous apporter ce premier opus. L’intelligence du mangaka est effectivement d’enrichir son ouvrage de multiples explications de ces références qui deviennent finalement compréhensibles pour le lectorat. Alors, la recette proposée par l’auteur fait des merveilles tant celui-ci parvient à dépeindre un univers fantastique basé sur la confrontation entre le monde des vivants et celui des morts, univers garni de multiples références tout en gardant une cohérence totale. Une fois le cap de la découverte passé, la sauce prend aisément.

Car si tout cet aspect culturel est retentissant, c’est parce que l’intrigue s’installe aisément et s’avère efficace dès les premières pages. Stray Souls conte ainsi l’histoire d’Ame et Saruta-hiko, vivants qui œuvrent pour l’équilibre entre les deux pans de ce monde, et voués à combattre les onryô qui sont de plus en plus présents dans l’Awarayo. Alors que le titre pouvait facilement se reposer sur une succession d’affaires contre des esprits vengeurs, sachant que chaque intervention d’ennemi permet d’introduire de nouvelles références historiques, l’intrigue évolue rapidement pour montrer le visage d’un ennemi, développer ses mystères et faire monter crescendo l’intensité du récit. Alors, ce premier tome n’a rien de linéaire et se montre particulièrement rythmé, suffisamment pour garder le lecteur en haleine tout le long sachant que de multiples pistes narratives sont d’ores et déjà exploitées. La série s’étalant sur huit tomes, on pense légitimement que cette cadence marquera la série tout le long, et c’est tout le bien qu’on espère afin que le divertissement s’avère efficace d’un bout à l’autre.

Mais si Ryû Fujisaki est un mangaka qui marque tant, c’est parce qu’il a un coup de crayon atypique. Son évolution depuis Hôshin est flagrante et on sentait qu’un cap était franchi dans Shi Ki, c’est donc avec grand plaisir que nous retrouvons dans Stray Souls ce trait si anguleux et caractéristique du dessinateur, la finesse et l’élégance de son coup de crayon ou encore sa manière de jouer avec les teintes de noir. Chaque œuvre de l’auteur est une véritable expérience esthétique et pour cette simple raison, ce premier volume vaut largement le coup d’œil.

L’édition que nous propose Pika est d’excellente facture. La traduction de Thibaud Desbief honore l’œuvre, et ce n’est pas peut dire vu que le nombre de références culturelles a sans doute demandé certains efforts de documentation. Le texte est appuyé un papier et une impression qui sont de bonne facture, et une couverture des plus attrayantes qui associent un papier mât à un verni sélectif dominant, conférant du relief à l’ouvrage.

Alors, parmi les titres de la rentrée manga de 2016, Stray Souls se présente comme l’une des plus grandes curiosités à côté de laquelle on aurait tort de passer. Aventure rythmée au scénario qui se développe sans perdre de temps, l’histoire de Saruta-hiko et Ame captive aussi par son folklore traditionnel nippon omniprésent, surprenant lors de l’entrée en matière qui, mais forge un aspect culturel qui se révèle des plus séduisants sur le long terme. Une fois encore, Ryû Fujisaki ne déçoit pas, et on espère que les sept prochains tomes seront de cet acabit. Et outre le fait que Pika nous propose la chance de découvrir ou redécouvrir cet auteur, l’éditeur nous donne l’occasion de lire les deux premiers tomes en simultanée. Avec cette double ration, on aurait tort de se priver.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs