Sing Yesterday For me Vol.11 - Actualité manga

Sing Yesterday For me Vol.11 : Critiques

Yesterday wo Utatte

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Février 2016

Haru est partie loin de Tokyo, chez sa grand-mère où elle peut enfin se libérer l’esprit. Rikuo, quant à lui, commence à être de plus en plus troublé par la disparition de son amie… d’autant plus que sa relation avec Shinako se met à battre de l’aile. Elle n’avance pas vraiment. Pire, elle semble même se dégrader. Et leur relation n’est pas non plus aidée par le départ de Rui pour l’Italie qui rend Shinako d’autant plus maussade. Amamiya, de son côté, semble plus déterminé que jamais à retrouver et à ramener Haru.

Une bonne grosse quinzaine d’années (les premiers chapitres de la série datent de 1997 !), voilà le temps qu’il aura finalement fallu à Kei Toume pour boucler l’une de ses séries phares. Et voilà cette conclusion à présent disponible dans nos contrées. Ne nous faisons pas d’illusion. Vu le peu de succès que rencontre l’auteur par chez nous, il est légitime, et extrêmement regrettable, de penser que ce sera sans doute là l’ultime volume relié signé Kei Toume que nous aurons l’occasion de lire en français. Autant en profiter donc, d’autant plus que Sing Yesterday, de par sa qualité constante et son atmosphère si particulière, a toujours été un gage de qualité à l’issue incertaine. On sait d’avance que l’on sera sans doute triste, nostalgique, et peut-être même un peu cafardeux une fois ce tome refermé. Et pourtant, on sait aussi qu’on sera heureux de l’être.

« Les mots sont inutiles. Si tu es loin… on ne les entend pas. Et si tu restes tout près… il n’y a plus besoin de parler. Il n’y a rien de plus fort que d’être à côté de quelqu’un que l’on aime. »

Ces mots à eux seuls témoignent de l’évolution qu’ont connue les personnages de la série au cœur de l’avancée de l’intrigue. Une intrigue si simple en apparence et pourtant si complexe dans les faits, du point de vue des différents protagonistes du récit. Qu’il est loin le temps où l’on découvrait Rikuo et son amour à sens unique pour Shinako pour la toute première fois. Qu’il est loin le temps où Haru avait débarqué dans sa vie telle une tornade farfelue pour tout y chambouler. C’était il y a des années, et pourtant c’est comme si c’était hier. S’il y a un constat que l’on peut faire à la lecture de ce dernier tome de l’œuvre, c’est bien celui-là. On s’est immiscé dans le quotidien banal et pourtant bien rempli de Rikuo, d’Haru, de Rui, de Shinako, et des autres figures de proue de Sing Yesterday, de sorte qu’ils nous apparaissent aujourd’hui comme des amis de longue date. Des amis avec leurs peines et leurs tracas, leurs petits moments de joie, menant une vie pleine de doutes et de rêves. C’est donc avant tout pour cela que cette conclusion nous marquera au plus profond de nous-mêmes. Notre relation avec ces personnages ne se borne pas à un simple attachement. Elle est bien plus profonde que cela, et c’est pour cela que cette conclusion nous touchera. Ca, et la patte unique de Kei Toume lorsqu’il s’agit de jouer avec nos sentiments.

La mangaka n’a en effet rien perdu de son savoir-faire. D’une part, pour laisser planer une aura douce-amère, grisâtre, mais non dénuée de quelques rayons lumineux, sur son œuvre et, d’autre part, pour proposer une fin de haute volée. Elle l’avait déjà fait pour les Lamentations de l’agneau et les Mystères de Taisho, elle le refait ici. L’issue qu’elle nous propose est à la fois logique, réaliste et forte dans sa simplicité et sa complexité mêlées. Tout cela pour ça ? C’est ce que certains pourraient penser. Pourtant, n’est-ce pas justement comme cela, dans notre monde ? Ici, au-delà de la conclusion elle-même, c’est le cheminement qui nous y a menés qui s’impose à notre esprit. Un cheminement qui a conduit à une réflexion de la part de chaque protagoniste, et celle-ci sera à plusieurs reprises superbement bien mise en avant au travers des pages de cet ultime opus. Car, ne vous y trompez pas, ce onzième volume comporte son lot de scènes fortes. Très fortes même. Il contient beaucoup de subtilité, un peu d’humour, et est vecteur de bon nombre d’émotions. Kei Toume a peut-être conservé un coup de crayon quelque peu inconstant, mais lorsque la situation l’impose, les évènements qu’elle met en scène sont toujours sublimés par sa mise en page et la rigueur dont elle peut faire preuve dans son trait.

Il serait dommage de trop en dire concernant le déroulement en lui-même de cette conclusion, car, mine de rien, elle comporte son lot de suspens. Ce qu’il faut savoir, c’est que la mangaka est restée fidèle à elle-même, continuant la valse incertaine des jeunes gens dont elle dépeint le quotidien avec une justesse rare, nous proposant à la fois quelque chose d’ouvert et d’abouti. Il sera bien difficile de ne pas refermer ce tome avec une pointe de mélancolie, mais, malgré cela, c’est avec une grande satisfaction que l’on constate le soin apporté à la finalisation de l’œuvre. A l’image du choix fait pour le dernier chapitre, sorte d’épilogue, on sent que Kei Toume a réfléchi à tout ce qu’elle a mis sur papier. Comme elle l’explique elle-même dans l’interview que Delcourt a eu l’excellente idée d’inclure en fin d’opus, elle a pris son temps, elle s’est laissée imprégner par les personnages et leur vie tout comme elle nous a permis de le faire.

Depuis l’époque où on l’a rencontré pour la première fois, le quatuor initial de la série s’est largement enrichi. Ses membres sont là, à nos côtés, et c’est le cœur gros que l’on assiste à la fin de l’aube de leur existence. Car toute une vie s’offre encore à eux. Leurs destins entremêlés sont amenés à se recroiser, leurs certitudes à être bousculées. Mais qu’importe. Ils ont mûri, ils ont vécu. Dans leur tête, ils conservent la mélodie d’un passé qui les a forgé. Dans la nôtre, on conservera le souvenir impérissable d’une intrigue amoureuse qui laissera sa marque profondément ancrée en nous.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
18.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs