Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 18 Novembre 2016
A l'origine, il y avait le néant, puis Gaïa. Cette dernière créa Ouranos puis l'épousa, et de cette union sont nés les Titans. Mais Ouranos, craignant d'être détrôné par ses enfants gigantesques, les enferma au Tartare. Mais sous la direction du plus jeune d'entre eux Cronos, les Titans parvinrent à s'échapper et à blesser Ouranos, dont le sang coula sur Terre et donna naissance à nombre de créatures monstrueuses comme les Géants. Après avoir enfermé tout ce petit monde au Tartare, Cronos prit le contrôle du monde avec l'accord de ses aînés sous une condition : ne jamais avoir d'enfants. Mais son épouse Rhéa était plutôt fertile et donna naissance à plusieurs enfants que Cornos dévora les uns après les autres. L'épouse put néanmoins en sauver un : Zeus, qui une fois devenu grand revint affronter Cronos pour libérer ses frères et soeurs coincés dans son ventre. Ainsi arriva la Titanomachie, guerre entre les Dieux emmenés par Zeus et les Titans dirigés par Cronos, qui aboutit sur la victoire des premiers, non sans l'aide des Géants que Zeus libéra du Tartare. Ce fut au tour des Titans d'être enfermés au Tartatre, avec normalement l'impossibilité d'en sortir... "Normalement", car Xanthe les a malencontreusement libérés, ce qui risque de faire un peu bobo.
Ainsi commence le cinquième et déjà dernier volume de Save me Pythie, qui s'offre un dernier danger particulièrement important : Cronos et les Titans, sortis du Tartare suite à une énième boulette amusante de Xanthe ! Et les dieux ayant précédemment perdu leurs pouvoirs toujours à cause de Xanthe, la situation est loin d'être idéale pour eux... mais aussi pour les humains.
Dans l'ultime conflit qui oppose Pythie et Xanthe à Cronos, Elsa Brants ne manque pas de ces nombreuses petites idées humoristiques qui ont fait le charme de sa série depuis le début.
Ainsi se régale-t-on volontiers du caractère de Cronos et de son épouse Rhéa, l'un tenant plus du vieillard sénile et perdant la mémoire qu'autre chose, tandis que l'autre a des allures de maman-poule ultra possessive, mais également un peu trop soupe au lait. De même, leur statut titanesque donne lieu à quelques excellentes trouvailles : le contraste entre leur grandeur et leur look de petit vieux chibi façon Rumiko Takahashi, ou encore leur installation tranquille sur terre, où par exemple la mer a pour eux des allures de piscine, où ils se servent des temples comme des bancs, et où leurs enfants divins dépourvus de pouvoir sont relégués au rang délirant de sales gosses.
Dans ce dernier volume, l'humour doit beaucoup à l'arrivée de Cronos, mais l'autrice ne se limite pas à cela, offrant notamment toujours plusieurs petits clins d'oeil assez variés, dont un faisant même référence à l'émission radio Les Français parlent aux Français diffusée pendant la 2nde Guerre mondiale. Plutôt astucieux, tout comme la façon dont l'artiste se réapproprie à nouveau avec réussite de nouveaux personnages de la mythologie grecque comme Castor & Pollux, Prométhée, ou les Géant pas très malins qui passent leur temps à entasser des montagnes.
Pendant ce temps, une mission claire attend Pythie et Xanthe : pour sauver humains et dieux, ils vont devoir parvenir à être en symbiose... et c'est sur ce point que ce final déçoit un peu, car bien qu'Elsa Brants y propose quelques idées plaisantes dans l'entraînement des deux loustics (par exemple quand ils rencontrent Castor & Pollux), les explications restent succinctes, le résultat très linéaire, et le tout nous amène à une conclusion trop rapide et qui manque cruellement de panache. D'autant que certains rôles comme celui de Cassandre sont très vite passés en revue, et qu'on regrette de ne pas mieux revoir certains chouettes visages comme Héra ou Elécathe.
En résulte alors une impression : celle d'une fin un peu rushée, comme si Elsa Brants avait dû se dépêcher de finir sa série. Pourtant, au vu de ce qu'elle propose encore ici en terme d'inventivité, il est difficile de ne pas se dire que l'artiste avait sans doute encore un petit paquet d'idées en tête ! Sans forcément décevoir vraiment, tout en sachant quand même nous faire esquisser de nombreux sourires, Save me Pythie s'achève alors de façon assez convenue, nous partageant entre l'amertume de voir l'oeuvre se boucler si vite, et le plaisir d'avoir pu découvrir 5 tomes globalement rondement menés tant l'artiste a su bien souvent se réapproprier malicieusement la mythologie grecque.