Rumic World - 1 or W - Actualité manga
Rumic World - 1 or W - Manga

Rumic World - 1 or W : Critiques

1 or W

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 23 Décembre 2016

Editeur historique des recueils d'histoires courtes de Rumiko Takahashi avec Le chien de mon patron, la Tragédie de P et Un bouquet de fleurs rouges, Tonkam (désormais Delcourt/Tonkam) ne semblait plus très intéressé ces dernières années par cette immense mangaka, mère des succès Urusei Yatsura, Maison Ikkoku, Ranma 1/2 ou Inu Yasha. C'est donc avec autant de surprise que de joie que nous avons vu arriver fin 2016 chez l'éditeur un nouveau recueil, et pas des moindres : faisant près de 260 pages, Rumic World - 1 or W regroupe neuf histoires courtes qui furent conçues par la mangaka au fil de ses 17 premières années de carrière. 17 années pendant lesquelles elle a aussi offert au public japonais Urusei Yatsura, Maison Ikkoku et une majeure partie de Ranma 1/2.

Publié au Japon pour la première fois en septembre 1995, le présent recueil nous permet donc d'avoir un large échantillon de ce qu'a pu faire l'artiste côté nouvelles de 1978 à 1994. L'histoire la plus ancienne de ce recueil, nommée en français "C'est la faim du monde", a été publiée au Japon dans le magazine Shônen Sunday de Shôgakukan en août 1978, et a une place particulière dans la carrière de la mangaka puisqu'il s'agit de l'une de ses toutes premières publications, avant même les débuts de son premier grand succès Urusei Yatsura. Il est donc plutôt précieux de pouvoir découvrir cela en langue française !

Concrètement, les neuf récits proposés ici ne vont pas chercher très loin, mais on y déniche déjà tout le talent de la mangaka pour les histoires courtes, où elle parvient toujours à mêler habilement de l'humour burlesque à des phases ayant une certaine tension dramatique (mais celle-ci est souvent cassée par un bon gag), le tout en sachant exploiter efficacement le regard qu'elle peut poser sur la société japonaise, parfois de façon un brin cynique. Au-delà du don de Takahashi pour mêler les tonalités, on trouve aussi dans ce recueil des éléments récurrents dans la carrière de la mangaka, comme les fantômes, les transformations (une spécialité de Ranma 1/2 !), les écarts entre les générations, ou encore les relations conflictuelles entre père et fils (difficile d'oublier celles de Ranma et Genma dans Ranma 1/2, ou de Rinne et Sabato dans Rinne).

Le recueil tire aussi une réelle richesse de deux faits : le fait que les histoires ici présentes aient été conçues sur 17 années, mais aussi le fait qu'elles aient été publiées dans des magazines de type différents (le Shônen Sunday orienté shônen/jeunes garçons, le Big Comic Spirits orienté seinen/jeunes hommes adultes, et le petit Comic orienté josei/jeunes femmes adultes). Le lecteur fan de Rumiko Takahashi aura donc tout le loisir d'appréhender les évolutions graphiques et narratifs de l'artiste au fil des ans, mais aussi selon le public auquel elle s'adresse. Par exemple, sur les deux histoires sorties en 1991, elle a une manière différente d'encrer les cheveux.

Rumic World - 1 or W est une curiosité qui s'adresse avant tout aux fans de Rumiko Takahashi (et aux curieux souhaitant mieux découvrir cette incontournable mangaka), et Delcourt/Tonkam l'a bien compris en ayant fait le choix d'une édition luxueuse à 19,99€... et le résultat est superbe !
Le choix d'une couverture cartonnée rigide avec une jaquette amovible au-dessus en plus ne plaira pas forcément à tout le monde pour la maniabilité de l'objet, mais cela offre indéniablement un cachet luxueux au livre, qui d'emblée fait pleinement honneur au travail de Takahashi, d'autant que la jaquette et ponctuée de dorures du plus bel effet. Le principal point négatif concernant ce choix, c'est plutôt l'inévitable fragilité d'une jaquette amovible sur un livre rigide (si vous pouvez éviter de commande le livre sur des sites de ventes, ne vous privez donc pas), et cela même si la dite jaquette est ici bien épaisse.
A l'intérieur nous attendent une reliure de haute qualité, un signet marque-page, six premières pages en couleur sur papier glacé, une qualité d'impression impeccable sur un papier bien blanc et épais tout en conservant une certaine souplesse, une traduction sans fausse note de Satoko Fujimoto... Pour chipoter, on pourrait regretter l'absence de notes sur certains termes spécifiquement japonais (comme le takarazuka), mais c'est un détail minime. L'éditeur a vraiment bien fait les choses en livrant un objet superbe.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs