Rouge éclipse Vol.1 - Actualité manga
Rouge éclipse Vol.1 - Manga

Rouge éclipse Vol.1 : Critiques

Sora wa kakeru Yodaka

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 31 Mai 2017

Critique 2


Ayumi est une lycéenne tout à fait normale. Pour la toute première fois, elle a un petit ami. Sur un petit nuage, elle se prépare à son premier rendez-vous amoureux. Alors qu’elle s’apprête à rejoindre son petit-ami, une lune écarlate apparait et un tragique événement se produit ! Sous ses yeux, Zenko, une jeune fille obèse et impopulaire se suicide. Ayumi se réveille subitement à l’hôpital dans la peau de Zenko ! Désemparée, Ayumi doit faire face à sa nouvelle vie et chercher un moyen de retrouver son véritable corps.


Les éditions Akata nous offrent ici un shojo très original avec un échange de corps ! C’est un peu précipitamment que nous découvrons l’intrigue. En effet, l’auteur ne prend pas le temps de bien présenter ses personnages préférant procéder rapidement à l’échange de corps. Nous voilà donc plongés au bout de moins d’une dizaine pages, dans le désarroi d’Ayumi affublée d’un corps qui n’est pas le sien. Non seulement Ayumi n’a plus son corps, mais elle doit également vivre comme Zenko dans une famille qu’elle ne connait pas. Un changement de vie brutale, mais dont l’auteur décide de l’évoquer que succinctement privilégiant la quête pour recouvrir son corps et essayer de retrouver les faveurs de son petit ami. Malheureusement, le choix de l’auteur est assez frustrant. En effet, Ayumi ne ressent-elle donc pas de souffrance de ne plus voir sa famille ? De ne plus partager ses repas ? De ne plus pouvoir parler avec ses parents ? Et surtout de devoir vivre avec des inconnus ? Tant de conséquence que peu abordés et qui rend la lecture un peu trop superficielle. Ainsi, l’intrigue se porte essentiellement sur la résolution de ce mystère et la quête de retrouver ce corps. Nous tombons finalement dans un shojo assez basique où l’ancien petit ami ne se montre pas compréhensif, la nouvelle Zenko a du mal à cacher son véritable visage et où un ancien prétendant d’Auymi la reconnaitra, car : « quand on aime une personne, peu importe le physique qu’elle a, c’est son âme qu’on aime ». Tout ceci fait un peu « cliché », mais l’originalité du titre nous titille quand même.


L’auteur joue sur les graphismes pour bien différencier la « belle » Ayumi à la « moche » Zenko. Nous retrouvons également le style de l’univers shojo avec quelques décors girly et des personnages avec des grands yeux. Quant à l’édition, elle est de bonne facture.


Ce petit shojo marque par son originalité. En mélangeant surnaturel, humour et des histoires d’amour, nous avons un premier tome certes intéressant à la lecture, mais qui manque de profondeur dans l’univers des personnages et qui finalement fait assez « cliché » dans la suite de l’intrigue.


Critique 1


Jeune autrice ayant débuté sa carrière en 2012, Shiki Kawabata s'est d'abord fait une petite renommée par le biais d'histoires courtes, avant de pouvoir démarrer en 2014 sa première série : Sora wo kakeru yodaka, oeuvre qui s'est achevée au Japon fin 2015 après trois tomes, non sans acquérir une réputation flatteuse : élue 5ème meilleur shôjo de 2015, vivement recommandée par Io Sakisaka (la mangaka de Blue Spring Ride, Strobe Edge et Love, be loved leave, be left) dont elle fut une assistante... Autant dire que l'on attendait avec intérêt de pouvoir découvrir cette série en français quand les éditions Akata l'ont annoncée sous le titre Rouge éclipse.



Dans la ville d'Akatsuki qui tire son nom d'un étrange phénomène de Lune rouge, Ayumi est une lycéenne tout à fait ordinaire, mais sans doute plus jolie que la moyenne. Son joli minois ne lui est cependant jamais monté à la tête, et elle passe son quotidien de lycéenne de façon classique, entourée de ses amies, et n'ayant d'yeux que pour Shirô, le garçon qu'elle aime. Alors quand celui-ci lui fait sa déclaration, elle est forcément sur un petit nuage ! Mais l'adolescente n'a guère le temps de se réjouir beaucoup : alors qu'elle est sur le point d'avoir son premier rendez-vous amoureux, elle reçoit un appel téléphonique de Zenko Uminé, une fille à laquelle elle n'a jamais vraiment prêté attention. Zenko est sur le point de se suicider. Elle demande à Ayumi de la regarder. Sous la lueur d'une immense Lune écarlate, cette jeune fille au physique ingrat se jette alors du haut du toit de l'école... puis c'est le trou noir, et l'impensable se produit. Quand elle se réveille d'un soudain évanouissement, Ayumi a la surprise de découvrir qu'elle a été envoyée dans le corps de Zenko, tandis que cette dernière se retrouve avec réussite dans le joli physique de notre héroïne...

Nous plongeant dans le vif du sujet dès les premières pages, ce premier tome nous fait vivre au plus près les premiers pas dans ce corps ingrat d'une Ayumi forcément abasourdie par ce qui vient de se passer... d'autant que Zenko, ayant enfin pour elle un beau physique et pouvant sortir avec Shirô qu'elle aime elle aussi, n'a apparemment pas du tout l'intention de lui rendre son corps (et de toute façon, elle ne sait pas comment faire) ! Commence alors pour notre héroïne une nouvelle vie. Celle qui jusqu'à présent menait une existence ordinaire, mais plutôt insouciante, va devoir affronter certaines choses vécues par par une fille éloignée des critères de beauté : pas d'amies, des messes-basses se moquant d'elle... Pour autant, Shiki Kawabata a le mérite de ne pas du tout en faire trop là-dessus, et prend même le soin d'évoquer à travers le regard d'Ayumi certaines choses plus subtiles, comme sa prise de conscience que même si elle n'a jamais été méchante avec Zenko, elle a involontairement (et comme beaucoup d'autres personnes) pu lui montrer un comportement qui peut être aussi dur à vivre que des moqueries : l'indifférence, l'ignorance.

Evidemment, la première grande thématique que cette situation amène concerne le dévastateur culte de l'apparence, où le physique semble devoir primer sur la personnalité et l'identité. Ayumi subit forcément cela de plein fouet : ses amies pourront-elles la reconnaître ? Et Shirô, s'il apprenait la vérité, remettrait-il en question sa relation avec la fausse Ayumi (Zenko dans le corps d'Ayumi) ? Ou alors, s'en ficherait-il, ce qui signifierait qu'il n'aime Ayumi que pour son physique ? Mais en filigranes, c'est aussi Zenko, désormais dans le corps d'Ayumi, que Kawabata parvient peu à peu à approfondir, et cela avec une pertinence admirable. De par son dédain pour Ayumi désormais coincée dans son corps, et son refus catégorique de lui rendre son corps, celle qui était auparavant une adolescente au physique ingrat pourrait sembler détestable. Mais la réalité est bien plus complexe que ça...

"Tu t'imagines sérieusement pouvoir être heureuse avec un physique pareil ?!"

En balançant cette phrase à Ayumi coincée dans son corps, à ce corps qui était le sien il y a encore peu de temps, c'est elle-même que Zenko dénigre. Elle pose sur ce corps qui était le sien un oeil terrible, méprisant, qui traduit surtout chez elle un profond mal-être, celui d'une adolescente qui a toujours été ignorée ou moquée et qui n'a jamais pu trouver la confiance en soi.
Une confiance en soi qui pourrait bien être un moteur de cet aspect de la série. Car Ayumi, loin de se laisser abattre, va afficher une façon d'être intéressante. Déjà, elle est épaulée par un garçon extrêmement bénéfique : Kaga, un ami d'enfance de Shirô, et beau blond qui a toujours aimé secrètement Ayumi. Il l'a toujours observée, si bien qu'il cerne très vite que quelque chose cloche et que la fille qu'il aime est désormais dans le corps de Zenko. Ce qui ne semble rien changer pour lui : c'est la personnalité, le fond d'Ayumi qu'il aime par-dessus tout, et pas uniquement son enveloppe charnelle, ce qui en fera un très précieux allié. Mais ce n'est pas tout, car elle a beau avoir changé de corps, Ayumi reste ce qu'elle a toujours été : une fille au contact assez facile, qui reste amical avec ses amies mêmes si celles-ci ne la reconnaissent forcément pas, et qui n'est certainement pas repliée sur elle-même comme l'était Zenko... si bien que par la force dès choses, elle pourrait gagner la sympathie et l'intérêt de certaines personnes de son entourage. La voici renouant doucement une amitié, recevoir même des compliments en mettant une barrette... On en revient à cette question de la confiance en soi : il suffit parfois de juste oser faire quelques pas en avant, nouer contact, essayer d'avoir confiance, pour sortir de sa solitude.
Et Shirô dans tout ça ? Et bien, lui aussi pourrait s'avérer plus complexe qu'il n'y paraît. Shiki Kawabata, pendant une partie du tome, joue à merveille la carte de l'ambiguïté du personnage : d'abord d'apparence assez taciturne et difficile à cerner, nous laissant ensuite penser à un salaud n'aimant que le physique d'Ayumi sans se soucier de qui est à l'intérieur... mais la vérité pourrait être beaucoup plus subtile en témoignant là aussi d'un certain manque de confiance lié à sa façon de se comparer à Kaga.

On peut donc le dire sans problème : il est vraiment impressionnant de voir comment, en un seul tome, Shiki Kawabata parvient déjà à approfondir ses quatre principaux personnages autour de thématiques essentielles comme l'identité, les apparences et la confiance en soi. La mangaka manie donc brillamment la pointe de surnaturel de son récit pour porter ses thématiques... mais elle n'en oublie pas pour autant son intrigue fantastique. Car évidemment, Ayumi est déterminée à récupérer son corps, ne serait-ce que pour retrouver ses proches qui lui manquent forcément, et pour redevenir entièrement elle-même. Mais rien ne sera simple : en plus de trouver un moyen de convaincre Zenko, il faudra aussi déterminer la technique permettant d'échanger à nouveau les corps, et faire des recherches sur ce mystérieux phénomène visiblement lié à la Lune rouge... De ce côté-là, la dernière partie du tome fait particulièrement bouger les choses, avec une entrée en scène d'un nouveau personnage aussi barjot qu'inquiétant, et des révélations-choc qui relancent de plus belle le suspense et la tension dramatique.

Shiki Kawabata dévoile un trait fin, avec des silhouettes plutôt élancées... hormis pour le petit corps rond de Zenko, qui contraste habilement tout en ayant quelque chose de très attachant de par son expressivité. A travers une narration assez posée et qui s'intéresse beaucoup aux personnages, on ressent toute l'expérience que la jeune mangaka a notamment pu acquérir auprès d'Io Sakisaka quand elle était son assistante.

Akata propose la série dans on petit format standard, celui-ci étant porté par une bonne qualité de papier et d'impression, des choix de police soignée et une excellente traduction de Yuki Kakiichi.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Einah

13 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs