Rappi Rangai Vol.1 - Actualité manga

Rappi Rangai Vol.1 : Critiques

Rappi Rangai

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 16 Janvier 2017

En pleine période Sengoku, le jeune Raizô vit seul au village depuis la mort de sa mère, et doit subir jour après jour le dégoût des autres villageois. La raison : il a une étrange corne sur le front, ce qui à l'époque est un signe démoniaque. Mais sa vie de paria risque de basculer le jour où, en bordure de rivière, il tombe sur une jolie jeune femme inconsciente, qu'il amène chez lui pour la soigner. Une fois réveillée, et une crise de nerfs plus loin, celle qui se nomme Kagari et qui est une kunoichi (une femme-ninja) lui avoue qu'elle cherche une personne précise... un garçon ayant une corne sur le front ! En effet, il s'avère que Raizô, le garçon à la corne en question, est en réalité un fils caché du chef défunt du clan Katana, ainsi que le dernier survivant de ce célèbre clan de puissants guerriers. Kagari et d'autres kunoichi ont juré de se mettre à son service pour faire renaître le clan Katana. Mais en face, un clan adverse, Kabuki, dominé par le seigneur Seigan, est bien décidé à empêcher cela et à éliminer définitivement le clan Katana en tuant Raizô...

Sous-titré à juste titre "Ninja Girls", Rappi Rangai est la deuxième série de la carrière de Hosana Tanaka, une mangaka qui a appris le métier en tant qu'assistante de Takashi Shiina, l'auteur de Zettai karen Children (en cours de parution en France chez Kana). Publiée au Japon de 2005 à 2011 chez Kodansha dans le magazine Shônen Sirius (X-Blade, Altaïr...), cette série, sur son premier volume, part sur un schéma qui n'a rien de bien original : un jeune garçon se voit promis à un grand avenir de Seigneur, voit arriver auprès de lui de jolies kunoichi chargées de le protéger, et suit avec elles un voyage au fil duquel il devra visiblement défaire le clan ennemi. Le schéma de ce tome 1 est donc assez linéaire, en se chargeant de présenter les choses, d'installer les trois premières kunoichi auprès de Raizô, et d'instaurer le grand méchant qu'est l'inquiétant Seigan Kabuki. Introduction classique oui, mais qui doit pourtant beaucoup au soin que Hosana Tanaka lui accorde !

D'abord, il faut souligner la minutie avec laquelle l'autrice cherche à bien installer le contexte de son manga. Nous voici plongés en pleine période Sengoku, s'étalant de 1392-1573 et marquée par les conflits entre les provinces du Japon bien avant l'unification de l'archipel. Les guerres entre clans y sont légion, c'est dans l'une d'elles que Raizô se retrouve impliqué. Pour le protéger, la mangaka réutilise une figure à la fois emblématique et fantasmée de l'Histoire nippone, les kunoichi, auxquelles elle attribue des techniques spéciales dans une certaine tradition de ce genre de récit. Entre la nature assez présente et les quelques bâtiments d'époque, les décors s'avèrent soignés et contribuent facilement à l'immersion, tandis que d'autres petits éléments viennent régulièrement renforcer cette immersion dans un Japon à la fois ancien et traditionnel : croyances autour des oni/démons, instrument de musique traditionnel qu'est le shamisen, cérémonie du thé... il n'en faut pas plus pour se laisser porter.

La principale qualité de ce tome vient toutefois d'un autre point : les personnages et les interactions qui s'installent entre eux. Pour l'instant, Raizô est un jeune héros qui, en dehors de sa corne sur le front, est tout à fait lambda, mais qui va avoir ensuite 8 autres tomes pour évoluer. L'intérêt vient plutôt des trois kunoichi débarquant déjà auprès de lui. Alors, certes, l'apparition des deux premières est assez expéditive (la troisième est un peu plus travaillée), mais ensuite la mangaka parvient sans difficulté à bien les installer et les distinguer.
Kagari, la première d'entre elles, ne va pas manquer d'amuser grâce à son côté un peu immature, à des élans de maladresse, et sait se faire attachante dans son côté spontané et dans l'amour qu'elle affiche déjà pou Raizô. Elle possède une technique de combat unique, le shintaigô, qui permet de renforcer son corps quand la personne qu'elle aime (Raizô, donc) la regarde. Simple élément fan-service ? Pas forcément, car cette technique pose déjà chez le personnage quelques tourments : quand Raizô pose le regard sur elle, elle se sent tout chose, au point de s'emballer facilement et de laisser parler sa technique sans raison, ce qui donne déjà quelques situations très drôles ! Pourtant, il est inconcevable qu'un ninja perde la maîtrise de ses techniques face à l'amour, et ainsi un dilemme se pose déjà pour la jeune femme.
Deuxième kunoichi à débarquer, Kisarabi a un tout autre comportement. Plus mâture, sachant prendre plus de recul quand c'est nécessaire, elle s'installe déjà comme la plus sérieuse du groupe, et donc comme le cerveau et guide.
Quant à Himemaru, troisième kunoichi, "elle" n'a pas fini d'étonner ! Souhaitant éloigner un peu les autres kunoichi pour se marier avec le seigneur Raizô et ensuite se la couler douce dans la vie, ce personnage a des techniques bien à lui pour arriver à ses fins et va amener pas mal d'animation.

Bien que la série se dirige vers un aspect un brin harem (bah oui, un jeune garçon entouré de jolies kunoichi qui le protègent), Tanaka ne tombe pas totalement dans les stéréotypes du genre. Evidemment, les kunoichi sont charmantes, leurs tenues travaillées ont un côté un poil sexy, mais l'artiste n'en fait pas trop non plus, et elle sait aussi offrir à chaque kunoichi un charme qui lui est propre, grâce à des physiques et caractères bien différents, et à quelques petits détails qui font la différence : le bandeau sur l'oeil de Kisarabi, le petit grain de beauté bien placé de Kagari, le corps frêle de Himemaru (alors que...)...
Surtout, quand certaines scènes tendent à partir sur un côté un peu coquin, c'est avant tout pour servir l'humour, et cet humour peut vraiment compter sur les interactions. L'exemple typique : Himemaru qui tente constamment de profiter de la situation pour draguer Raizo, ce qui réveille la jalousie de Kagari, il semble impossible de calmer leurs tensions tandis que Kisarabi s'exaspère ou s'énerve en voyant ses deux compagnes... Ou alors, quand les trois kunoichi veulent soigner Raizô, malade, elles en font tellement trop qu'elles risquent de le blesser encore plus... Mine de rien, c'est très amusant à voir, et à ces interactions la mangaka ajoute encore quelques autres éléments propices à l'humour. On pense par exemple à la façon dont Kagari, pour une ninja, se fait avoir par des pièges ridicules, et surtout au running gag autour de la mère de Raizô, une pierre funéraire qui veille de très près sur son fils !

Introduction parfois rapide et globalement classique donc, mais un rythme qui s'installe, une atmosphère fun portée par des kunoichi bien campées, charmantes sans en faire trop, et beaucoup d'humour. Les ingrédients sont là pour faire de Rappi Rangai un bon divertissement.

Pika a soigné la jaquette de son édition ! Avec ses effets vernis, son titre à la police bien travaillée et dans le ton de l'oeuvre,et la jolie Kagari qui s'affiche, cette jaquette attire facilement l'oeil. A l'intérieur, c'est un peu moins impeccable. Le papier un peu crème n'est ni exceptionnel ni catastrophique, simplement dans la moyenne, tout comme l'impression. Quant à la traduction d'Emmanuel Bonavita, elle fait sans problème son travail en étant entraînante, mais souffre de quelques coquilles qui pourraient piquer les yeux des lecteurs les plus méticuleux.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs