Perfect World Vol.1 - Actualité manga
Perfect World Vol.1 - Manga

Perfect World Vol.1 : Critiques

Perfect World

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 07 Avril 2017

Critique 3


Tsugumi Kawana, âgée de 26 ans, est une jeune décoratrice d’intérieur.  Lors d’une soirée professionnelle, elle tombe nez à nez sur son premier amour, Itsuki Ayukawa. Or, Ayukawa n’est plus exactement le même. En effet, un drame a chamboulé sa vie : un terrible accident. Le jeune homme qui courait dans les couloirs du lycée est maintenant en fauteuil roulant. Mais, Ayukawa est au fond toujours le même et les sentiments qu’éprouvait anciennement Kawana refont surface. Mais arrivera-t-elle à surmonter le handicap ?

« Perfect world » aborde un sujet délicat qu’est le handicap. De mémoire, les shojos abordant ce thème sont rares. On se souvient de « Limited Lovers » de Keiko Yamada où une jeune lycéenne populaire voit sa vie basculer du jour au lendemain. Ici, nous ne sommes pas au moment où Ayukawa perd l’usage de ses jambes. Nous sommes quelques années plus tard, il se bat pour vivre normalement et pour faire le métier qu’il aime. Quand Kawana tombe nez à nez avec Ayukawa, le jeune homme pour qui elle avait eu ses premiers sentiments amoureux, elle en est toute bouleversée.  L’homme dynamique et sportif est maintenant dans un fauteuil roulant suite à un accident. Mais contre toute attente, Ayukawa est un jeune homme combatif et qui met tout en œuvre pour atteindre son rêve qu’est l’architecture. En acceptant de travailler à ses côtés sur un projet commun, Kawana prend conscience qu’il est resté l’homme qu’elle connaissait et les sentiments qu’elle avait pour lui refont surface. Mais, être en fauteuil roulant n’est pas facile tous les jours. Et l’auteur, Rie Aruga, nous montre toutes les difficultés auxquelles sont confrontés ceux ayant ce handicap : accéder aux restaurants ou autres boutiques munis d’escalier, accepter de recevoir de l’aide d’inconnus, le regard des autres qui peut aller du mépris à de la pitié, mais également de nombreux problèmes de santé liés à l’immobilisation de leurs jambes. Kawana découvre l’envers du décor et vouloir sortir avec Ayukawa c’est également être assez forte pour épauler et savoir faire face à toutes ses difficultés. Rie Aruga nous emmène dans le monde difficile de Ayukawa et également de son passé où son ancienne relation n’a pu survivre suite à un te bouleversement. Les blessures physiques et morales l’ont marqué et l’auteur retranscrit bien toute cette souffrance ainsi que le combat qui en découle.

Concernant les graphismes, les traits sont emprunts à l’univers shojo ave des visages expressifs aux grands yeux. Les personnages sont tous bien proportionnés et tout est harmonieux que ce soient dans les décors ou les trames. Quant à l’édition, elle est de bonne facture.

Un premier tome touchant où nous découvrons tous les aspects et les difficultés liés à la vie en fauteuil roulant. L’amour est-il possible avec toutes ces contraintes ? Nous pensons à y croire et l’auteur nous laisse entrevoir une lueur d’espoir même si tout ne sera pas aisé que ce spot pour Kawana ou pour Ayukawa.


Critique 2


Tsugumi Kawana, employée de 26 ans dans une entreprise de décoration d'intérieur, voit sa vie basculer au cours d'une soirée professionnelle où elle recroise la route de son premier amour au lycée, Itsuki Ayukawa. A cette époque, tous deux étaient devenus d'excellents amis, partageant leurs rêves de devenir peintre pour l'une et architecte pour l'autre. Mais à partir du jour où Itsuki se trouva une petite amie, leurs chemins s'éloignèrent quelque peu sans que Tsugumi ne prenne vraiment conscience de ce qu'elle ressentait. Revoir Itsuki fait naître en Tsugumi de doux souvenirs, mais aussi un certain bonheur en voyant qu'il a atteint son désir de travailler dans l'architecture. Si bien que la jeune femme voit naturellement naître en elle le désir de le revoir encore après cette soirée. Mais en fin de soirée, à l'heure de partir, Tsugumi a la surprise de voir Itsuki ne pas se relever et faire appel à un fauteuil roulant, car suite à un accident six ans auparavant, il est devenu handicapé. Au-delà du choc de cette découverte, cela changera-t-il quelque chose au désir de Tsugumi de se rapprocher de lui, voire de l'épauler ? La jeune femme le sent, quelque chose naît en elle...

Rie Aruga est une mangaka à la carrière toute jeune puisqu'elle a débuté en 2011 avec des histoires courtes. Perfect World, démarrée au Japon en 2014, n'est que sa deuxième série, mais est sa toute première oeuvre sortie en volume relié. En effet, ce récit, initialement prévu pour être un one-shot, a rencontré un tel succès auprès des lecteurs nippons qu'il est devenu une série et a poussé l'artiste à pour l'instant mettre en pause sa première série, Oruto no Kumo kara (qui parle d'astronomie). Et nul doute que ce nouveau nom sera à suivre, ne serait-ce que parce que l'artiste choisit d'emblée d'aborder des sujets peu communs !

En ce qui concerne Perfect World, le sujet qui est mis en avant concerne une réalité sociale : le handicap. Un thème plutôt peu courant dans les mangas parus en France, mais que l'on a notamment pu voir dans Real de Takehiko Inoue ou dans le shôjo en 3 tomes Limited Lovers paru il a quelques années aux éditions 12 bis. Mais l'on peut dire sans mal que le titre de Rie Aruga, dès son premier tome, promet d'aborder avec une infinie justesse ce délicat sujet.

Il est bon de noter d'emblée que si le fond de Perfect World laisse d'emblée deviner le début d'une romance entre les deux personnages principaux, cette romance sert avant tout le thème fort du handicap. Au Japon, la série paraît dans le magazine Kiss de Kôdansha, un magazine visant en premier lieu les jeunes femmes adultes, et dont sont issues d'excellents oeuvres comme Nodame Cantabile, Mitsuko Attitude ou Princess Jellyfish. Il en découle un ton plus mâture, réaliste et sans pathos, ainsi qu'un style graphique plus fin, simple et adulte, tout ceci se ressentant également dans le fait que les personnages sont des adultes déjà installés dans la société et le milieu du travail (et ça a son importance dans cette série qui s'intéressera beaucoup à la place des handicapés dans la société). Avec tout ça, il est bon d'affirmer que Perfect World peut facilement toucher autant le public masculin que le public féminin.

Et donc, concrètement cela donne quoi ? Hé bien, la découverte pour Tsugumi d'une problématique sociétale dont elle n'avait pas forcément conscience jusque là. Alors qu'elle sent bien qu'Itsuki l'attire encore ne serait-ce que pour tous es souvenirs chers qu'elle a avec lui de ses années de lycée, la jeune femme se pose d'abord des questions à la fois naturelles et pourtant si évocatrices quant  à la vision que l'on peut avoir sur le coup des handicapés : est-il imaginable de tomber amoureuse d'une personne handicapée ? Serait-elle capable de s'occuper de lui ? Comment doit-elle réagir exactement ? Des questions d'autant plus fortes qu'autour d'elle d'autres réactions ne se font pas attendre, que ce soit via ses collègues ou, plus tard, pendant la réunion des anciens du lycée où les ragots démarrent dès qu'Itsuki a le dos tourné.
Dans le cas des collègues au début de la série, Tsugumi ne sait quoi dire. Par contre, sa réaction devant les ragots de la réunion des anciens du lycée témoigne déjà de toute son évolution. Une évolution se construisant au fil de ses journées passées aux côtés d'Itsuki.

Rie Aruga accorde un grand soin à cette évolution des deux jeunes gens ensemble. En voyant qu'il a malgré tout réalisé son rêve de devenir architecte, qu'il continue de jouer au basket en fauteuil, qu'il se bat tout simplement, Tsugumi ressent naturellement une certaine admiration pour cet homme qui semble rester positif et ne souhaite pas se laisser abattre. Courageux, Itsuki veut montrer qu'il peut mener sa barque seul même si son handicap fait qu'on lui manque parfois de confiance. Mais malgré tout, la réalité peut être tout autre sous les apparences, et c'est ce que Tsugumi va cerner petit à petit. Elle se rend peu à peu compte qu'elle ignore ce qu'il peut vivre, qu'il a dû connaître un paquet de déceptions et de renoncements même s'il s'accroche. Elle ne peut également que constater les nombreuses choses inhérentes au handicap d'Itsuki : problèmes d'ordre physique (escarres, incontinence...), santé qui peut se dégrader soudainement, société encore mal adaptée à l'accueil des handicapés (regard des passants parfois pesant, aménagements insuffisants pour les personnes à mobilité réduite...), inquiétude naturelle des proches (les parents en tête) qui peut aussi être un poids, sentiment que le bonheur peut s'échapper à tout instant... Il en résulte naturellement un travail tout en finesse Itsuki, laissant souvent deviner les sentiments parfois un peu contradictoires qu'il pourrait avoir. A ce titre, certains passages s'avèrent très intelligents. A l'image de celui mettant en scène Haruto, un lycéen récemment devenu handicapé et dont les réactions peuvent laisser deviner ce qu'Itsuki a lui-même pu endurer. Ou de celui mettant en scène Miki Yukimura, petite amie d'Itsuki pendant plusieurs années, dont on pourrait vite se dire tout naturellement qu'elle a choisi de quitter le jeune homme après son accident, alors que la réalité est tout autre.

Dès son premier tome, Perfect World a donc le mérite de croquer deux personnages crédibles et très humains autant dans leur relation que dans leurs réactions et évolutions, pour mieux évoquer de nombreuses facettes autour d'un important sujet de société parfois trop sous-estimé et pas assez mis en avant. L'oeuvre démarre sur d'excellentes promesses, on attend désormais qu'elle approfondisse encore mieux tout ce qu'elle évoque avec tant de justesse.

Akata livre ici son petit format habituel, facile à prendre en main grâce à un papier souple. Rien à redire sur l'impression ni sur la traduction qui s'avère fine et juste.


Critique 1


On ne le dira jamais assez : Akata est un éditeur fort par ses mangas sociaux, des œuvres qui ont la particularité de mettre en lumière certains sujets qui ont trait à notre société contemporaine et développent des thématiques parlantes. Ces derniers temps, c’est des titres sur la différence que l’éditeur cherche à proposer, notamment avec l’excellent Le Mari de mon Frère dernièrement. Mais le thème de la différence n’est pas enrichi que par Akata sur le marché français, on peut par exemple citer A Silent Voice qui revenait sur cette idée avec une certaine puissance mais aussi une poésie rendant le discours de Naho Oishi particulièrement fort. En ce mois d’octobre 2015, Akata explore de nouveau l’idée de la différence avec Perfect World, le premier titre de la mangaka Rie Aruga qui compte actuellement quatre volumes au Japon. Et comme on pouvait s’y attendre de la part de l’éditeur, c’est une œuvre particulièrement riche, par les points de vue qu’elle apporte, qui nous attend au tournant.

Tsugumi Kawana, 26 ans, est décoratrice d’intérieur. Au cours d’une soirée professionnelle, elle croise la route d’Itsuki Ayukawa, un ancien camarade de lycée mais aussi son premier amour ! Est-ce le signe de sentiments retrouvés ? Le caprice du destin est fort, et il est d’autant plus cruel quand Tsugumi voit Itsuki monter à bord d’un fauteuil roulant pour quitter la soirée… Car suite à un accident, le jeune adulte est paralysé de la partie basse de son corps ! Peut-être que les sentiments qui dormaient au fond du cœur de Tsugumi se réveillent mais la demoiselle ne se voit pas entretenir une relation avec une personne handicapée… Pourtant, suivant seulement son cœur, elle va se rapprocher d’Itsuki et découvrir que les difficultés liées au handicap se trouvent aussi bien dans le quotidien de son ami que dans le regard des gens…

Avec Perfect World, Rie Aruga aborde une différence peut-être trop peu traitée dans le manga. Le handicap est pourtant un sujet important et mérite qu’on en parle, sans compter que le thème est suffisamment vaste pour aboutir à une histoire aussi intéressante que poignante. Et c’est précisément ce qu’est ce premier volume qui, sous ses airs de romance ordinaire, décortique minutieusement le sujet, ce grâce au personnage d’Itsuki Ayukawa. Dans la forme, la série peut se révéler classique : une héroïne qui retrouve son amour d’enfance précédent des sentiments qui renaissent chez l’un comme chez l’autre… Mais le sujet du handicap apporte une tout autre dimension, assez grave d’ailleurs. Les interactions entre les deux protagonistes vont alors très souvent mettre en lumière des effets liés à la paralysie du jeune homme et les difficultés auxquelles il est confronté lui mais aussi l’ensemble de son entourage. On sent alors une documentation exigeante de la part de la mangaka qui ne traite pas son sujet à la légère, bien au contraire. Le lecteur découvre ainsi, en même temps que Tsugumi Kawana, le quotidien frappant des personnes de handicap, ce n’est donc que par le biais de l’histoire que le lecteur s’enrichit et questionne son propre point de vue par rapport à la thématique. La force de Perfect World est donc sa capacité à nous renseigner et nous interroger le plus naturellement possible, ce sur des aspects divers et variés du sujet, le tout sans vraiment virer dans le pathos. Oui, certaines larmes coulent, mais ils ne sont que la résultante de personnages complexes évoluant grâce à leurs contacts avec autrui plus qu’une volonté de l’autrice de partir dans un registre dramatique pur. Et pour toutes ces raisons, ce premier tome se présence comme un récit social fort mais aussi brillant de justesse.

Outre la volonté de Rie Aruga de traiter un sujet sensible, la mangaka cherche aussi à créer une histoire d’amour sincèrement humaine. Les personnages qu’elle dépeint ont la force de ne pas être des caricatures sur pattes et de développer tout un registre d’émotions qui les rend attachants. Tsugumi la première ne se cantonne par à un rôle statique puisque ses échanges avec Itsuki sont suffisamment forts pour le faire évoluer rapidement tandis que ce dernier a un impact sur son propre entourage ainsi que sur des rencontres sur se feront au fil des chapitres. Afin de donner de la densité à ses personnages, l’autrice cherche à appuyer ses émotions à travers son dessin. Celui-ci est particulièrement vivant sur certaines pages mais mériterait à gagner encore en précision pour rendre les personnages encore plus humains. Gageons qu’il ne s’agit que du premier tome publié de la mangaka dans sa carrière, aussi sa marge d’évolution est forte. Et quand bien même sa patte graphique serait imparfaite à l’heure actuelle, cela n’enlève en rien les qualités narratives de ce premier opus.

Du côté de l’édition, Akata nous livre ici une excellente copie, ne serait-ce pour sa belle couverture imprimée sur papier mât ou encore l’efficace traduction de Chiharu Chûjo qui rend justice au ton naturel de la série. Gageons qu’un certain travail de documentation a dû être effectué du côté de la traduction pour retranscrire certains thermes et certaines idées liées au sujet du handicap, la copie éditoriale n’en est donc que plus qualitative.

Si la suite de la suite pourra sûrement nous bouleverser si l’autrice apporte plus de richesses graphiques à son œuvre, ce premier tome de Perfect World n’en reste pas moins saisissant et émouvant pas ses personnages humains qui garnissent des réflexions justes et passionnantes par leurs variétés, donnant déjà au lecteur un regard nettement différent sur le sujet du handicap. Peut-être aussi pouvons-nous soulever une romance qui va un peu vite en besogne mais la finalité du présent opus aiguillera très certainement la série vers de nouvelles pistes. En tout cas, Rie Aruga signe un premier opus riche d’intérêt, elle a déjà toute notre confiance pour la suite de l’œuvre.


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Einah

17 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs