Murder incarnation Vol.1 - Actualité manga

Murder incarnation Vol.1 : Critiques

Murder incarnation

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Juin 2015

Elle se nomme Maya Mikuni. Elle a l'apparence d'une adolescente comme les autres, affublée de longues couettes et d'un caractère plutôt jovial. Pourtant, elle n'apparaît que quand des êtres vivants viennent de mourir, et pour proposer à la personne la plus proche du défunt de ressusciter celui ou celle qu'il vient de perdre. Pour cela, il n'y a qu'une condition à accomplir : tuer trois personnes dans les prochaines 24 heures. N'importe lesquelles. Suite à quoi, le défunt réapparaîtra, bien en vie, au lieu même où il a trouvé la mort, et toutes les preuves des trois meurtres seront soigneusement effacées...

Issu du magazine Action de Futabasha, le nouveau thriller fantastique des éditions Komikku se nomme Murder Incarnation, oeuvre en deux tomes nous permettant de découvrir en France Keita Sugahara (scénario) et Shinji Inamitsu (dessin).

Le premier constat frappe dès la couverture, et est d'ordre graphique : l'ensemble des dessins de la série est constitué via modélisation 3D, pour un résultat qui ne plaira sans doute pas à tout le monde : les décors extérieurs sont assez rares et se limitent plutôt à des photos, tandis que les intérieurs se limitent au strict nécessaire. Quant aux personnages, cet aspect 3D leur confère plus d'une fois des dégaines en apparences pauvres et inégales. Il est sûr que dans l'art de la modélisation 3D, on est ici très loin de la maestria d'un Hiroya Oku (l'auteur de Gantz), par exemple.
Et pourtant, une fois la première impression passée, on peut facilement se laisser immerger par ce style qui offre au récit une ambiance adéquate. La simplicité apparente des décors profite tout de même d'une volonté de se rapprocher du réel, ce qui se ressent bien dans le rendu très réaliste de certains objets. De même, le look inégal des personnages n'empêche pas une forte vocation réaliste et la recherche d'une atmosphère résolument moderne, tandis que les nombreux contrastes très nets entre blanc et noir accentuent le côté plutôt malsain et inquiétant du propos.

En somme, on constate qu'une fois qu'on y est habitué, ce rendu graphique très particulier et imparfait sert bien un scénario qui ne manque pas d'intriguer... bien qu'il reste dans les faits plutôt basique. En tout cas, c'est ce qui ressort des deux premières histoires de ce premier volume, où l'on suit tout d'abord une jeune lycéenne prête à tout pour rendre la vie à sa grande soeur qu'elle pense assassinée par des camarades de classe (et ses trois cibles à tuer sont donc toutes trouvées...), puis un jeune professeur qui vient juste de perdre sa femme adorée dans ce qui s'apparente à un accident domestique. Les deux cas ont le mérite d'être assez différents : dans le premier la lycéenne n'a aucun remords à abattre ceux qu'elle pense être les meurtriers de sa soeur, et dans le deuxième on a au contraire un enseignant visiblement rongé par le remords rien qu'en envisageant l'assassinat de trois innocents. Dès lors, on se dit que le récit devrait proposer une plongée profonde dans les tourments de ces personnages... Oseront-ils tuer pour ressusciter la personne en qui ils tiennent ? Pourront-ils continuer de vivre normalement et sans remords s'ils y parviennent ?
Il ne faudra pourtant rien attendre de très, car Murder Incarnation semble plutôt privilégier ne suspense à la psychologie de ses personnages (somme toute très sommaire). Et de ce côté-là, on reste sur un divertissement plutôt honnête, car les auteurs ont le mérite d'aller à l'essentiel, d'éviter les temps morts... et d'offrir dans les deux histoires de ce tome des surprises finales plutôt bienvenues !

Et la figure de Maya dans tout ça ? Hé bien, pour l'heure elle n'est aucunement développée. On ne sait quasiment rien d'elle, simplement qu'elle semble fascinée par la mort et peut compter sur ses deux grandes soeurs (Aya et Saya, qui n'apparaissent que brièvement sans être utiles pour l'instant) pour ressusciter les morts. Elle reste une énigme, qui semble voguer de défunt en défunt sans autre but que de proposer son macabre contrat.

Si vous attendiez de Murder Incarnation un thriller axé sur le psychologique, sur ce seul premier tome vous pouvez passer votre chemin : les tourments intérieurs des protagonistes sont basiques et plutôt minimes, et les nombreuses interrogations pouvant découler de ce concept (entre autres : Peut-on reprendre une vie normale après avoir tué des gens pour sauver ce qu'on a de plus cher ? Que se passe-t-il si on tue des innocents sans atteindre les trois morts nécessaires ? Que penserait l'entourage en voyant revenir ces gens qui étaient censés être morts ? Que peuvent ressentir les proches des personnes tuées par nos héros ? Oublient-ils l'existence des assassinés dont toute trace est effacée par Maya ?...) sont absentes.
Par contre, si vous cherchez un simple divertissement plutôt efficace, la série a plus d'un tour dans son sac, à commencer par sa faculté à aller à l'essentiel, ses petites surprises finales et son style graphique bien adapté une fois qu'on s'y est habitué.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs