Monster Friends Vol.1 - Actualité manga
Monster Friends Vol.1 - Manga

Monster Friends Vol.1 : Critiques

Tomodachi x Monster

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 17 Janvier 2017

Critique 2


Tandis que l'année 2016 marquait en grande pompe le vingtième anniversaire de la saga Pokémon, les éditions Komikku ont semblé vouloir marquer aussi le coup... à leur manière ! L'éditeur-libraire a amené sur les étals français Monster Friends, une courte série en 3 volumes qui nous permet de découvrir en France Yoshihiko Inui, un mangaka ayant déjà quelques titres à son actif. A l'instar de titres bien connus de monstres de poche, nous voici dans un univers où des enfants rencontrent d'étranges créatures nommées buddies avec lesquelles ils vont vivre d'incroyables aventures... Enfin, "incroyables" n'est peut-être pas le mot juste : "sanglant" serait plus approprié...

C'est ce que Wataru Narimiya, jeune élève de CM2, va découvrir à ses dépens. Alors qu'il est à l'école, il entend dans sa tête une drôle de voix lui demandant de devenir son ami, et, après avoir fouillé dans les buissons non loin de là, ne va pas tomber sur un chenapan niveau 2, mais plutôt sur une très curieuse créature, sorte de petit blob avec un tentacule sur la tête et la bouche cousue par des croix. Après une très brève panique face à cette chose inconnue, bizarre, mais en même temps plutôt mimi, il accepte sa demande d'amitié et l'amène chez lui en lui donnant le nom de biff. Il se rend vite compte qu'il est le seul à pouvoir voir ce petit monstre... ou "presque", car il existe d'autres enfants possesseurs de créatures de ce type que l'on nomme "buddy"... et ils ne sont pas forcément amicaux ! Grâce notamment à une camarade de classe du nom d'Airi, il comprend vite les premières bases de ce qu'implique la possession d'un buddy, à savoir des combats à morts entre ces créatures, combats dont les coups se répercutent directement sur les possesseurs...

Toute la première partie de ce tome 1 a le mérite de poser vite et bien le ton ! Car ce qui est au programme de Monster Friends, c'est visiblement, avant tout, un jeu de massacre particulièrement gore, et de ce côté-là Yoshihiko Inui offre quelques planches vraiment peu ragoûtantes. En effet, les moments sanglants ne sont pas forcément présents hyper souvent, mais quand ils font éruption c'est une boucherie : découpage avec giclées de tripes et de cerveau, foudroiement avec yeux expulsés de leurs orbites... ça ne fait pas dans la dentelle, et le mangaka semble apprécié d'offrir un peu de surenchère lors de ces scènes.
Très vite, il résulte forcément de ces combats à mort des questions. D'où viennent ces buddies ? Comment fonctionnent ces combats où les coups subis par les monstres se répercutent sur leurs jeunes propriétaires ? Pourquoi seuls des enfants possèdent des buddies ? Qu'est-ce qui pousse ces gosses à s'entre-tuer violemment et gratuitement ? Pour l'instant, très peu d'éléments de réponse arrivent, et à vrai dire on se demande si l'auteur cherchera à répondre à tout vu que pour l'instant sa série semble surtout vouloir partir dans un simple enchaînement de combats entre enfants tarés (ce qui pourrait paraître dommage aux yeux de certains lecteurs). Mais il y a au moins un concept se détachant : celui de symbiose entre le buddy et son maître. Une symbiose non seulement physique, ce qui se traduit par la répercussion des coups, mais aussi psychologique. Visiblement, c'est ce dernier point qui pousserait les enfants à devenir plus ou moins rapidement des monstres sanguinaires faisant peu de cas de la mort de leurs semblables voir tuant pour le plaisir... On retiendra aussi, en fin de tome, les capacités d'évolution des buddies en fonction de l'état d'esprit de leur maître, ce qui pourrait vite amener plus de variété.

Evidemment, dans cet univers brutal, Wataru est pour l'instant une figure classique de héros ne voulant pas tomber dans ces excès. Bien sûr, il veut rejeter cette brutalité et rester gentil... mais le pourra-t-il, si la symbiose avec le buddy a vraiment un impact sur la soif de combat et de mort des enfants ? Et bien sûr, il a un buddy sortant de l'ordinaire par rapport aux autres dans sa façon de combattre.

Enfants en possessions de petits monstres mystérieux et étranges, combats, évolutions... N'importe quel joueur de pokémon aura donc bien cerné la volonté d'Inui d'offrir un hommage à sa manière à la saga de Game Freak, tout simplement en transposant le concept dans un univers plus réaliste. Que se passerait-il si les mignons combats de pokémon avaient lieu dans notre monde ? La réponse proposée ici est brutale, voir fait froid dans le dos, mais a aussi quelque chose d'assez fun, car le mangaka se fait un plaisir de malmener la figure enfantine généralement vectrice d'innocence, en en faisant ici des psychopathes en puissance ou de la chair à pâté.

Visuellement, la copie proposée par l'artiste est soignée. Le trait assez épais sert bien les choses, les décors sont souvent suffisamment fournis pour que les cases ne paraissent jamais vides, les enfants ont des dégaines bien variées... Evidemment, la principale attente vient des buddies, et en dehors de Biff qui ressemble surtout à un blob à tentacule, Inui préfère visiblement puiser ses inspirations dans des hommages assez directs à Pokémon (le monstre électrique a des allures de Pikachu en moins mimi), dans des objets de la vie quotidienne (un monstre a une forme de parapluie, par exemple), ou dans certains jouets enfantins comme le bilboquet ou le pantin (évidemment, voir de tels objets devenir sources de mort a quelque chose de plutôt fun).

Là où le bât blesse un peu, c'est plutôt dans la fluidité du découpage des cases de certains combats, dans certaines irrégularités de proportion (Biff semble parfois changer de taille quand il est à côté de Wataru), et dans les noms très peu imaginatifs des monstres : Electro pour un monstre électrique, Rain pour un monstre-parapluie, Cutter pour un monstre coupant... on ne peut pas dire que ce soit foufou côté originalité, et c'est plutôt dommage, car il y avait sûrement moyen de faire quelques jeux de mots qui auraient pu accentuer le fun.

Au bout de ce premier tome qui se lit d'une traite si l'on aime cette sorte de Pokémon version réaliste, gore et un peu malsaine, ce premier volume parvient à piquer la curiosité et à divertir.
Komikku livre une édition soignée, avec un papier souple et épais, une bonne impression et une traduction efficace signée Jean-Benoît Silvestre.


Critique 1


Les séries contant des histoires de monstres à collectionner et à combattre se succèdent depuis le phénomène Pokémon, en 1996. Le nombre de franchises qui ont tenté de surfer sur ce concept est nombreux, mais finalement peu ont percé. Toutes s’adressent à un public majoritairement enfantin… toutes ou presque. Comme si Komikku souhaitait célébrer les 20 ans des monstres de poche inventés par Satoshi Tajiri, l’éditeur nous propose avec Monster Friends une trilogie de Yoshihiko Inui qui nous raconte une énième histoire de monstres de combats, mais sur un ton trash et bien plus malsain…

Wataru Narimiya est un enfant qui n’a pas beaucoup d’amis, mais sa vie prend une tournure bien étrange lorsqu’il entend une voix l’appelant à l’aide. A l’origine de cet appel se trouve Biff, un « buddy » que nul ne peut voir à part son propriétaire et les possesseurs d’autres buddy, une créature étrange qui devient le compagnon de tous les jours de Wataru. Seulement, ce rêve d’enfant devient un cauchemar quand il découvre que les autres possesseurs de buddy sont loin d’être attentionnés et se livrent à des carnages macabres…

Yoshihiko Inui a, à son actif, quelques mangas, mais c’est la première fois que nous pouvons le lire en France. Avec Monster Friends, l’auteur rend un hommage très personnel à Pokémon et effectivement, les clins d’œil ne manquent pas. Dans la formule, les concepts et même certains designs, le dessinateur joue avec l’aura de la franchise de Game Freak pour en faire un manga gore et malsain, à ne surtout pas mettre entre toutes les mains.
L’intrigue de Monster Friends est simple sur le papier : des gamins dresseurs de petits monstres, des créatures globalement mignonnes et rigolotes, et des affrontements qui débouchent sur des tripes et bains de sang. Volontairement, la série conte une aventure de petits monstres sous un regard violent et plus crédible sans chercher à s’embarrasser d’un scénario extraordinaire. Certains mystères sont plantés ci et là et attirent l’intérêt du lecteur, c’est un fait, mais ce n’est pas tant sur son intrigue que la série de Yoshihiko Inui passionne.

Pour tout passionné des monstres de poche et pas forcément Pokémon, la série se présente comme un coup audacieux de la part du mangaka qui propose une approche plus glaçante, à tel point qu’on frissonnerait presque derrière de reprendre notre console en mains pour rejouer à nos jeux d’enfants tant adorés. D’abord bon enfant, le ton jovial de Monster Friends s’efface progressivement au profit d’une ambiance macabre en toutes circonstances. La série choisit alors d’être rationnelle dans les combats qu’elle propose puisque les affrontements entre buddy, violents et ravageurs au point de tuer et de charcuter les différents opposants. Toute l’angoisse de la série réside sur ce point : les gentils combats connus à la télévision ou dans les jeux, transposés avec plus de crédibilités, seraient simplement terrifiants. Et c’est dans cette optique qu’évoluent les personnages de la série, des enfants possesseurs de buddy qui, comme un dresseur de Pokémon, s’adonnent à leur passion, revêtent une âme souvent cruelle et tuent sans regret leurs opposants. Derrière ces idées se trouvent toutefois quelques codes classiques du shônen comme le héros à la créature hors du commun et une volonté de ne pas se laisser faire, mais pour le reste, la série surprend par son audace : les victimes du massacre n’étant finalement que des enfants.

On peut toutefois se demander si un scénario plus solide viendra justifier certains points comme le mystère des buddy ou la psychologie des gamins-psychopathe. Dans tous les cas, la recette est suffisamment originale et malsaine pour qu’on se penche sur le manga qui a pour mérite d’être très court.

Le dessin de Yoshihiko Inui sert parfaitement son propos. Les personnages sont vus sous un angle très shônen, de même pour les créatures qui pourraient presque sans mal apparaître dans une nouvelle génération de Pokémon. La force du mangaka vient de la violence de son trait puisque certaines scènes de massacre mettent mal à l’aide tant elles fourmillent de détails, entre le sang qui coule à flots et les organes des victimes qui ressortent à la façon du manga Battle Royale. Plus globalement, la patte graphique de l’auteur est appréciable, ce dernier rendant des pages et des cases bien garnies, proposant certains choix de mise en scène bienvenus et glaçants.

Pour cette courte série, Komikku a fait un travail de qualité. Le papier fait bonne figure par son épaisseur et permet une impression vive. La traduction de Jean-Benoît Silvestre est, elle, sans fausse note.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs