Princesse vagabonde Vol.1 : Critiques

Après la poésie de Little Yu chez Urban China, Xia Dia revient en France avec Princesse Vagabonde, toujours chez le même éditeur, qui nous relate l'épopée vengeresse de la princesse Yongning, privée de sa famille, de son rang et de son pays.

« Mère... Entre être vivante, mais laissée pour morte et être vraiment morte... qu'est-ce qui est le plus enviable ? »

Nous voici plongés dans la Chine moyenâgeuse, à suivre cette princesse, en fuite dès les premières pages. Le général chargé de la tuer abandonnera la poursuite et, avec l'aide du ministre Fang, ils proclameront officiellement la mort de la princesse Yongning, pour la protéger de son oncle.

« Si je survis à tout cela... je ne serais pas comme ma mère. Une femme bien comme il faut. »

La princesse ne cherche pas dans un premier temps à quitter la capitale, elle retourne au contraire au palais, pour se rendre sur la dépouille de sa mère et jure d'obtenir vengeance. Plusieurs circonstances l'obligeront malgré tout à quitter la ville, accompagnée d'un jeune garçon, Dou, qui s'autoproclamera disciple de la princesse, et qui cherche lui aussi à tuer Li Shimin. Ils se dirigeront vers la province de Shuo où la princesse, après avoir pris le nom de Li Changge et s'être déguisée en homme, gagnera la confiance du gouverneur de la province, dans l'optique de rassembler une armée qu'elle pourra plus tard retourner contre son oncle. Elle devra affronter de nombreux ennemis pour arriver à ses fins, et ceux-ci ne se trouveront pas uniquement à l'intérieur de son pays, comme nous l'annonce la fin du volume.

Le ton est ainsi donné. Le destin qui semble promis à cette princesse semble loin d'être paisible. Mais celle-ci est forte, courageuse, et montrera des capacités multiples et étonnantes. Elle semble prête à affronter tous les obstacles qui se mettront sur sa route, mais est-elle vraiment prête à tout ? Parmi tous ses jeux de pouvoir et cette ambiance pesante, Xia Dia nous offre une petite respiration, une petite touche d'humour : le jeune élève, Dou. Il impose sa présence à la princesse, lui voue une admiration et une dévotion sans faille. Reste à savoir ce qu'il dissimule de son passé qui le pousse, lui aussi, à vouloir assassiner le nouvel empereur. Li Shimin est d'ailleurs le grand absent de ce volume, on ne le voit que de dos au détour de quelques cases dans les premiers chapitres, Xia Dia préférant se focaliser pour le moment, sur un de ses ministres, Du Ruhui, un personnage qui s'annonce déjà comme très intéressant et un adversaire de choix pour notre chère princesse.

C'est un scénario assez simple dans le genre, mais clair, très fluide et bien ficelé que nous présente Xia Dia, sachant tantôt nous surprendre, tantôt nous attendrir, tantôt nous exalter. Nous découvrons, au travers des pérégrinations de la princesse, la Chine ancestrale avec émerveillement, par les décors, très nombreux pour notre plus grand bonheur, et les tenues détaillées que le dessin de l'auteure, clair et précis nous offre. Il y a un beau travail également au niveau des chara design des personnages, tout particulièrement au niveau des visages. La différenciation entre chaque personnage est évidente, malgré leurs nombres très importants dès le début de l'histoire. L'encrage est fin et assez doux, mais il gagne en nervosité  et dynamisme durant les scènes de batailles. Le rendu global est très immersif et sert à la perfection le scénario.

L'édition est bonne, on appréciera le format des manhuas chez Urban China, très agréable à la lecture et les premières pages en couleur, notamment la première double page, dans les tons rouges, qui est sublime.

Princesse Vagabonde démarre sur les chapeaux de roue, et ce n'est pas pour nous déplaire ! A peine le tome refermé, on en redemande, n'espérant qu'une chose : la suite, et qu'elle soit encore mieux !