Kekkô Kamen Vol.1 - Actualité manga
Kekkô Kamen Vol.1 - Manga

Kekkô Kamen Vol.1 : Critiques

Kekkô Kamen

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 03 Juillet 2017

La collection Gô Nagai des éditions Black Box se poursuit avec, cette fois-ci, l'arrivée d'un autre incontournable des oeuvres un peu "érotiques" du célèbre mangaka. Un peu moins connu que sa "cousine" Cutie Honey chez nous, Kekkô Kamen est née en 1976 dans le Shônen Jump, le magazine récidivant alors dans ce style assez novateur pour l'époque peu de temps après L'école impudique. L'oeuvre prit fin en 1978 après 5 volumes, et a évidemment connu quelques rééditions, ainsi qu'une séquelle du nom de Kekkô Kamen P en 2004, et de nombreuses adaptations en film live (le plus récent datant de 2012, preuve que la saga a toujours une certaine popularité).


En France, l'éditeur nous propose de découvrir les aventures de cette héroïne sexy sous la forme de trois gros pavés d'environ 300 pages chacun. Malgré l'épaisseur, les volumes restent souples et faciles à prendre en main bien qu'ils soient un petit peu lourds, et l'on doit cela à un choix de papier convaincant. L'impression chez Pulsio est bonne, le lettrage est soigné, la traduction de Jérôme Penet est efficace malgré quelques coquilles d'inattention, et le dos des jaquettes forme une jolie petite frise. Bref, on est dans du Black Box désormais habituel, à me^me de bien nous faire profiter du récit.


Ce récit, il se déroule au sein d'un étonnant institut : Sparte, un lieu situé en pleine montagne dans la préfecture de Nagano, et dont les jeunes élèves n'ont pas le droit de sortir pendant toute leur scolarité. Visant l'excellence totale en formant les meilleurs élèves possibles afin de leur faire intégrer les meilleurs lycées ensuite, cet institut est sévère, très sévère, et même particulièrement intransigeant : la moindre note en dessous de 90%, la moindre absence, la moindre tricherie, mensonge ou toute autre petite faute donne droit à la spécialité de la maison : les châtiments corporels. L'institut a même son lieu réservé cela, la "salle des supplices", et se permet quelques variations, comme le châtiment complet, ou le châtiment public en cas de tricherie. Charmant. Evidemment, bon nombre d'adolescents ne peuvent plus supporter cette discipline de fer... mais heureusement, ils peuvent compter sur Kekkô Kamen ! Apparue depuis peu, cette justicière vient en aide aux martyrs qui connaissent des châtiments exagérés, et a pour particularité de masquer son visage, mais de dévoiler le reste de son corps dans toute sa nudité... Qui est-elle ? Personne ne le sait ! Et La griffe du pied de Satan, directeur de l'institut, est bien décidée à employer tous les moyens pour la démasquer et l'arrêter.


Avec Kekkô Kamen, on retrouve le goût de Gô Nagai pour mêler son humour grivois à des éléments concrètement plus durs et critiques, voire sombres. Si l'auteur se réapproprie le thème alors bien en vogue du justicier masqué (par exemple, le culte Kamen Rider existait depuis quelques années), c'est pour mieux le détourner à sa sauce en offrant une héroïne... charmante, c'est peu de le dire, puisque son unique vêtement est son masque. Le prétexte est parfait pour que le mangaka propose son humour gentiment coquin et un peu parodique : à chaque fois qu'elle apparaît, c'est la même chose pour la justicière qui entonne d'abord sa chansonnette, puis entre toujours en scène de façon sensuelle, sexy ou spectaculaire/décalée (en sortant du plafond ou du bureau par exemple). Face à son corps de rêve dévoilé, les ennemis (tous masculins, bien sûr !) ne peuvent que contempler sa magnificence tandis que la belle leur assène sa punition, que ce soit en utilisant son nunchaku de la justice ou son corps, ce dernier étant sa meilleure arme ! Qu'il s'agisse du directeur, du nouveau responsable des châtiments, de détectives, de combattants ou d'autres élèves, tous ces hommes mauvais ont deux points communs : premièrement ils font souvent office de clins d'oeil à d'autres oeuvres de l'époque (ce qui ajoute un petit comique de répétition bienvenu), deuxièmement aucun d'entre eux ne semble capable de démasquer Kekkô Kamen, car à chaque fois qu'ils trouvent une suspecte à torturer, la justicière débarque. Pourtant, tous s'en donnent à coeur joie pour tenter d'attirer Kekkô Kamen, et de ce côté-là on alterne entre l'humour via des plans débiles, et quelque chose de plus sérieux via le système de torture...


Et c'est bien de ce dernier point que provient la part plus sombre de l'oeuvre, car il a beau offrir humour et érotisme, Nagai reste également plutôt fidèle à une certaine vision pessimiste de la nature humaine qui parsème sa bibliographie. Il y a bien sûr une critique d'un système éducatif beaucoup trop sévère, que le mangaka extrapole volontiers avec les châtiments corporels. Mais il y a aussi, à travers ce système porté par une discipline de fer, des dérives évidentes où les plus forts, ceux qui font la loi, c'est-à-dire une majorité des adultes de l'institut, s'enfoncent toujours plus dans leur système de châtiment avec un plaisir non dissimulé (ça leur donne autant de raisons de déshabiller les jeunes filles, dont la jolie Mayumi Takahashi, victime toute désignée que Kekkô Kamen passe son temps à sauver). A force de prendre pour prétexte la chasse de Kekkô Kamen, leur comportement confine à la folie sadique... Bien sûr, il y a quelques exceptions comme la prof de sport Keiko Natsuwata, et elles sont toujours féminines : Kekkô Kamen a beau se promener nue et dégager un érotisme, le vrai vice est bien du côté masculin.


C'est ainsi que la lecture passe toute seule, en séduisant par son concept assez fou pour l'époque. Le seul problème est que, sur ce premier tome, le schéma est globalement toujours le même, ce qui pourrait devenir lassant si ça continue. Mais dans l'ensemble, Kekkô Kamen ne déçoit pas sur ce premier tome.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs